[Chronique] La ferme des Miller - Anna Quindlen

[Chronique] La ferme des Miller - Anna Quindlen

Histoire d'amour, drames, secrets inavouables : à travers le destin d'une famille de Pennsylvanie, Anna Quindlen donne à lire tout un pan de l'histoire américaine de la seconde moitié du XXe siècle.

Petite fille précoce et curieuse, Mimi mène une enfance protégée dans la ferme familiale. Il y a là Bud, son père cultivateur et répare-tout ; Miriam, sa mère infirmière ; ses deux frères, le taiseux Eddie et le caïd séducteur Tommy ; ainsi que Ruth, sa tante, qui, pour une raison étrange, ne s'éloigne jamais de la maison. Un monde rassurant, fait d'éclats de rire et de joie, que Mimi pense immuable. Mais nous sommes en 1966 et ces jours heureux sont comptés...
La guerre du Vietnam qui laisse Tommy à jamais meurtri, la maladie qui frappe Bud, les drames passés de la tante Ruth... et cet impensable projet du gouvernement de transformer leur vallée en barrage. Ce monde que Mimi aime tant disparaîtrait englouti sous les eaux ? Qui désormais pour sauver la ferme et ses habitants ?
Alors qu'elle envisageait de quitter le village pour suivre des études de médecine et retrouver son amour d'enfance, Mimi va devoir faire un terrible choix.

[Chronique] La ferme des Miller - Anna Quindlen

Voici un roman qui m'a fait verser quelques larmes, car il n'est pas ce qu'on pourrait qualifier de joyeux. Au contraire. Le lecteur est aussitôt plongé dans la vie de Mary Margaret, surnommée Mimi ou Meems par son grand frère tant aimé, une jeune fille qui deviendra femme au long de ce roman.

Notre héroïne (car pour moi c'en est une) et sa famille vont traverser une sale période : ils risquent de perdre leur ferme à cause de la recrudescence des inondations dans la vallée où ils vivent avec d'autres habitants. Mais finalement, cette possible perte ne sera pas la plus difficile des épreuves qu'ils auront à surmonter.

Entre un frère peu présent et un frère qui part à la dérive malgré tout l'amour que lui porte sa famille, Mimi devra prouver ses valeurs et ne pas décevoir ses parents. Mimi devra se battre envers et contre tout pour atteindre son projet de devenir médecin : s'occuper de Ruth, sa tante qui ne sort jamais de chez elle et que sa mère ne supporte plus pour une raison mystérieuse, étudier, travailler pour subvenir aux besoins de sa famille et mettre de côté pour l'université, garder son neveu dont le père ne s'occupe pas vraiment, gérer la maladie de son père et encore bien d'autres problèmes qui surviendront au fil des années.

Cette histoire d'une vie est terrible, car elle raconte le destin d'une femme qui réussira sa vie, mais connaîtra toute sa vie durant des échecs, des drames et des épreuves, ça fait presque mal de voir cette fatalité se dérouler sous nos yeux. On prend conscience que la vie est ainsi faite, on ne peut pas éviter les drames, les maladies, les décès, les mensonges, les trahisons. La souffrance fait partie intégrante de la vie, il suffit de composer avec et d'essayer d'avancer malgré tout.

Heureusement, la réussite est au bout du chemin, "mais finalement à quel prix ?" me suis-je demandé en terminant ce roman.

Un roman dramatique, voire fataliste

J'aurais peut-être aimé que ce soit roman soit un petit peu moins dramatique, car j'en suis ressortie toute déprimée, il n'est pas assez porteur d'espoir pour moi. Mais il a le mérite d'être terriblement réaliste, et c'est peut-être justement pour ça qu'il m'a autant chamboulé. C'est un roman qui vous oblige à voir la vie comme elle est, et comme elle sera. Une éternelle boucle sans fin. Des gens naissent, vivent plus ou moins heureux et meurent. C'est ainsi.

De nombreux thèmes sont ici abordés. La guerre et ses conséquences par exemple, Tommy le frère préféré de Mimi, en revient totalement changé, et s'enfonce dans un gouffre sans fond. Plus rien ne sera plus jamais pareil avec lui. Au désarroi de toute la famille qui l'aimait tant. Sa mère et elle en souffriront jusqu'à leur mort.

La maladie est aussi récurrente dans ce roman : d'abord celle de Ruth, qui est plutôt psychologique et celle de Bud, qui changera à jamais la vie des membres de cette famille. Au travers de son histoire, l'auteure montre que souvent l'entourage subit avec le malade faisant ce qu'il peut pour l'aider et être présent et que ce n'est pas toujours facile.

Autre thème intéressant, le féminisme, abordé tout en finesse, malgré les obstacles masculins entre autres, Mimi se bat et ne lâche jamais de vue son objectif : la médecine.

En ce qui concerne la plume de l'auteure, elle est assez simple et accessible, le roman qui compte quand même plus de 300 pages se lit très vite grâce à ce style sans fioriture.

Un bon roman, quoique légèrement triste, mais qui a le mérite d'être réaliste et touchant.

[Chronique] La ferme des Miller - Anna Quindlen

Merci à Claire des éditions Belfond pour l'envoi de ce service-presse.

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