L'été, le temps de lire, du lourd et du léger, du français et de l'étranger, des romans, des récits, des essais et des BD. L'été, le temps de relire aussi.
Ours blancs sur la banquise.
Tout le monde a en mémoire cette photo de l'an dernier montrant une famille d'ours blancs sur un bout de banquise qui dérive. Y a-t-il meilleure illustration pour le réchauffement climatique?
Un paysan chinois contraint de migrer en ville.
(c) Light Motiv.
Le livre est issu d'une exposition photographique collective menée à l'occasion de la COP21: des photographes étrangers et français renommés pour leurs œuvres liées à la transformation du paysage naturel ou urbain et la participation du public invité à y réagir par ses propres photos. L'expo, augmentée de 400 photographies du public, a été présentée à Lille, Nantes et Dunkerque. Une fameuse matière qui a servi pour construire aujourd'hui ces pages éditées.
Chaque artiste bénéficie de quatre doubles pages: une photo sélectionnée, une courte explication et sa biographie, la photo sélectionnée agrandie et trois autres, une belle série de vignettes, un dernier choix de trois ou quatre en face duquel se tient un haïku en accord avec la thématique du photographe.
(c) Light Motiv.
Voici le début de "Aux enfants"
"Chers amis de sept à dix-sept ans, chers amis,Ce discours s'adresse aux enfants et aux adolescents, à eux d'abord, et même à eux seulement. Après tout, la plupart des gens qui prennent les décisions aujourd'hui seront morts ou dans un sale état quand les conséquences du changement climatique se feront sentir. Je veux dire:quand ça va chauffer pour de bon. Les vieux ont fait de bonnes choses, l'imprimerie, les droits de l'homme, le vélo, les vaccins, le cinéma, la contraception, l'Internet, bravo, très bien. Mais compte tenu de l'état dans lequel ils vont laisser la planète en partant, ils devraient évaluer courageusement ce qu'ils ont fait, pas fait, et ce qu'ils ont laissé faire. Ils devraient faire preuve d'un peu de modestie. Parce que franchement, il n'y a pas de quoi se vanter. Personnellement, je ne serais pas choquée qu'on accorde demain le droit de vote à des enfants de sept ans. Ce sont eux qui vont boire la tasse."
Marie Desplechin poursuit sa lettre en rappelant les goûts d'un enfant de sept ans, "simples et peu coûteux". Elle les compare à ceux des adultes, compliqués et chers. Et elle exhorte ses lecteurs:
"Vous allez grandir. Mais n'oubliez jamais la personne que vous avez été à sept ans."Ensuite, elle explique l'état de la planète, les choses déplaisantes et la réversibilité de l'état actuel de la terre. Un texte à partager tant il est explicatif, imagé et limpide. Et qu'il pose noir sur blanc les bonnes questions.
"Pour une poignée de degrés" se termine par un texte fort de Thierry Salomon, vice-président de l'association négaWatt. Il reprend la thématique de l'évolution du climat en évoquant le budget carbone, les états de réaction de l'humanité, entre incroyants, aquoibonistes, autruches et foutus-pour-foutus, les actions possibles. Un appel vibrant où il reprend la phrase de Bergson, "Nous avons du mal à croire ce que nous savons" et qu'il termine de ces mots: "Puissent ces photographies nous aider à croire en la venue de la catastrophe afin de nous convaincre d'éviter qu'elle ne survienne."
Pour feuilleter "Pour une poignée de degrés", c'est ici.
Marie Desplechin était l'invitée de Giulia Foïs ce mercredi matin sur France Inter ("Dans quel monde on vit", à réécouter ici).
Rappel
DTPE 1: "La fissure", Carlos Spottorno et Guillermo Abril (Gallimard bande dessinée).