Disponible sur Harlequin Auteur : Alfreda Enwy Éditions Harlequin HQN Paru le : 05 Avril 2017 360 pages numérique (epub) Thème : Romance Contemporaine ******* Résumé : « Elle a renoncé à l’amour ; il refuse de renoncer à elleProfesseur d’art à l’université, Conrad enchaîne les aventures sans lendemain. À 32 ans, il est en pleine remise en question : il aimerait trouver sa muse, celle qui rallumera chez lui la flamme créatrice, celle auprès de laquelle il se réveillera chaque matin. Quand il rencontre Samantha, il tombe instantanément sous son charme. Cette femme le subjugue, le fascine, et il devine qu’il lui plaît ; pourquoi s’obstine-t-elle alors à le repousser ? Depuis ce diagnostic qui a bouleversé sa vie, Samantha n’est plus la même. Si sa maladie l’a forcée à reprendre sa vie en main et à revoir ses priorités, ses cicatrices lui rappellent sans cesse la trahison de son propre corps ; un corps qui est devenu un étranger. Et si elle-même ne parvient pas à s’accepter, comment un homme pourrait-il l’aimer ? » |
17/20
Je remercie les éditions Harlequin ainsi que Netgalley pour m'avoir offert l'opportunité de découvrir ce nouveau titre de Alfreda Enwy.
Ce qui m'a attiré, c'est le nom de l'auteur, je le suis depuis un sacré bout de temps sur la toile et j'avoue ne pas encore avoir pris le temps de découvrir sa plume. Ce qui est fait dorénavant et je ne regrette pas.
Samantha est atteinte d'un cancer du sein. L'opération s'est bien déroulé, malgré tout, elle va devoir passer par la case chimio. Alors qu'elle rentre dans une voiture sans le faire exprès, voulant éviter un chien sur la route, elle va laisser un mot sur le pare-brise. L'homme concerné, c'est Conrad, un professeur d'art qui va mal le prendre. Jusqu'à ce qu'il la découvre lors d'un rendez-vous improvisé afin de voir comment faire pour sa voiture. Bien que l'attirance soit palpable entre les deux, elle fera en sorte de ne pas y céder. Sa maladie, non, elle ne veut pas qu'il sache et encore moins qu'il voit son corps. Car c'est le problème : elle déteste son corps depuis l'opération, laissant une marque à vie sur son sein.
La maladie est un fléau, mais ce n'est pas parce qu'on est malade qu'il faut rester enfermé. D'accord il y a la souffrance, les moments de désespoir, pourtant, tant que nous sommes en vie, il faut pouvoir garder espoir et vivre pleinement. C'est plus facile à dire qu'à faire je le concède. L'auteur décrit admirablement bien les pensées des deux personnages. Les chapitres sont courts et à la troisième personne, ce qui implique que nous pouvons suivre l'un ou l'autre indépendamment.
« Samantha crut un instant qu’elle allait se noyer dans les yeux de Conrad. Dans ses pupilles dilatées, le désir avait éclipsé toute trace d’amusement. Elle frissonna de nouveau, il semblait ne pas avoir oublié ce qu’ils avaient vécu hier. Et même en vouloir encore. Pourquoi n’était-il pas comme les autres ? Les mecs se satisfaisaient toujours d’un coup rapide et basta. Pourquoi n’était-il pas pareil ? Très certainement car ça n’avait jamais été une simple aventure d’un soir et elle le savait…
Samantha fit la moue comme pour se convaincre qu’il n’y avait aucune histoire possible entre eux, mais c’était peine perdue. La présence de Conrad la rendait bizarrement fragile et elle n’aidait en rien la honte qu’elle ressentait encore. En plus de cela, le contrecoup de l’altercation de cet après-midi lui revenait en pleine face. Elle avait beau avoir la tête haute, elle savait bien que ces deux femmes du magasin n’étaient pas une exception. La plupart des gens pensaient comme ça aussi, sauf qu’ils se taisaient. Elle ne pouvait pas aller chez Conrad. On n’invitait pas les gens qu’on connaissait à peine à une fête de famille. »
Samantha se bat contre cette saloperie de cancer, avec les moyens qu'elle a. Son corps la rebute, mais elle vit au jour le jour, affrontant les épreuves comme elles viennent. Sa peur de mourir est réelle, sa peur de vivre aussi avec l'homme qu'elle aimerait. Ses sentiments, elle les étouffe pour ne pas se laisser aller. La chimiothérapie est aussi sauvage que la maladie elle-même (j'ai vu ma mère en revenir et je comprends parfaitement bien ce que ce personnage ressent). C'est nocif et pourtant cela aide à combattre la maladie. La fatigue, la perte des cheveux, les nausées... des effets secondaires que Samantha ne veut pas partager avec quiconque. Elle imagine ce que les autres pensent, mais même s'il y a des pucelles qui se croient tout permis, il y a encore des gens qui ont un coeur et qui voit la femme face à eux, pas la maladie.
Conrad est le beau gosse, le professeur d'art qui a énormément de charme et de filles à ses pieds. Pourtant lorsqu'il découvre Sam, c'est son cœur et sa raison qui parle, pas son sexe. (enfin si un peu, mais pas au départ) Il paraît futile, pourtant quelque chose se dégage de lui. Quelque chose qui fait que même s'il use les femmes comme de chemises, il semble vouloir combler un vide. Il n'y a pas de pitié dans son regard lorsqu'il apprend ce qu'elle a ni même la moindre compassion. Seul le désir pour cette femme l'emporte.
« – Elle m’a foutu la tête en vrille, avoua-t-il enfin. Je n’en sais rien, elle est envoûtante. Un mixte entre Scarlett Johansson et Michelle Williams.
– Toi et ton fétichisme des petites blondes, se moqua Henry.
– Tu peux causer, monsieur fétichiste-des-cheveux-longs.
– Ouais, j’avoue. Tu vas la revoir ?
– Elle a un mec, je crois.
– Et alors ?
Conrad eut un rictus amusé. C’était une réponse typique d’Henry ça. Il avait beau être flic, il se foutait complètement des convenances. Cela dit, pour une fois, Conrad était bien tenté de suivre son conseil. Et alors ?
– J’ai besoin d’une clope et de mater tes belles étudiantes, parce que là, on a l’air de deux gonzesses.
– Tu n’assumes pas, mon pote ?
– La ferme, grommela Henry. Et fourre ton cul dans ta bagnole, qu’on aille dépouiller notre médecin préféré.
Conrad éclata de rire, il récupéra son ordinateur et sa sacoche, puis ils sortirent de la salle de cours. »
Bien des épreuves les attendent et rien n'est joué d'avances. La peur est un élément qui va bloquer certains actes, certains gestes de la jeune femme. Ce qu'elle vit la rend plus mûr, plus faible aussi, plus coriace pourtant. Elle est si réaliste, que des souvenirs me sont revenus. C'est une femme brisée par la maladie qui va devoir apprendre à vivre avec, à vivre avec quelqu'un à ses côtés, elle qui se retrouvait seule depuis si longtemps. SA famille (ses parents) sont présents, mais elle les évite comme elle peut.) On ne peut qu'adorer ce personnage, la suivre dans chacun de ses pas, être à ses côtés pour tous les meilleurs moments comme le pire. La patience de Conrad est un point crucial, un point que l'on trouve dans ceux qui désire quelque chose sans pour autant imaginer que cela sera simple à avoir. Il est tenace, persévérant (et non pas un harceleur, même si cela y ressemble).
J'ai beaucoup aimé Henry, le meilleur ami de Conrad qui n'hésite pas à aller contre ses principes pour lui filer un coup de main. Stella est amusante, pleine de vie et de contradiction également et cette Frédérique... Qui a une relation très particulière avec Sam. J'ai bien aimé ce dialogue entre elles. Les parents des uns et des autres sont admirables et en même temps on ne peut que comprendre cette de Conrad qui a déjà connu les épreuves d'une maladie.
En conclusion, un thème qui n'est pas facile à aborder que l'auteur a su décrire sans tomber dans le glauque. De l'humour par touche qui allège le sujet. Des personnages forts, endurants dont on a envie d'aider. J'ai oublié l'histoire des tatouages qui m'a beaucoup plu. Une histoire réaliste que j'ai vraiment apprécié.