Vous connaissez ma dernière marotte en date, à savoir, mon béguin pour les livres de Jean-Baptiste Del Amo, découvert l'an dernier avec Règne animal, et dont j'ai adoré, plus récemment , Une éducation libertine.
Je poursuis mon exploration, avec la lecture de son premier roman, Le sel. Miam.
Libres pensées...
Louise a élevé ses trois enfants auprès d'Armand, époux alcoolique et violent, qui a régné sur sa famille en maître toute sa vie durant.
Alors qu'Armand est mort, son fantôme hante encore les relations que Louise entretient avec Fanny, sa fille aînée, Albin, qui a toujours voulu marcher dans les traces de son père, et Jonas, le fils cadet, rejeté par son père dès son plus jeune âge, et dont l'homosexualité n'a guère été acceptée par ses proches.
J'ai eu plaisir à retrouver un exercice dans lequel Jean-Baptiste Del Amo excelle : l'observation et l'étude des relations familiales, la somme des non-dits qui séparent les uns et les autres, la rancœur et le ressentiment nourris au fil des années, la violence sous sa forme brute, la tendresse qui émerge aussi parfois.
Comme dans Règne animal, il est fascinant de découvrir la palette de nuances avec laquelle compose l'auteur, la richesse de la psychologie des personnages qu'il rend vivants devant nous : ainsi Albin, pour lequel le lecteur ressent immédiatement de l'antipathie, et qui se révèle plus complexe qu'on ne l'aurait crû d'abord, et en souffrance lui aussi, tout comme son frère et sa sœur, bien que son malaise s'exprime différemment.
La relation au père est bien entendu sondée en profondeur, à travers le vécu très varié des trois enfants d'Armand, mais l'auteur explore également la relation qui s'est construite avec leur mère, qui les a laissés exposés à la violence de son époux, a vécu dans son ombre, et les a regardés s'éloigner chacun à leur manière. Quant au lien qui liait Louise à Armand, il est aussi interrogé au travers des souvenirs, de l'introspection de Louise des années après la disparition de son mari.
Car les souvenirs se mêlent au présent, l'éclairent, créent une sorte de double-fond.
L'écriture est différente de celle, très littéraire, qui caractérise Une éducation libertine, elle est ici plus directe, plus intime aussi. Un constat qui renforce encore l'aura et le talent de l'auteur, décidément à l'aise dans des univers éloignés, et qui, m'est avis, n'a pas fini de nous impressionner.
Pour vous si...
Morceaux choisis
"Armand était un être singulier, Louise n'avait pas la prétention de l'avoir connu. Ils avaient vécu l'un près de l'autre, ne partageant en réalité que de courts instants, des éclats fugaces qui les réunissaient. Dès lors, comment pouvait-elle prétendre savoir qui était Armand? Louise voulait croire que l'image la plus approchante de l'homme qu'il fut était au confluent de leurs souvenirs à tous, des siens et de ceux des enfants, mais peut-être Armand leur échappait-il encore."
"Puis l'été avait passé, engloutissant dans l'oubli la plage du Grand-Travers et le corps des hommes. Etait resté le souvenir d'une seule chair, assemblage de dizaines d'autres, l'arrière-goût d'une longue et douloureuse jouissance à la saveur de sel. Sète s'y était substituée par d'autres errances."
Note finale3/5(cool)
Je poursuis mon exploration, avec la lecture de son premier roman, Le sel. Miam.
Libres pensées...
Louise a élevé ses trois enfants auprès d'Armand, époux alcoolique et violent, qui a régné sur sa famille en maître toute sa vie durant.
Alors qu'Armand est mort, son fantôme hante encore les relations que Louise entretient avec Fanny, sa fille aînée, Albin, qui a toujours voulu marcher dans les traces de son père, et Jonas, le fils cadet, rejeté par son père dès son plus jeune âge, et dont l'homosexualité n'a guère été acceptée par ses proches.
J'ai eu plaisir à retrouver un exercice dans lequel Jean-Baptiste Del Amo excelle : l'observation et l'étude des relations familiales, la somme des non-dits qui séparent les uns et les autres, la rancœur et le ressentiment nourris au fil des années, la violence sous sa forme brute, la tendresse qui émerge aussi parfois.
Comme dans Règne animal, il est fascinant de découvrir la palette de nuances avec laquelle compose l'auteur, la richesse de la psychologie des personnages qu'il rend vivants devant nous : ainsi Albin, pour lequel le lecteur ressent immédiatement de l'antipathie, et qui se révèle plus complexe qu'on ne l'aurait crû d'abord, et en souffrance lui aussi, tout comme son frère et sa sœur, bien que son malaise s'exprime différemment.
La relation au père est bien entendu sondée en profondeur, à travers le vécu très varié des trois enfants d'Armand, mais l'auteur explore également la relation qui s'est construite avec leur mère, qui les a laissés exposés à la violence de son époux, a vécu dans son ombre, et les a regardés s'éloigner chacun à leur manière. Quant au lien qui liait Louise à Armand, il est aussi interrogé au travers des souvenirs, de l'introspection de Louise des années après la disparition de son mari.
Car les souvenirs se mêlent au présent, l'éclairent, créent une sorte de double-fond.
L'écriture est différente de celle, très littéraire, qui caractérise Une éducation libertine, elle est ici plus directe, plus intime aussi. Un constat qui renforce encore l'aura et le talent de l'auteur, décidément à l'aise dans des univers éloignés, et qui, m'est avis, n'a pas fini de nous impressionner.
Pour vous si...
- Vous êtes un grand amateur de romans familiaux ;
- Vous en avez assez du cadre parisien, et vous frotteriez bien à une ville du sud.
Morceaux choisis
"Armand était un être singulier, Louise n'avait pas la prétention de l'avoir connu. Ils avaient vécu l'un près de l'autre, ne partageant en réalité que de courts instants, des éclats fugaces qui les réunissaient. Dès lors, comment pouvait-elle prétendre savoir qui était Armand? Louise voulait croire que l'image la plus approchante de l'homme qu'il fut était au confluent de leurs souvenirs à tous, des siens et de ceux des enfants, mais peut-être Armand leur échappait-il encore."
"Puis l'été avait passé, engloutissant dans l'oubli la plage du Grand-Travers et le corps des hommes. Etait resté le souvenir d'une seule chair, assemblage de dizaines d'autres, l'arrière-goût d'une longue et douloureuse jouissance à la saveur de sel. Sète s'y était substituée par d'autres errances."
Note finale3/5(cool)