Soyez imprudents les enfants, Véronique Ovaldé

Par Sara

J'ai vu Véronique Ovaldé - que j'ai d'abord confondue avec Véronique Olmi - il y a quelques mois dans La Grande Librairie, où j'avais été attentive à ce qu'elle disait des doutes sur le métier d'écrivain provoqués par l'arrivée d'enfants dans la vie, car nul n'est sans savoir que l'événement a un sale impact sur le temps libre des nouvelles mamans. Bref, de fil en aiguille, j'ai bien eu envie de lire son dernier roman, dont elle était justement venu parler.


Une jeune fille, Atanasia, fascinée par un peintre mystérieusement disparu et qui continue à vendre ses toiles, Roberto Dias Uribe, tâche de retrouver sa trace.

L'auteur capture immédiatement l'intérêt du lecteur, avec une scène d'ouverture glaçante qui frappe les esprits, et crée un suspense qui reste en tête, alors que l'intrigue démarre en introduisant la protagoniste, Atanasia,et ses tribulations.

Grâce à un ton qui vogue du léger au grave, au sentiment de proximité créé avec le lecteur, au cadre dans lequel évolue l'intrigue (l'histoire familiale), et au mystère entourant le personnage de Roberto Dias Uribe, qui n'est appréhendé qu'en creux, au travers de la passion qu'Atanasia lui voue, l'auteur construit un roman original, fantaisiste, et des protagonistes attachants.

Par ailleurs, j'ai apprécié découvrir l'histoire de la famille d'Atanasia durant la période franquiste, et le choix de l'époque comme du lieu constituent à mon sens des ingrédients qui contribuent à la valeur et à l'intérêt de l'intrigue.

En bref, une lecture agréable et prenante, qui donne envie de découvrir davantage Véronique Ovaldé!


"A treize ans et demi, malgré mes efforts nocturnes pour dormir les bras serrés contre mon torse afin que mes seins ne poussent pas, la puberté me tombe dessus et le médecin de famille annonce à ma mère, "Elle ne grandira plus". A partir de ce moment j'ai l'impression de vieillir. [...] Ne me faites pas croire à l'expansion de l'univers. Chaque jour je m'enfonce un peu plus dans la terre sableuse de notre bout de jardin."

"Je crois que ce que je déteste le plus au monde ce sont les questions qui commencent par pourquoi. C'est à toi de trouver les raisons aux événements. Je peux te dire "comment" je me suis intéressé à lui. Mais en aucun cas tu ne peux attendre de moi que je réponde à une question qui commence par pourquoi. Ce serait comme de demander à un peintre pourquoi il peint plutôt des femmes nues que des dahlias, et à un écrivain pourquoi son personnage s'appelle Pierre-Alexandre plutôt que Jean-Baptiste et pourquoi celui-ci choisit de se donner la mort à la fin du livre avec du cyanure plutôt qu'avec de l'arsenic. Une question qui commence par pourquoi est une question paresseuse."