Résumé :
« New York, années 1930. Renvoyé parce que juif de l’usine Ford où il travaillait, Jack Beilis retourne habiter chez son père, Solomon, alcoolique et endetté. Sans travail et sans argent, ils ne parviennent pas à payer le loyer au propriétaire, Lukas Kowalski. Un soir, alors que celui-ci débarque avec deux hommes de main, un coup de feu part et Kowalski s’effondre. Persuadé qu’il va être accusé de meurtre, Jack veut fuir le pays. Il s’embarque avec son ami Andrew, militant communiste de la première heure, pour le « paradis des travailleurs ».
Des États-Unis de la Grande Dépression aux steppes enneigées de l’Union soviétique, Antonio Garrido aborde un pan méconnu et captivant de l’histoire de ces deux pays que tout opposait : l’émigration de travailleurs américains plongés dans la misère vers cette terre de la grande promesse qui leur faisait miroiter le dernier paradis. »
Mon avis :
Je remercie Le Livre de Poche pour l’envoi de ce roman ! Lorsqu’on m’a présenté la sélection et que j’ai cliqué sur Le Dernier Paradis, je n’ai pas hésité une seule seconde. Avant même d’avoir lu le résumé, j’étais tombée amoureuse de la couverture et je savais que ce livre était fait pour moi. Je ne me suis pas trompée et j’ai passé un formidable moment de lecture. Voyons cela plus en détail.
La crise financière qui a débuté en 1929 aux Etats-Unis n’est toujours pas réglée et elle n’épargne personne. Certains ouvriers qualifiés perdent tout après ce krach boursier : leur emploi, leur maison, leurs économies et leur train de vie luxueux. Jack Beilis est l’un d’entre eux. Il est obligé de quitter Détroit pour retourner vivre chez son père à New York. Mais sans argent et sans économie, les deux hommes se retrouvent incapables de payer leur loyer et leur propriétaire, Monsieur Kowalski, n’hésite pas à les menacer de mort. Un soir, alors que cet homme vient réclamer une énième fois son argent, une bagarre éclate entre sbires et Jack qui ne compte pas se laisser faire. Un coup de feu retentit. Kowalski est-il mort ? Pas le temps de vérifier, il faut fuir. Avec l’aide de son ami Andrew, Jack va prendre le bateau et se rendre en union soviétique. Il n’en a pas envie. Pour lui, ce pays n’est pas le dernier paradis des travailleurs et il ne se fait aucune illusion. Il se résigne et suit son ami, un syndicaliste convaincu, dans cette nouvelle vie. Evidemment, la maison avec jardin et le travail bien payé qu’on leur avait promis ne les attendent pas à l’arrivée. Mais Wilbur Hewitt, l’Américain chargé du développement de l’usine automobile à Gorki, va faire une proposition que Jack ne pourra pas refuser. Il ne s’en rend alors pas compte qu’il vient de s’engager dans une histoire qui le dépasse complètement et qu’il pourrait bien le payer de sa vie.
Il ne pouvait pas croire que ce qui leur arrivait soit vrai : seuls au bout du monde, recroquevillés dans une glacière, les poches à moitié vides et le chômage pour tout horizon, même si Andrew s’obstinait à le nier.
Dès les premières lignes, j’ai su que j’allais adorer ce livre. Je m’intéresse beaucoup à l’Histoire en général et pour moi, la vie des américains après le krach boursier de 1929 est importante à découvrir. Ici, le contexte est très habilement mis en place. On sait comment la vie de Jack a basculé le jour où il a perdu son emploi et on comprend que ses conditions de vie sont devenues insupportables. Le contexte historique est très présent et ancre ce roman dans notre réalité. En cela, nous ressentons plus de peine, plus de pitié pour Jack et ses compatriotes car on se dit pas « ce n’est qu’un livre ». Ensuite, l’auteur nous emmène au coeur de cette union nouvellement créée qu’est l’URSS. Une fois encore, la vérité historique reste omniprésente. D’ailleurs, à la fin de ce livre on trouve un petit glossaire dans lequel Antonio Garrido nous explique que le village américain de Gorki a réellement existé, tout comme l’histoire des sabotages. Les protagonistes ont été inventés par l’auteur, mais ils sont tous inspirés de personnages ayant réellement vécus. Plus qu’un superbe thriller, ce roman est donc un livre très instructif qui m’a permis d’apprendre des choses sur l’URSS des années 30. Que demander de plus ? Ah oui, l’impartialité. Eh bien, pas de problèmes de ce côté-là puisque l’auteur ne prend aucun parti. Il ne dit pas que les américains sont meilleurs que les soviétiques ou inversement. Bien sûr, étant donné que la majorité de l’intrigue se déroule en URSS, les communistes en prennent plus pour le grade que les capitalistes. Mais il faut bien avouer que des petites piques sont lancés aux américains tout au long du roman. D’ailleurs, si la vie aux Etats-Unis était si parfaite, personne n’aurait émigré en union soviétique. L’auteur laisse donc au lecteur la possibilité de se faire sa propre opinion sur les deux pays, c’est très ingénieux et habile de sa part.
Parlons maintenant de l’intrigue. Elle est complexe. Il faut bien avouer que si l’on se déconcentre un peu pendant notre lecture on peut vite se perdre. Mais la plume de l’auteur est si addictive et si agréable à lire qu’on a aucun mal à se plonger complètement dans cette oeuvre. Au final, l’intrigue reste compliquée jusqu’à la dernière seconde. On ne sait pas qui sont les gentils, qui sont les méchants. A chaque fois qu’on se dit « alors c’était lui, le coupable ? », un élément nouveau vient nous éclairer et on comprend que jusqu’à la dernière ligne de la dernière page, Antonio Garrido va nous tenir en haleine. Si je devais résumé ma chronique de ce livre en trois mots, je dirais : extrêmement bien ficelé. Tous les événements s’imbriquent parfaitement les uns dans les autres, tous les renversements de situation sont parfaitement crédibles, bref, cette histoire est incroyablement réaliste. A aucun moment je n’ai trouvé de fausses notes qui pourraient discréditer l’intrigue. Je ne sais pas combien de fois l’auteur a dû se relire pour que tout colle parfaitement, mais bon sang, il a dû s’épuiser à la tâche. J’admire vraiment son travail sur ce livre et j’adorerai découvrir d’autres de ses oeuvres.
Pour eux, les travailleurs américains sont devenus des invités gênants. Les Américains se plaignent, ils demandent qu’on leur paie ce qui était convenu au lieu de la misère qu’on leur verse après impôt, ils réclament des vêtements décents… Et certains osent même exiger qu’on leur rende leurs passeports pour retourner aux Etats-Unis. Crois-tu qu’ils vont autoriser ça ? Crois-tu qu’ils vont laisser des étrangers semer la graine du mécontentement ?
En ce qui concerne les personnages, je me suis attachée à chacun d’eux d’une manière différente. J’ai eu de la peine pour le héros, Jack, qui s’est retrouvé embarqué malgré lui dans une affaire qui le dépasse complètement. D’ailleurs, il ne voulait même pas partir en URSS et voilà qu’il se retrouve impliqué dans un complot de grande envergure… Quant à Andrew, c’est un idéaliste. A l’époque de cette crise financière internationale, on ne peut pas vraiment lui en vouloir. Wilbur Hewitt peut paraître sans pitié au début de ce roman. On peut se dire qu’il n’est qu’un capitaliste qui ne s’occupe pas du sort des autres. Mais au final, il n’est qu’un pantin dont les ficelles sont tirées par Henry Ford d’un côté et Staline de l’autre… Détailler tous les personnages ici seraient trop longs. Mais je les ai tous trouvé intéressant à leur façon. Ils apportaient tous un petit quelque chose non négligeable à l’histoire.
J’ai l’impression que ma chronique s’étire un peu trop en longueur alors je vais m’arrêter là ! C’est toujours tellement sympa d’écrire une chronique enthousiaste que je pourrais rédiger des pages et des pages. Mais pour résumer, je dirais que ce livre nous transporte totalement dans le monde fragile des années 1930. La guerre froide entre l’URSS et les Etats-Unis n’est pas encore déclarée et pourtant on sent déjà que les divergences d’opinions n’amèneront rien de bon. Nos protagonistes se retrouvent piégés dans cet univers instable et on se demande à chaque seconde lesquels s’en sortiront. Si je ne mets pas la note maximale, c’est simplement car j’ai adoré ce livre grâce au suspens et à la réalité historique, mais je n’ai pas ressenti d’émotions intenses comme avec un véritable coup de coeur.
Note : 19/20
PublicitésCentral Park, l’orgueil vert de New York, changé en une porcherie infestée de mendiants. Il y a vingt ans, le dimanche, on pouvait se promener tranquillement avec ses enfants. Maintenant, ces crève-la-faim qui l’envahissent ne laisseraient même pas tes ossements.