- 567 pages
- Feux croisés
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Une couverture représentant une boîte à lettre rouge. Rouge comme celles des anglais ! Et au dos, une lettre, une seule phrase, une unique indication "Nous voulons ce que vous avez" ! Imagination galopante, qui imagine déjà une histoire de corbeau, qui envisage un meurtre ! Un roman policier !?
C'est avec ce faux contrat de genre en tête, que je débute cette lecture. Les premières pages à la Zola, purement descriptives me présentent, non pas les personnages principaux, ni même l'intrigue, mais les lieux. Une rue. Pepys Road. Son historique. Ses actions (enfin celle qu'elle a pu voir). L'auteur en fait une métaphore du temps, de l'évolution. Puis quand tout a été dit, on passe le trottoir et avançons jusque l'embrasure d'une porte, et rentrons dans une histoire.
Durant tout ce roman, on naviguera entre les différentes maisons, protagonistes, parcours. Au fur et à mesure des pages, j'ai compris que mon histoire policière n'arriverait pas car nous sommes ici dans un récit de vie (ce qui est encore mieux !).
En effet, sous la plume de John Lanchester, on s'attache à ses personnages, à cette vieille dame Pétunia, qui a vécu toutes sa vie dans cette rue, et à sa famille, son petit fils, graffeur. A ce jeune footballer Freddy, bientôt, célèbre qui quitte son pays le Sénégal, pour venir s'installer dans la capitale londonienne, afin de réaliser son rêve. Ce couple dont le mari, Roger, travaille à la city, et sa femme Arabelle, qui s'occupe davantage de sa life style et de son intérieur, que de l'éducation de ses deux bambins. La famille de Pakistanais qui vend des journaux tout en se chamaillant. Et autour d'eux gravitent trois personnage, la jolie Baby-sitter hongroise, le maçon polonais et Quentina, qui aligne les mauvais conducteurs, alors qu'elle même n'a pas de papier !
C'est en faisant une peinture de cet environnement que John Lanchester, à la manière d'anciens auteurs, nous "radiographie" les lieux, et nous brosse le portrait d'une époque, où tout peut à n'importe quel moment, éclater, et aucun des personnages présents n'en sortira indemne.
Et l'on peux se demander parfois, si les mystérieux expéditeurs souhaiteraient vraiment prendre la place de nos héros ?
Car de nombreux problèmes actuelles de notre société sont évoqués, les migrants, le deuil, les espoirs déçus, les problèmes financier, le terrorisme et le licenciement. Les personnages en dehors d'Arabelle, ne sont pas des caricatures, ce qui nous permet à la fois de nous identifier à eux, mais aussi de comprendre la critique de l'auteur !
La fin, quant à elle, m'a laissée de marbre ( sans pour autant me décevoir).
Un très bon roman, qui a su me surprendre et m'intéresser, à la fois grâce à l'écriture de son auteur et à ses personnages attachants !