Spider-man homecoming : la critique "universcomics"

Homecoming, où comment redéfinir un personnage pour le nouveau siècle, en réalisant un patchwork de versions existantes. Ce Spider-Man là, ce sont des Spider-Men assemblés ensemble. La version de Lee, Ditko ou Romita, avec ses atermoiements adolescents, et la vie au lycée. La version ultimate, avec la présence d'un ami ultra geek et potelé, et une ironie moderne qui caractérise le jeune Peter (qui ressemble pas mal à Miles Morales). La version récente de Slott, avec un costume technologique doté de mille trucs, loin du simple justaucorps en tissu des débuts. Ce dernier point permet d'éluder la grande question : comment un ado, aussi doué soit-il, peut-il avoir à disposition les moyens de combattre le crime, sans paraître ridicule? Bon sang, Tony Stark mais c'est bien sûr. Le milliardaire a pris Parker sous son aile, et a doté Spider-Man de nombreux gadgets qui lui facilitent la tâche. Même si j'ai quand même du mal (instant vieux nostalgique grincheux) avec le héros utilisant un drone pour sauver les meubles.  Ce qui fonctionne dans ce film, c'est la décomplexion qui le traverse, et permet d'éviter l'écueil traditionnel des clichés à respecter. Exit la tragédie de l'Oncle Ben, de la morsure d'araignée, on passe tout de suite au vif du sujet, et le lycéen Parker en ressort plus crédible, inséré dans son époque, sans les tics narratifs d'autrefois qui plombent toujours notre conception du tisseur (Monsieur Jameson, je vous ai apporté des photos pour acheter les médicaments de ma tante). Le cast autour de Tom Holland (parfait pour le rôle, je le confirme) est là avant tout pour faire briller l'acteur principal. Les amis d'études sont assez fades et fonctionnels, manquent de profondeur. Les largesses prises avec le matériau d'origine (le Flash Thompson du film est fort différent des comics, pour ne pas évoquer le cas Liz Allan...) sont assez anecdotiques, tant les amis et connaissances semblent interchangeables. Ce Spidey là est humain, inexpérimenté, enthousiaste, maladroit, donc attachant. Sa vie au sein de la high school américaine où il étudie est un ressort drolatique qui l'ancre les pieds au sol, alors que face à lui se dresse la menace d'un criminel peu séduisant (les Avengers le maîtriseraient en dix secondes chrono) mais tout à fait dans les cordes d'un justicier en phase d'apprentissage. Ce Vautour là bénéficie d'origines crédibles, et l'idée de lui confier de la technologie alien dérobée nous épargne la vision d'un vieillard déplumé volant dans le ciel de New-York, dans un costume improbable. Vous l'aurez compris, ce qu'on a aimé dans Homecoming, c'est la capacité à rajeunir la franchise, en la faire entrer en résonance avec son nouveau public. Cela dit, n'allez pas croire qu'on est sorti de la salle en criant au chef d'oeuvre non plus. 

Michael Keaton fait de son mieux en Vautour. Autrefois contremaître d'une entreprise chargée de "nettoyer" derrière les dégâts provoqués par la bataille Avengers/Chitoris (le Marvel Universe et ses ramifications), il décide de voler du matériel alien pour survivre après avoir été remercié de manière cavalière. Esprit de classe, sois solidaire, on en viendrait presque à le comprendre. Lui s'en sort bien, mais Peter Parker a l'air de dépendre un peu trop de son costume made in Stark. Sans celui-ci, que serait capable de faire le héros? Que valent ses pouvoirs, sans le coup de pouce technologique que lui procure sa tenue merveilleuse? Et désactiver un traceur Gps, ça ne veut pas dire renoncer à tout un tas de gadgets incorporés, qui finissent par nuire à l'attachement qu'on peut vouer au héros. Jon Watts et ses assistants font tout pour que le spectateur comprenne qu'il ne faut pas prendre trop au sérieux ce long métrage, qui assume ses ressemblances avec tout un pan du cinéma des années 80. Forcément on va rire beaucoup, parfois même au détriment des intentions de départ. C'est un des talons d'achille des films Marvel/Disney, l'impossibilité d'assumer une véritable gravité devant les faits les plus tragiques qui soient (en cela l'arrivée prochaine de Thanos devra absolument être un tournant épocal). Ici ce phénomène est justifié par le caractère désinvolte du Spidey des comics, lui aussi toujours préoccupé par une bonne blague, même dans les situations les plus périlleuses. Toujours dans l'intention de récupérer le patrimoine historique, et d'en proposer une version moderne, le thème original du dessin animé de notre enfance (j'ai 42 ans...) est retravaillé par Michael Giacchino et d'emblée il instaure un capital sympathie qui donne la banane. Alors quoi? Alors rien. Jamais Spider-Man n'a autant mérité son appellation de friendly neighborhood. La gestuelle et les expressions de Tom Holland sont parfaites, l'acteur est Peter Parker, littéralement, comme il serait, dans le monde réel, en 2017, dans un tel contexte. Mais au final, derrière les bons moments et le savoir faire de la mise en scène (qui trouve son climax dans un sauvetage épocal au Washington Monument) nous avons devant nous un film anecdotique, un bubble gum movie boosté chimiquement, mais qui ne laissera pas de traces artistiques profondes dans l'histoire du genre. Et je ne vous parle pas de la 3D, tant il s'avère qu'il s'agit de plus en plus d'un simple subterfuge, qui se répercute tristement sur les poches des spectateurs par trop ponctionnées. 
Allez quoi, ça reste deux heures sympatoches, promis. 

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