[avis] Leopard Hall de Katherine Sholes

[avis] Leopard Hall de Katherine Sholes
4e livre de la collection : le cercle de chez Belfond 4e lecture passionnante. Je n’ai pas eu le coup de cœur, mais quel roman oh combien passionnant, dense, captivant.
1964, Anna, 25 ans, secrétaire célibataire à Melbourne, Australie est accostée par un détective privé. Son père l’a demandé sur son lit de mort au Congo (actuellement République démocratique du Congo). Karl Emerson, ce père dont elle n’a plus aucun souvenir la réclame maintenant, que doit-elle faire ? C’est un étranger pour elle, sa mère Marylin l’a toujours dénigré et n’a jamais donné d’explications à Anna, pas même une photo. 
Cette jeune femme peu sûre d’elle, vivant jusque là pour faire plaisir à sa mère et prenant son rôle de secrétaire pour Mr Williams très à cœur, décide d’accepter et de retrouver les traces de son passé. Dans le même temps en Tanzanie, Dan, un guide pour les touristes-chasseurs est recruté pour écraser la rébellion des Simbas qui a lieu au Congo. Cet homme de 60 ans décide d’accepter, il n’a plus combattu depuis la Seconde Guerre mondiale, mais connaît bien le Congo pour y avoir vécu 20 ans plus tôt.
En tant que Belge, j’ai été assez révoltée contre mon pays et le roi Léopold II quand j’ai lu les atrocités et les injustices commises envers les Congolais, j’ai énormément appris dans ce roman, un non sens qu’à l’école on nous fait qu’effleurer ce fait, ou juste en nous narrant l’indépendance du pays en 1960 ratifié par le roi Baudouin. Je comprends que cela soit une partie de l’histoire belge dont les dirigeants aient honte, mais ça fait partie de l’histoire du pays.
Katherine Scholes nous narre toute l’histoire du Congo, avant son indépendance et ensuite, l’élection de Patrice Lumumba, son assassinat et la révolte qui gronde dans le pays. La mainmise qu’essaie d’avoir les pays communistes du côté des Simbas, les américains, belges, anglais là en tant que soldat et mercenaire venus aider le général Mobutu à arrêter cette rébellion. Tout en développant son intrigue, l’auteure évoque quantité de lieux, villes, faits historiques qui m’ont passionnée.
Les personnages sont forts, bien construits, au cours des 600 et quelques pages ils ont fait partie de moi à l’image bien sûr d’Anna revenue sur ses terres à la recherche de l’amour paternel. Un personnage qui évolue beaucoup tout au long du roman. Elle se défait de ses chaînes du passé, fait ce voyage seule pour la première fois. Puis en plein milieu de cette mutinerie qui a lieu à travers le pays devra faire preuve de courage, elle côtoiera Eliza Lindenbaumu une riche héritière, passionnée de photographie, indépendante, profondément attachée à son pays et qui cache de nombreuses facettes. Eliza sera d’un grand soutien pour Anna. Ensuite, ce sera la famille de missionnaires les Carlings et leurs enfants, ils tiennent un hôpital où l’on soigne la lèpre et qu’il essaie aussi d’endiguer. Cette partie m’a passionnée aussi, Anna va passer quelque temps auprès d’eux à aider à l’hôpital, l’auteure raconte la maladie, les ignorances tout comme la guérison. Dan et ses soldats, Dan est un homme fort, charismatique, assez renfermé sur lui-même, il parle peu de lui, mais est profondément attaché à ses hommes. Il est commandant, il se doit de veiller à ce que tous rentrent en vie après la mission. Mission qu’il prend à cœur, mais qui finira par le faire douter. Sont-ils vraiment à leurs places ? Dan cache une blessure psychologique importante, un personnage qui se dévoile au fil des chapitres qui lui sont consacrés. Katherine Sholes alterne les chapitres de Anna et de Dan. D’un côté la recherche d’un père et de l’autre l’histoire du pays.
Certains passages comme la préparation avant la mission pourraient sembler long à certains lecteurs, moi pas du tout, j’ai été très secouée lors de la lecture d’un passage et des faits commis par les Simbas sur les Européens, notamment sur une jeune novice (future bonne sœur). C’est vraiment un roman dense, parfois violent, mais où résonnent les tambours africains. L’auteure aborde quantité de thèmes comme l’importance de sauvegarder le patrimoine congolais, leurs croyances en « sorcellerie », la vie que le peuple mène tout simplement. Une histoire réelle, mais romancée qui m’a vraiment plu.
Vous rencontrerez des hommes qui ont fait l’histoire comme dit plus haut : Lumumba, Mobutu, mais aussi l’apartheid qui sévit dans les pays d’Afrique, la situation en Afrique du Sud et Nelson Mandela. De l’Australie à la Tanzanie en passant par la Belgique jusqu’à la République démocratique du Congo le lecteur est transporté dans l’histoire et l’Histoire. Vous verrez les paysages, le lac Tanganyika, la jungle, les Léopards, les chimpanzés. Un roman aussi bien construit du côte narratif que dans les descriptions des lieux.
Je pourrais, je pense aborder encore quantité de thèmes qui sont dans le livre, mais je ne voudrais pas vous spoiler, l’essentiel de l’intrigue du roman étant la recherche de l’amour paternel, les liens forts qui unissent un père et sa fille. Elle aborde surtout le thème de la famille à travers Anna, mais aussi Eliza, Les Carlings, quelques-uns des soldats, Dan, Karl Emerson, Bela une petite Congolaise, etc.
Un roman pour tous les passionnés d’histoire avec des moments plus légers, mais aussi des moments durs ou d’autres attendrissants et émouvants.

Leopard Hall de Katherine Scholes - Roman historique/contemporain - 640 pages, 22.50 € - Édition Belfond, collection Le Cercle - Paru le 20 avril 217