Lire Lolita à Téhéran, d’Azar Nafisi, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie-Hélène Dumas, 10/18, 2005 (VO : 2003), 480 pages.
L’histoire
Après avoir démissionné de l’Université de Téhéran sous la pression des autorités iraniennes, Azar Nafisi a réuni pendant deux ans, dans l’intimité de son salon, sept étudiantes pour y lire Nabokov, Fitzgerald, Austen… Ce livre magnifique est le portrait brut et déchirant de la révolution islamique en Iran. La démonstration magistrale que l’imagination bâtit la liberté.
Note : 4/5
Mon humble avis
Seconde lecture pour cette session du club de lecture « Une chambre à nous » consacrée à des livres « témoignages », ici celui de Azar Nafisi sur sa vie et celle de ses étudiants en Iran lors de la révolution islamique. Comme le titre l’indique, le livre mêle intimement l’histoire de l’autrice avec la littérature, puisqu’elle enseigne cette dernière à l’université et échange à propos des livres de Nabokov, Fitzgerald, Austen et James avec ses étudiants. Les quatre auteurs forment d’ailleurs des sections du livre et ne sont pas seulement des titres illustratifs, l’œuvre de chaque auteur prend sens avec les expériences et la vie des personn(ag)es et inversement.
Pour autant, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les livres dont il est question pour comprendre ; le livre introduit suffisamment les personnages et problématiques des romans étudiés pour que cela fasse sens. Bien entendu, je me suis sentie beaucoup plus impliquée quand le livre abordait Gatsby ou les œuvres d’Austen que j’ai déjà pu étudier, mais pour Lolita par exemple, connaître auparavant le sujet du roman m’a suffit pour suivre attentivement les raisonnements de l’autrice.
Lire Lolita à Téhéran est fascinant puisqu’il apprend beaucoup aux lecteurs sur le quotidien des Iraniens à la fin du siècle dernier, sur les changements qui ont secoué le pays et la façon dont les personnes ont pu réagir et vivre ces bouleversements. Comme l’on pouvait s’y attendre, il y a des récits très durs, mais aussi beaucoup d’histoires inspirantes, de luttes civiques pour les droits des femmes.
Si j’avais une complainte, ce serait le sentiment de désordre qui ressort du livre : la narration n’est pas linéaire, on saute d’une année à l’autre, d’un personnage à l’autre et il peut être compliqué de suivre certains passages… Mais globalement, ce fut une bonne lecture !
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