Libres pensées...
A quatre-vingt-dix ans, Odile Mourtier, qui a hérité de la fortune de sa famille, se voit confrontée à son passé à travers la figure de Tariq, fils de Fatima et petit-fils d'Amamouz, dont Odile, un petit garçon adopté par son grand-père dont elle garde elle-même un souvenir vivace.
Les conditions dans lesquelles son grand-père avait rencontré et recueilli Amamouz sont restées obscures, mais Odile n'a pas oublié l'attachement qui existait entre le vieil homme et cet enfant venu d'ailleurs. A la mort de son aïeul, sa propre mère avait chassé Amamouz, et les relations s'étaient rompues. Plusieurs décennies plus tard, Odile part sur les traces de son grand-père, engagé jadis dans la "pacification" du Maroc après l'émergence de sa réputation en Algérie, et découvre un homme qu'elle ne connaissait guère.
Le roman de Pascale Roze est relativement court, et ne permet de faire qu'une incursion rapide dans la vie d'Odile Mourtier. Le passé de son grand-père, et les relations avec Amamouz, sont au centre du récit, néanmoins des allers et retours sont faits à travers les échanges avec Tariq et Leïla, le quotidien d'Odile qui est à présent une vieille femme, et ses opinions qui oscillent entre le traditionalisme et la remise en question.
Pourtant, l'idée de départ est intéressante, car il s'agit de comprendre dans quelles conditions un homme a-t-il pu adopter un enfant qui a ensuite été repoussé sans vergogne par sa propre fille.
Il m'a semblé que le récit peinait à répondre à cette question, se contentant de réponses ébauchées, le temps passé expliquant l'absence de témoignages plus approfondis, et de preuves.
La lecture de Lonely child ne m'a donc pas particulièrement touchée, en dépit d'un topo prometteur et d'un sujet sur lequel il y avait beaucoup à dire...
Le roman de Pascale Roze m'a finalement semblé un peu timide, ne faisant que survoler une histoire que l'on aurait voulu explorer davantage.
Pour vous si...
- L'intervention française en Algérie puis au Maroc durant la première partie du XXe siècle vous laisse songeur.
Morceaux choisis
"En Algérie, la situation était coloniale et carrée : le capitaine Mourtier avait tout le pouvoir. Ici, il s'exerçait au nom du sultan et dès que la France levait trop haut le petit doigt, le concert des nations européennes donnait de la voix."
"Qu'est-ce qu'il entendait par obéir?
J'imagine que mon grand-père, quand il s'est engagé dans l'armée, avait une haute et belle idée de l'obéissance. On ne peut exiger l'obéissance d'un autre aux ordres qu'on lui donne que si on le fait pour son bien, ou pour un bien qui n'est pas immédiatement le sien mais que celui qui ordonne et celui qui obéit savent être un bien commun. L'ordre donné pour le bien unique de celui qui le donne est une monstruosité. Toute l'armée le sait. On obéit à l'armée et pas à quelqu'un, pour le bien supérieur que sert l'armée et que connaît l'armée, et qui est celui de la patrie. Il peut arriver que l'armée soit seule à connaître ce bien supérieur, c'est pourquoi il est légitime que les ordres soient obéis sans discussion."
Note finale2/5(pas mal)