Informations sur le livre
Publié le 13 mai 2016
Pôle Nord Editions
Polar historique214 pages
Je remercie l'auteur qui m'a dédicacé le livre, un homme avec qui j'ai eu la chance de discuter un peu lors d'un marché en Picardie.
4ème de couverture
En 1907 sur la côté picarde, le commissaire Lemercier est confronté à une affaire hors-norme. Trois cuisiniers ont été victimes d'un assassin qui leur a coupé la tête. Lemercie appelle à l'aide Anatole Deibler, le bourreau de la République, expert en décapitations. l ignore que le Kronprinz, héritier de l'Empereur Guillaume II, a décidé de s'offrir du bon temps en venant chasser dans le secteur. Le séjour incognito de son altesse impériale ne passe pas inaperçu et le chasseur va devenir gibier.
J'ai découvert Jacques Thelen et sa plume au détour d'un marché dans la Somme. Une petite discussion s'est engagée et il n'en fallait pas plus pour me décider à acheter son livre, quoi de mieux que d'aller chercher un livre directement à sa source ? J'ai eu le droit à une petite dédicace, que demander de plus ?
D'entrée de jeu on sent que l'auteur maîtrise totalement son sujet ainsi que la période sur laquelle il écrit. Je pense qu'un gros effort, en amont, a été fourni quant à la documentation. Un passage m'a particulièrement marqué, il s'agit de celui sur la guillotine, très enrichissant et surtout très bien intégré dans le récit ! Le lecteur apprend des choses en même temps que l'inspecteur Lemercier, une belle petite leçon d'histoire qui peut faire avancer l'enquête...
Avec Les 400 coups du Kronprinz, l'auteur nous offre un plongeon au cœur de la Baie de Somme au début du Xxeme, laissez-moi vous dire qu'il s'agit là d'une région à découvrir. Des personnes que l'on pourrait qualifier de figures voire célébrités de l'époque y ont traîné leurs guêtres, pourquoi pas vous ? J'ai pris plaisir à déceler les nombreuses références de l'auteur ainsi que ses allusions ; Colette, Balzac et j'en passe. Nous sommes totalement imprégnés dans l'époque, que ce soit au niveau des mentalités, de l'aspect politique ou encore dans les dialogues, tout cela donne envie de se rendre sur les lieux évoqués, comme une sorte de pèlerinage après la lecture.
Tout semble paisible au Crotoy, les vieilles rancœurs contre l'Allemagne ne sont pas enterrées et les tensions sont palpables mais la Picardie semble vivre sa petite vie, tout tranquillement. Un événement des plus tragiques va venir perturber ce calme apparent, à partir de là l'histoire débute, et ce dès le 1er chapitre ! L'auteur commence fort, me plongeant directement dans le bain, la pauvre lectrice que je suis ne savais pas à quelle sauce elle allait être mangée ! Autant voir dire que ce premier chapitre m'a furieusement donné envie de déguster la suite qui s’annonçait des plus croustillantes.
L'inspecteur Lemercier n'a pas le privilège de travailler tous les jours sur un triple homicide, et quel triple homicide ! Des têtes coupées, des têtes de chefs cuisiniers, les meilleurs de la région. Qui peut bien en vouloir à ces trois hommes ? L'enquête piétine, chaque piste semble aboutir à une impasse, épaississant le mystère qui plane autour de cette affaire. Je pense que le choix de la profession de chef cuisinier n'est pas anodin, surtout quand on sait que l'auteur est un ancien chroniqueur gastronomique... Serait-ce un clin d'œil à son ancienne profession ?
Lemercier est donc chargé de résoudre cette enquête, il s'agit d'un personnage très intéressant, respectueux des autres mais surtout très impliqué dans son métier, l'archétype de l'homme que rien n'arrête et qui inspire le respect. J'ai énormément apprécié Deibler, celui qu'on appelle « Le bourreau de la République », l'auteur dresse un portrait complet et humanisant de cet être dont la profession – souvent méconnue- reste méprisée par une majorité.
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Parallèlement au triple homicide, nous pouvons suivre les escapades du Kronprinz, qui n'est autre que le fils de Guillaume II. Ce jeune homme n'a rien du chef de pays qu'il est destiné à devenir, au contraire, il a tout du débauché qu'il ne fait pas bon croiser la nuit tombée. Les chapitres sont donc alternés, rythmant ainsi le récit, d'un côté Lemercier et son affaire, de l'autre le Kronprinz et ses frasques, cela nous offre un aperçu des relations entre l'Allemagne et la France, car n'oublions pas qu'il s'agit d'un polar historique !
Au fil de la lecture, j'ai eu l'impression que les enquêtes se chevauchaient, que plusieurs histoires allaient finir par se retrouver dans un final en apothéose. Tout au long du récit on attend, avec impatience, que les liens se croisent, que les files se rejoignent afin de tisser une belle toile. On se doute que cela va arriver, mais nous ne savons ni quand et encore moins comment.
Jacques Thelen possède une plume fluide et précise, il ne s'encombre pas des détails et va droit au but, ce livre ne fait que 214 pages, ce qui ne représente pas un volume très conséquent. Pour autant, ce récit est complet, dense et passionnant, on ressent pleinement toute la maturité de l'écriture mais aussi les notes d'humour glissées dans les dialogues. Il s'agit donc d'un bon polar, sans doute un poil trop court pour moi, que j'ai énormément apprécié.
NB : Au fil de la lecture vous vous rendrez compte de tous les détails de la couverture et vous ferez le lien avec l'histoire...Source de l'image