Mes lectures de vacances - été 2017 # 3

Par Philisine Cave
Place aux jeunes ... héros en littérature adulte d'abord, côte best-sellers et c'est archi-mérité !

Trois jours et une vie - Pierre Lemaître *****

Image captée du site Babélio

C'est un coup de cœur ! D'abord, avant de tenter de résumer le pitch du livre sans rien dévoiler, je félicite Pierre Lemaître de rendre l'exercice infaisable ! C'est toujours tentant de spoiler mais cela n'a jamais été ma came donc face à la difficulté, je n'abandonne pas quitte à rendre cet avis totalement incompréhensible. 
Le jeudi 23 décembre 1999, un enfant (Rémi, six ans) disparaît. Les habitants de son village (Beauval) se mettent en quête de le retrouver vivant ou mort. Acteur et spectateur des faits, Antoine (12 ans) narre cette quête de longue haleine (exactement seize années) et son influence dans son existence.
Remarquable, il n'y a pas d'autre mot pour résumer cette lecture. Comme, lors d'un épisode de Columbo, la trame de la disparition nous est décrite en long, en large, en travers (de forêts). Pas de chichis. Et pourtant, Pierre Lemaître évite le scabreux, arrive à psychanalyser un criminel malgré lui (mais doté d'une vraie violence meurtrière), à nous le rendre presque humain. Pire, on craint la révélation de la vérité et l'effondrement de son petit univers.  Comme Hitchcock avant lui ou Woody Allen dans Match Point, Lemaître nous renvoie un meurtrier aussi sympathique que malfaisant, un être qui n'aura de cesse de fuir ses responsabilités afin de protéger son intégrité, condamné à expurger une peine plus légère que la perte d'un enfant. Question : à quel âge, est-on responsable ? C'est là, tout le cheminement d'un humain doté d'une intelligence hors normes et d'une sensibilité plutôt vide, un criminel en puissance. L'ultime révélation, quant à elle, montre tout l'amour et toute la chance qui l'ont accompagnés dans cette destinée. L'écriture est remarquable : les phrases sonnent juste, pas d'expression emberlificotée, pas de vocabulaire pompeux. La simplicité littéraire est aussi difficile à maîtriser que l'humilité. Pierre Lemaître semble être garant de ces deux qualités.  Le libraire - Monsieur Galloux - (maison de la presse de Cadillac-en-Fronsadais) a affirmé :" Trois jours et une vie, c'est super bien écrit mais c'est très très dur." Ce à quoi, je lui ai demandé : "C'est gore ?" (je garde en tête le souvenir cuisant de Travail soigné). Lui me rétorque : "Non, pas gore du tout mais dur." Je confirme.
Acheté et lu grâce aux conseils de ce monsieur dont je recommande le tout petit rayon de librairie avec d'excellents choix de lecture. 
Éditions Le livre de Poche
PS : je dois être une des rares sur la blogo à ne pas avoir lu ce roman noir avant et certainement pas la seule à m'extasier devant cet objet.