La fonction qu'on lui confie dans un premier temps au service clients (pardon, à l'Expérience client) n'est guère exaltante et plutôt répétitive, et on lui confie toujours plus de tâches distinctes à gérer de façon simultanée. Mais le défi la stimule, de même que le sentiment (déployé par l'entreprise à grands renforts de communication) d'appartenir à une communauté, et elle s'épanouit dans ce cadre, y progressant rapidement.
Au travers du parcours rapide et de plus en plus exalté de Mae, le lecteur découvre progressivement les rouages du Cercle, son fonctionnement interne prônant une transparence totale, et le développement apparemment sans limite de ses activités, qui touchent à tous les domaines de la vie courante, qui implique pour ses utilisateurs un renoncement croissant à leurs libertés individuelles.
Et ce roman critique est une vraie réussite, son propos étant servi par une excellente construction qui happe littéralement le lecteur. Sans être à proprement parler un thriller, Le Cercle est sous-tendu par une tension constante, un rythme haletant (qui vous fera le dévorer en 2 jours en dépit de ses 500 pages !), avec une accélération (basculement de la 2e, et surtout de la 3e partie) parallèle à la fuite en avant de l'intrigue, insidieuse, carrément flippante, pour ne pas dire terrifiante.
Un roman à vous rendre paranoïaque, à vous désabonner de toutes les messageries, de tous les réseaus, de tous les clouds et compagnie ... mais un roman qui est drôlement salutaire, comme une prise de conscience des incidences angoissantes sur nos vies incarnées par "le Cercle".