Je rentrais, abattue, tête baissée, et ouvris la porte. Ce n'est qu'intriguée par la pénombre qui y régnait que je m'arrêtais sur le seuil et relevée la tête.
Ma mère se rapprocha de moi, m'enserra dans ses bras et me murmura à l'oreille " Tu es une grande fille maintenant ma puce, 16 ans c'est un grand âge, profite bien de cette année ! ".
La soirée fût festive, tout le monde dansa et oublia ses problèmes durant une courte nuit. Luc, notre voisin jouait de la guitare, à côté du feu. Depuis l'époque, où gamin il m'avait découverte dans l'herbe, endormie, de nombreuses années, étaient passées. Le garçonnet fluet s'était mué en un jeune homme de plus d'1 m 80, à la musculature impressionnante. Jusqu'à l'adolescence, nous avons été amis. Puis il a grandi, et moi pas vraiment. Je faisais partie des plus petits et nous sommes peu à peu éloignés. Mais il n'avait jamais quitté mes pensées, et il faisait partie des raisons, peut être même la plus importante, qui me laissait éveiller la nuit, pressée d'avoir 16 ans.
Ma sœur se rapprocha de lui et une étincelle de jalousie me vrilla le cœur. Je tentais de garder un visage joyeux en la surveillant du coin de l'œil. Je savais que cette émotion était indigne de moi, mais je ne pouvais m'en empêcher. Elle lui parlait, toute proche de lui. Je tentais d'annihiler les pensées de meurtres qui venaient à mon esprit. Soudain, il se retourna vers moi. Gênée d'avoir été découverte, je baissais les yeux, et me retournais. Quelques secondes plus tard, je ressentis une présence dans mon dos. C'était lui. Mes mains se firent moites, mon visage s'empourpra, je n'osais pas me retourner.
" Anastasia ", m'appela t'il. Petit aparté dans mon histoire. Je me sens un peu idiote de livrer ceci sur du papier, honteuse même. J'ai envie de vous passer les détails sur ce que je ressentais ce jour là, mais si je commence dès maintenant à faire ma prude, je n'y arriverais jamais. Fin de l'aparté.
Mes sens étaient en alerte, pourtant j'étais comme pétrifiée. Sa voix qui m'appelait, c'était tous ses rêves que je me faisais le soir qui se réalisaient. C'était son odeur que je sentais, une sorte de menthe poivrée. " Anastasia, me rappela t'il.
- Elle est timide, laisse tomber, s'exclama alors ma sœur, d'une voix moqueuse, vient plutôt danser avec moi. Je me retournais d'un coup.
- Je suis pas timide, et je regrettais immédiatement ces paroles, on aurait dit une enfant
- Une danse alors ? ", Me répondit il en souriant, et en me tendant sa main.
Je la lui attrapais, elle était légèrement froide. Je me sentais pataude et avait peur de sentir la sueur ou de lui marcher sur les pieds. Ce qui arriva à vrai dire, et plus d'une fois, mais chevaleresque il ne dit rien. Malgré ces menus incidents (il m'avoua plus tard que ses pieds étaient bleus en rentrant), je me sentais heureuse, remplie d'un bonheur, que je ne voulais pas encore nommer.