Présentation
Une chasse à l’homme à travers l’infini de la taïga, au crépuscule de l’ère stalinienne. Qui est donc ce criminel aux multiples visages que Pavel Gartsev et ses compagnons doivent capturer ?
Insaisissable, le fugitif paraît se jouer de ses poursuivants, qui, de leur côté, s’emploient à faire durer cette traque, peu pressés de retourner au cantonnement. Dans cette longue parenthèse rythmée par les feux des bivouacs et la lutte quotidienne contre les éléments se révélera le vrai caractère de chacun, avec ses lâchetés et ses faiblesses.
Un à un les hommes renoncent, découragés ou brisés par les ruses déroutantes de leur adversaire, jusqu’au moment où Pavel se retrouve seul à la poursuite de cette proie mystérieuse. Une étrange communion à distance semble alors s’instaurer entre ces deux êtres que tout sépare. Lorsqu’il connaîtra l’identité véritable de l’évadé, sa vie en sera bouleversée. La chasse prend une dimension exaltante, tandis qu’à l’horizon émerge l’archipel des Chantars : là où une « autre vie » devient possible, dans la fragile éternité de l’amour.
Avis
Orphelin depuis que ses parents ont été tués dans les camps, le narrateur suit un stage de geodésie à sa sorti de l'orphelinat puis envoyé à Tougour. C'est un jour où il décide d'explorer les environs qu'il remarque un homme et le suit à travers la taïga. Cet homme s'appelle Pavel et était réserviste dans l'armée russe, ce n'était pas une vocation mais bien une obligation pour lui. Il va nous conter son histoire, sa vie.
On est au temps de Staline, l'armée russe se prépare à une éventuelle troisième guerre mondiale. Pavel se retrouve en pleine simulation d'une attaque dans une sorte d'abri sous terre, échappant de peu à l'asphyxie le voilà déjà en route pour une nouvelle mission: un prisonnier s'est évadé et sera en charge avec quatre autres soldats de le récupérer. Chaque jour traquant l'évadé à travers la taïga et la nuit illuminés par les trois feux que l'évadé allume, chacun de ces cinq soldat va révéler sa véritable personnalité aidés par la boisson, par la fatigue s'installant peu à peu et par cette distance mesurée qui s'établit entre eux et l'évadé.
De nombreuses surprises attendent ces hommes notamment Pavel qui arrivera en bout de course presque illuminé par une nouvelle vie qu'il pourrait vivre sur cet archipel et par l'identité de l'évadé. Cette histoire n'est pas une sorte de récit de voyage qui multiplierait les descriptions de faunes et de flores, le dramatique tient plus de place que la rêverie. Pavel en découvrira bien plus sur lui-même en trois semaines de traques qu'en une vie entière au service de la Russie stalinienne, il découvrira l'âme humaine et le futur d'un monde en déclin.
Une fin triste et tragique qui démontre bien l'avidité de l'homme et la violence du monde.
Un beau roman et des mots choisis pour décrire la taïga et l'âme humaine, une histoire émouvante comme toujours avec cet auteur qui ne me déçoit jamais.
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