L'écrivain et tout ce qui entoure l'écriture sont des sujets qui inspirent les écrivains. Et cela débouche souvent sur des histoires flippantes ou macabres, comme si ces mêmes écrivains exorcisaient leurs propres peurs. En voici un nouvel exemple, qui joue avec les codes du fantastique, un page-turner très efficace autour d'un best-seller au succès fulgurant et aux origines sulfureuses. "Chute" (paru en grand format dans la collection Outre-Fleuve) est pour moi l'occasion de découvrir Christophe Nicolas, dont c'est le quatrième livre. Une histoire troublante dans laquelle le lecteur, comme le personnage principal, ne sait pas sur quel pied danser. Mais, la différence entre eux, c'est que le personnage principal peut prendre le lecteur pour un idiot. Ou être complètement cinglé. Alors, Thomas, êtes-vous sain d'esprit ?
On ne parle que de lui en cette rentrée littéraire. Lui, c'est Thomas Cahin, auteur de l'inattendu best-seller "Chute", qui fait un carton aussi bien critique que public. Personne ne l'avait vu arriver. Ce n'est pas le premier livre que ce jeune romancier publie, mais jusque-là, sa production, éditée par une petite maison éloignée de Paris, n'avait eu qu'un écho très discret.
Cette fois, avec ce livre paru dans une maison parisienne avec pignon sur rue, il a fait mouche. "Chute" fascine les lecteurs, les happe par son réalisme, les bouscule par son style lapidaire et les sidère par son dénouement. Thomas est en passe de quelques semaines de devenir la coqueluche du monde littéraire.
Récompense suprême, le voilà invité par Florent Bergeaud, l'animateur de "La Vie critique", l'une des émissions les plus prescriptrices du PAF, mais aussi l'une des plus sévères (et encore, Christine A. n'y officie pas encore, si vous voyez ce que je veux dire). Une entrée remarquée sur la scène médiatique et un trac du tonnerre pour saluer ça.
Thomas traverse l'émission en direct comme une espèce de mirage et, à la sortie, plutôt que de se faire raccompagner par un véhicule de la production, il décide de rentrer à pied à son hôtel, histoire de prendre l'air. Mais, sur le chemin, un incident se produit, laissant le jeune romancier décontenancé et inquiet.
A-t-il rêvé ou quelqu'un lui a-t-il vraiment lancé au visage l'accusation qu'il redoute d'entendre depuis que "Chute" a fait son arrivée dans les rayons des librairies ? Il n'en est pas sûr, il a pas mal bu en coulisses avant l'antenne, il n'a plus les idées très claires. Mais, il jurerait qu'on l'a bien accusé d'avoir volé l'histoire qui lui vaut succès, reconnaissance et droits d'auteur substantiels.
Or, c'est effectivement le cas. Ce livre, ce n'est pas lui qui l'a écrit. En fait, c'est sa femme qui a retrouvé le manuscrit par hasard, dans un carton. Elle l'a trouvé génial et il n'a pas osé lui dire que ce texte, c'était son ami d'enfance, Christophe, qui en était l'auteur. Il a rechigné à le présenter à un éditeur, se sentant coupable de trahison, avant de finalement céder.
Il n'imaginait pas que ce livre ferait un tel carton ! Et maintenant, il redoute plus que tout ce qui s'est passé ce soir-là : qu'on l'accuse d'être un voleur, un salaud. Cette voix, imaginaire ou réelle, il n'arrive pas à en être sûr, est un premier coup de semonce. Bientôt, d'autres vont suivre, mettant sous pression le jeune romancier, épuisé par le marathon médiatique et la découverte du succès.
Voilà bientôt qu'on le menace carrément. L'étau se resserre, les nerfs de Thomas se tendent de plus en plus, il ne comprend pas ce qui se passe, mais devient de plus en plus irritable, irascible, même. Alors qu'il n'aspire qu'à des vacances, du repos et un retour à l'écriture, il se retrouve embarqué dans un tourbillon qui menace de le priver de tout ce dont il a toujours rêvé d'obtenir par l'écriture.
Mais que se passe-t-il effectivement ? Quelqu'un joue-t-il avec les nerfs de Thomas pour le faire flancher, le pousser à avouer son imposture ? Ou bien, est-ce son subconscient qui lui joue des tours, poussé par la culpabilité longtemps refoulé qui rejaillit soudainement comme un geyser ? L'angoisse de Thomas est à son comble et il vire franchement parano et même brutal...
Bel exemple de mise en abyme, ce roman, car "Chute" est bien le récit de la chute de Thomas, miné par ce vol qu'il a commis sans considérer tout à fait que c'en était un. Et, peu à peu, c'est son passé qui refait surface. Des souvenirs douloureux qu'il aurait préféré laisser au fond de leur carton avec ce fichu manuscrit, tant son angoisse atteint un niveau critique.
Bien sûr, vous vous doutez que je ne vous donne pas tous les éléments dans ce résumé. Certains, comme le fait que Thomas n'est pas l'auteur de "Chute", on le sait rapidement. D'autres, et particulièrement ce fameux passé que réveillent les événements, on le découvre petit à petit. Mais, d'autres pièces du puzzle manquent au lecteur.
Et l'on se demande ce que cache vraiment Thomas. S'il ne craint pas, en cas de révélation de son imposture, que d'autres révélations bien plus embarrassantes ne le touchent. Le texte de 'Chute", tellement particulier, pourrait-il avoir un lien avec tout cela ? On se met à se poser beaucoup de questions, et on n'est pas le seul dans ce cas.
En effet, autour de la crise que traverse Thomas, crise qu'il affronte avec un manque de sang froid suspect, il faut bien le dire, d'autres événements se déroulent. Il y a les menaces, que j'ai évoquées, mais ce n'est pas tout. Et puis, un autre fil narratif apparaît bientôt, brouillant un peu plus les pistes, tout en renforçant les doutes à l'égard du romancier. Mais, de cela, je n'en dis pas plus...
Christophe Nicolas signe un thriller troublant, déroutant, car on n'a pas toutes les cartes en main et l'on peut donc imaginer tout et n'importe quoi. Il joue d'ailleurs avec des codes qui ne sont pas juste celui du thriller, mais bien du fantastique. Thomas est la proie de phénomènes étranges qu'on ne peut pas identifier avec certitude.
Tout ce qui arrive à Thomas est-il le fait d'un être de chair et de sang, un être bien vivant qui veut lui nuire ? Ou bien est-il purement et simplement en train de péter les plombs et, sans s'en rendre compte, de saboter sa carrière en plein essor par culpabilité ? Ou alors, est-il visé par des forces obscures qui cherchent à se venger de lui ?
La narration permet de poser toutes ces hypothèses, peut-être d'autres, également, car elle joue avec le lecteur. Par certains côtés, il y a un petit côté "Psychose", dans tout cela, c'est plutôt bien mené. Et c'est surtout terriblement efficace : on tourne les pages sans même s'en rendre compte, on avance rapidement, car on voudrait bien comprendre ce qui se passe et tourne au drame.
Quelles que soient les raisons, elles créent une pression phénoménale qui est en passe de faire imploser Thomas. Et c'est l'un des autres sujets forts du livre : peut-il résister et combien de temps ? Et, s'il cède, quelle sera sa réaction ? Quelles conséquences aura-t-elle ? Là aussi, il y a beaucoup d'incertitude et donc de suspense.
Avec "Chute", Christophe Nicolas s'inscrit dans la lignée des auteurs ayant écrit une histoire bien flippante sur le métier d'écrivain et ses risques. On pense bien sûr à Stephen King qui, entre "Misery", "la Part des ombres" et même "Shining", détient la palme du masochisme. Mais, en lisant "Chute", on pense aussi au "Lunar Park", de Brett Easton Ellis, tout de même sensiblement différent.
En fait, c'est un roman plus récent, évoqué sur le blog, qui m'est revenu à l'esprit en lisant le livre de Christophe Nicolas : "L'Autre reflet", de Patrick Senécal, sur lequel plane une même tension, difficilement supportable, qui enfle en même temps que les chiffres de venre. Senécal, qui avait déjà martyrisé un écrivain dans "Sur le seuil", pose, comme Christophe Nicolas, le problème du succès.
Du succès, et de comment l'appréhender. Dans les deux cas, on a un livre dont le succès, mérité sur un plan strictement littéraire, est empoisonné par des éléments extérieurs qui risquent bien de nuire à la carrière de l'écrivain, mais surtout à sa vie. Or, le goût du succès est doux, c'est un nectar, une ambroisie, quand on y a goûté, difficile de s'en passer, d'imaginer retrouver l'anonymat.
Dans le cas de Thomas, le personnage principal de "Chute", la culpabilité et la honte tiennent un rôle important dans sa manière de réagir aux événements. La honte d'avoir signé un texte écrit par un autre. Mais une culpabilité qu'on ressent sans avoir de certitude sur ses origines. Or, plus le contexte devient clair, plus on est tenté de croire que le vol du texte n'est qu'une broutille...
La structure de l'histoire, sa construction m'ont beaucoup plu. Christophe Nicolas a une manière habile de jouer avec les événements pour créer de l'incertitude chez le lecteur, pour susciter le quiproquo et, par ce biais, envenimer un peu plus la situation, enraciner un peu plus les doutes à l'encontre de Thomas et faire monter la tension d'un ou deux crans supplémentaires.
Thomas n'est pas le genre de personnage pour lequel on ressent de la sympathie. Pas parce qu'on le ressent inaccessible en raison de son succès, mais parce qu'on se dit qu'il a beaucoup à cacher. Mine de rien, les réactions brutales et impulsives du romancier jouent contre lui. Une réaction commune aux personnages et au lecteur. Et il s'enfonce, comme s'il se trouvait dans des sables mouvants.
A côté de cela, on a un personnage qui se démarque, sans avoir l'air d'y toucher, mais avec une calme détermination. Je ne peux pas, hélas, en dire plus à son sujet. Il vous faudra le découvrir en lisant "Chute". Mais il est le pendant parfait de Thomas, il n'a rien à perdre, ni même à gagner, d'ailleurs, il cherche juste quelque chose. Ah, si, un point commun, tout de même : il cherche un apaisement.
Il y a certains éléments qui me sont apparus au fil des pages. En fait, un indice m'a mis sur la voie d'une partie de la solution. Restait à assembler les pièces du puzzle, et là, c'est autre chose. Le dénouement est un peu tiré par les cheveux ? Ce sera peut-être le point de vue de certains, ce n'est pas le mien, car c'est aussi cela qui nourrit les hypothèses évoquées plus haut.
Avec "Chute", je suis entré dans l'univers de Christophe Nicolas et je m'y suis bien senti. "Un Autre" (paru initialement aux défuntes éditions du Riez, que je salue au passage) et "le Camp" attendent sagement que je m'intéresse à leur cas. Ce ne sera pas pour tout de suite, mais il est certain que je m'y lancerai avec plaisir et curiosité.
On ne parle que de lui en cette rentrée littéraire. Lui, c'est Thomas Cahin, auteur de l'inattendu best-seller "Chute", qui fait un carton aussi bien critique que public. Personne ne l'avait vu arriver. Ce n'est pas le premier livre que ce jeune romancier publie, mais jusque-là, sa production, éditée par une petite maison éloignée de Paris, n'avait eu qu'un écho très discret.
Cette fois, avec ce livre paru dans une maison parisienne avec pignon sur rue, il a fait mouche. "Chute" fascine les lecteurs, les happe par son réalisme, les bouscule par son style lapidaire et les sidère par son dénouement. Thomas est en passe de quelques semaines de devenir la coqueluche du monde littéraire.
Récompense suprême, le voilà invité par Florent Bergeaud, l'animateur de "La Vie critique", l'une des émissions les plus prescriptrices du PAF, mais aussi l'une des plus sévères (et encore, Christine A. n'y officie pas encore, si vous voyez ce que je veux dire). Une entrée remarquée sur la scène médiatique et un trac du tonnerre pour saluer ça.
Thomas traverse l'émission en direct comme une espèce de mirage et, à la sortie, plutôt que de se faire raccompagner par un véhicule de la production, il décide de rentrer à pied à son hôtel, histoire de prendre l'air. Mais, sur le chemin, un incident se produit, laissant le jeune romancier décontenancé et inquiet.
A-t-il rêvé ou quelqu'un lui a-t-il vraiment lancé au visage l'accusation qu'il redoute d'entendre depuis que "Chute" a fait son arrivée dans les rayons des librairies ? Il n'en est pas sûr, il a pas mal bu en coulisses avant l'antenne, il n'a plus les idées très claires. Mais, il jurerait qu'on l'a bien accusé d'avoir volé l'histoire qui lui vaut succès, reconnaissance et droits d'auteur substantiels.
Or, c'est effectivement le cas. Ce livre, ce n'est pas lui qui l'a écrit. En fait, c'est sa femme qui a retrouvé le manuscrit par hasard, dans un carton. Elle l'a trouvé génial et il n'a pas osé lui dire que ce texte, c'était son ami d'enfance, Christophe, qui en était l'auteur. Il a rechigné à le présenter à un éditeur, se sentant coupable de trahison, avant de finalement céder.
Il n'imaginait pas que ce livre ferait un tel carton ! Et maintenant, il redoute plus que tout ce qui s'est passé ce soir-là : qu'on l'accuse d'être un voleur, un salaud. Cette voix, imaginaire ou réelle, il n'arrive pas à en être sûr, est un premier coup de semonce. Bientôt, d'autres vont suivre, mettant sous pression le jeune romancier, épuisé par le marathon médiatique et la découverte du succès.
Voilà bientôt qu'on le menace carrément. L'étau se resserre, les nerfs de Thomas se tendent de plus en plus, il ne comprend pas ce qui se passe, mais devient de plus en plus irritable, irascible, même. Alors qu'il n'aspire qu'à des vacances, du repos et un retour à l'écriture, il se retrouve embarqué dans un tourbillon qui menace de le priver de tout ce dont il a toujours rêvé d'obtenir par l'écriture.
Mais que se passe-t-il effectivement ? Quelqu'un joue-t-il avec les nerfs de Thomas pour le faire flancher, le pousser à avouer son imposture ? Ou bien, est-ce son subconscient qui lui joue des tours, poussé par la culpabilité longtemps refoulé qui rejaillit soudainement comme un geyser ? L'angoisse de Thomas est à son comble et il vire franchement parano et même brutal...
Bel exemple de mise en abyme, ce roman, car "Chute" est bien le récit de la chute de Thomas, miné par ce vol qu'il a commis sans considérer tout à fait que c'en était un. Et, peu à peu, c'est son passé qui refait surface. Des souvenirs douloureux qu'il aurait préféré laisser au fond de leur carton avec ce fichu manuscrit, tant son angoisse atteint un niveau critique.
Bien sûr, vous vous doutez que je ne vous donne pas tous les éléments dans ce résumé. Certains, comme le fait que Thomas n'est pas l'auteur de "Chute", on le sait rapidement. D'autres, et particulièrement ce fameux passé que réveillent les événements, on le découvre petit à petit. Mais, d'autres pièces du puzzle manquent au lecteur.
Et l'on se demande ce que cache vraiment Thomas. S'il ne craint pas, en cas de révélation de son imposture, que d'autres révélations bien plus embarrassantes ne le touchent. Le texte de 'Chute", tellement particulier, pourrait-il avoir un lien avec tout cela ? On se met à se poser beaucoup de questions, et on n'est pas le seul dans ce cas.
En effet, autour de la crise que traverse Thomas, crise qu'il affronte avec un manque de sang froid suspect, il faut bien le dire, d'autres événements se déroulent. Il y a les menaces, que j'ai évoquées, mais ce n'est pas tout. Et puis, un autre fil narratif apparaît bientôt, brouillant un peu plus les pistes, tout en renforçant les doutes à l'égard du romancier. Mais, de cela, je n'en dis pas plus...
Christophe Nicolas signe un thriller troublant, déroutant, car on n'a pas toutes les cartes en main et l'on peut donc imaginer tout et n'importe quoi. Il joue d'ailleurs avec des codes qui ne sont pas juste celui du thriller, mais bien du fantastique. Thomas est la proie de phénomènes étranges qu'on ne peut pas identifier avec certitude.
Tout ce qui arrive à Thomas est-il le fait d'un être de chair et de sang, un être bien vivant qui veut lui nuire ? Ou bien est-il purement et simplement en train de péter les plombs et, sans s'en rendre compte, de saboter sa carrière en plein essor par culpabilité ? Ou alors, est-il visé par des forces obscures qui cherchent à se venger de lui ?
La narration permet de poser toutes ces hypothèses, peut-être d'autres, également, car elle joue avec le lecteur. Par certains côtés, il y a un petit côté "Psychose", dans tout cela, c'est plutôt bien mené. Et c'est surtout terriblement efficace : on tourne les pages sans même s'en rendre compte, on avance rapidement, car on voudrait bien comprendre ce qui se passe et tourne au drame.
Quelles que soient les raisons, elles créent une pression phénoménale qui est en passe de faire imploser Thomas. Et c'est l'un des autres sujets forts du livre : peut-il résister et combien de temps ? Et, s'il cède, quelle sera sa réaction ? Quelles conséquences aura-t-elle ? Là aussi, il y a beaucoup d'incertitude et donc de suspense.
Avec "Chute", Christophe Nicolas s'inscrit dans la lignée des auteurs ayant écrit une histoire bien flippante sur le métier d'écrivain et ses risques. On pense bien sûr à Stephen King qui, entre "Misery", "la Part des ombres" et même "Shining", détient la palme du masochisme. Mais, en lisant "Chute", on pense aussi au "Lunar Park", de Brett Easton Ellis, tout de même sensiblement différent.
En fait, c'est un roman plus récent, évoqué sur le blog, qui m'est revenu à l'esprit en lisant le livre de Christophe Nicolas : "L'Autre reflet", de Patrick Senécal, sur lequel plane une même tension, difficilement supportable, qui enfle en même temps que les chiffres de venre. Senécal, qui avait déjà martyrisé un écrivain dans "Sur le seuil", pose, comme Christophe Nicolas, le problème du succès.
Du succès, et de comment l'appréhender. Dans les deux cas, on a un livre dont le succès, mérité sur un plan strictement littéraire, est empoisonné par des éléments extérieurs qui risquent bien de nuire à la carrière de l'écrivain, mais surtout à sa vie. Or, le goût du succès est doux, c'est un nectar, une ambroisie, quand on y a goûté, difficile de s'en passer, d'imaginer retrouver l'anonymat.
Dans le cas de Thomas, le personnage principal de "Chute", la culpabilité et la honte tiennent un rôle important dans sa manière de réagir aux événements. La honte d'avoir signé un texte écrit par un autre. Mais une culpabilité qu'on ressent sans avoir de certitude sur ses origines. Or, plus le contexte devient clair, plus on est tenté de croire que le vol du texte n'est qu'une broutille...
La structure de l'histoire, sa construction m'ont beaucoup plu. Christophe Nicolas a une manière habile de jouer avec les événements pour créer de l'incertitude chez le lecteur, pour susciter le quiproquo et, par ce biais, envenimer un peu plus la situation, enraciner un peu plus les doutes à l'encontre de Thomas et faire monter la tension d'un ou deux crans supplémentaires.
Thomas n'est pas le genre de personnage pour lequel on ressent de la sympathie. Pas parce qu'on le ressent inaccessible en raison de son succès, mais parce qu'on se dit qu'il a beaucoup à cacher. Mine de rien, les réactions brutales et impulsives du romancier jouent contre lui. Une réaction commune aux personnages et au lecteur. Et il s'enfonce, comme s'il se trouvait dans des sables mouvants.
A côté de cela, on a un personnage qui se démarque, sans avoir l'air d'y toucher, mais avec une calme détermination. Je ne peux pas, hélas, en dire plus à son sujet. Il vous faudra le découvrir en lisant "Chute". Mais il est le pendant parfait de Thomas, il n'a rien à perdre, ni même à gagner, d'ailleurs, il cherche juste quelque chose. Ah, si, un point commun, tout de même : il cherche un apaisement.
Il y a certains éléments qui me sont apparus au fil des pages. En fait, un indice m'a mis sur la voie d'une partie de la solution. Restait à assembler les pièces du puzzle, et là, c'est autre chose. Le dénouement est un peu tiré par les cheveux ? Ce sera peut-être le point de vue de certains, ce n'est pas le mien, car c'est aussi cela qui nourrit les hypothèses évoquées plus haut.
Avec "Chute", je suis entré dans l'univers de Christophe Nicolas et je m'y suis bien senti. "Un Autre" (paru initialement aux défuntes éditions du Riez, que je salue au passage) et "le Camp" attendent sagement que je m'intéresse à leur cas. Ce ne sera pas pour tout de suite, mais il est certain que je m'y lancerai avec plaisir et curiosité.