« Kafka sur le rivage » de Haruki Murakami

Par Nina @LecturesdeNina


Résumé :

Un adolescent, Kafka Tamura, quitte la maison familiale de Tokyo pour échapper à une malédiction œdipienne proférée par son père. De l’autre côté de l’archipel, Nakata, un vieil homme amnésique, décide lui aussi de prendre la route. Leurs deux destinées s’entremêlent pour devenir le miroir l’une de l’autre, tandis que, sur leur chemin, la réalité bruisse d’un murmure envoûtant.

Mon avis : ♥♥♥♥♥

Lorsque j’ai commencé cette lecture, je ne m’attendais pas du tout à cela. Une amie me l’a conseillé et en me lançant dans l’aventure Murakami dont j’avais souvent entendu le nom, étrangement je ne pensais pas : fantastique ! Imaginez donc ma surprise quand Nakata se met à discuter avec un chat, une belle surprise d’ailleurs qui m’a laissé étonné et rêveuse (et oui, un rêve de petite fille ! Comme dans Sailor Moon, je parle souvent à mes chats, m’enfin je comprends pas ils ne me répondent jamais, les bougres !!). La suite m’a hypnotisé bien que parfois j’étais plus dans le cauchemar que dans le rêve ! Mais maintenant que le postulat de base est posé, passons à la suite…
Kafka et Nakata, que rien ne lie de primes abords, prennent tous deux la route pour des raisons différentes. Mais la quête ou la sortie de ce labyrinthe sera la même, celle d’eux-même. C’est donc une quête initiatique des deux personnages qui se trouve dans ces pages. Si l’un fuit la maison parentale pour éviter la malédiction prophétique émise par son père, à savoir « tu tueras ton père puis coucheras avec ta mère et ta sœur« , l’autre prend la route suite à un meurtre qu’il a commis et pour remettre en place ce qui à été déplacé dans sa jeunesse. Bon tout cela reste confus, je vous l’accorde, mais c’est aussi la beauté du livre. Cet ouvrage est dur à conter, il se lit et se vit…
En effet, Murakami joue avec le fil sensible qui sépare la réalité du rêve et du fantastique. Avec de nombreuses métaphores, il navigue entre onirisme et réalité nous laissant parfois un peu dans l’obscur et donnant ainsi la possibilité au lecteur de sa pleine imagination. Si bien que tout le mystère ne s’éclaire pas entièrement même à la fin. En clair, il nous donne un élan et nous laisse vivre notre lecture. Je pense que chacun à sa propre émotion dans ses pages, chaque scène résonnant en nous face à notre expérience et à ce qui nous touche. Le mystère retient d’abord notre attention, puis la magie de cette douce avancée fantastique nous prends, nous hypnotise et tisse une toile de plus en plus épaisse dont on ne veut plus s’échapper. Il nous enivre de sa plume qui semble nous dire : « Tout est possible ».
Et au-delà de cette brume mystérieuse et divine dont parfois les passages sont insoutenables, d’où mon utilisation de cauchemar au début, l’auteur nous livre une montagne de références littéraires et culturelles. Tout d’abord prenons le prénom du personnage central, Kafka qui a lui-même choisit ce nom pour sa fuite. Celui-ci est plein de sens si l’on reprend les œuvres du célèbre auteur thèque homonyme : « La Métamorphose » comme le nom de l’oeuvre l’indique, mais aussi l’idée du labyrinthe dans « Le Château » et la peinture brute de la condition humaine dans la presque totalité de ses œuvres. Ensuite, parlons du récit lui-même qui reprend le mythe d’œdipe et se construit autour de lui comme une tragédie grecque, une sorte d’épopée contemporaine. Et pour finir, Kafka étant un grand lecteur et s’installant dans une bibliothèque, les références littéraires défilent donc pour le plus grand bonheur de son lectorat.
Murakami est en conclusion un ovni divin que je ne peux que vous conseiller si vous n’avez pas encore tenté l’expérience. Car que l’on aime ou que l’on déteste, on ne peut nier qu’il a une patte bien à lui qui le rend unique en son genre dans notre si chère littérature.