Je vous présente aujourd'hui un nouveau roman de la rentrée littéraire 2017, qui paraîtra le 17 août aux Editions Belfond.La couverture et le titre seront sans doute de nature à attirer le lectorat, le synopsis ne démérite pas non plus, et la lecture vaut le détour.
Libres pensées...
Rodolphe Meyer a été un grand violoniste, et il a tout perdu.
A la mort d'Emilie, sa tante, il retourne sur les lieux de son enfance, dans ce pays où la rumeur d'un enfant sauvage qui aurait autrefois été trouvé là est encore fortement ancrée, et où il se retrouve peu à peu aux prises avec lui-même, et son gouffre intérieur.
Lorsqu'il est confronté à des événements inexpliqués, le mythe de Victor, l'enfant sauvage, resurgit, conforté par le voisinage : Victor existerait bel et bien, et serait même lié à Rodolphe...
Le récit proposé par l'auteur mêle beaucoup de belles choses, à commencer par la réflexion autour de l'ascension et de la chute, mais aussi l'analyse de la relation entre Rodolphe et son père, qui a pris pour lui toutes les décisions importantes de sa vie - jusqu'au choix de son violon -, l'en dépossédant ainsi. Ce n'est que retombant dans l'anonymat que Rodolphe pourra enfin choisir le violon qui lui convient, le dernier violon de Menuhin, violoniste qu'il admire profondément.
A l'introspection à laquelle se livre Rodolphe, se superpose l'intrigue liée à la présence de Victor, cet être que l'on peine à appréhender, qui suscite à la fois la compassion, voire la sympathie, et la peur (les villageois croyant fermement que celui qui entend son chant se verra ravir son âme par l'enfant sauvage), ce qui est pour le moins paradoxal.
En filigranes, le fantôme de l'Amour de Rodolphe revient le hanter, comme le hantent les fantômes de ses proches à présent disparus - Emilie, bien sûr, mais aussi ses parents et son frère.
Rodolphe ressemble à une figure venue de temps anciens, inadaptée au monde l'entourant, qu'il s'agisse de la ville qui l'a rejetée après son choix de se retirer de la scène, ou de la campagne, dont il voudrait partir lui-même, et où Victor semble le retenir contre son gré.
C'est bien entendu la dualité tissée entre Rodolphe et Victor qui retient le plus l'attention, et qui apporte au récit une profondeur en jouant sur la symbolique de l'homme civilisé et de l'enfant sauvage, allant jusqu'à les confronter l'un à l'autre.
L'écriture fluide et la structure alternant les temporalités maintiennent l'intérêt du lecteur, et la curiosité à l'égard de Rodolphe, que l'on sent torturé, et qui ne livre ses secrets qu'au fil des pages.
Une belle découverte !
Pour vous si...
Morceaux choisis
"Dans ses moments d'oisiveté, il pouvait passer des heures à regarder les gens s'agiter sans logique apparente. En réalité, il les écoutait plus qu'il ne les observait. Chacun sa musique, chacun son accord: mineur ou majeur, cela dépendait d'une bouille, d'un double menton, d'une croupe bien balancée."
"Meyer avait tant de fois redouté de poser un baiser sur les joues creuses d'Emilie. Il s'était dit que le temps n'aurait pas dû vider un si beau visage de tout le gras qui le faisait magnifique. Embrasser la vieillesse, c'est comme goûter du bout des lèvres ce que la vie vous réserve. La mort."
"Mon père m'avait imposé le Milanello, une voix, une corde vocale en dehors de moi. Un violon n'est autre que votre voix, votre musique intime."
Note finale3/5(cool)
Libres pensées...
Rodolphe Meyer a été un grand violoniste, et il a tout perdu.
A la mort d'Emilie, sa tante, il retourne sur les lieux de son enfance, dans ce pays où la rumeur d'un enfant sauvage qui aurait autrefois été trouvé là est encore fortement ancrée, et où il se retrouve peu à peu aux prises avec lui-même, et son gouffre intérieur.
Lorsqu'il est confronté à des événements inexpliqués, le mythe de Victor, l'enfant sauvage, resurgit, conforté par le voisinage : Victor existerait bel et bien, et serait même lié à Rodolphe...
Le récit proposé par l'auteur mêle beaucoup de belles choses, à commencer par la réflexion autour de l'ascension et de la chute, mais aussi l'analyse de la relation entre Rodolphe et son père, qui a pris pour lui toutes les décisions importantes de sa vie - jusqu'au choix de son violon -, l'en dépossédant ainsi. Ce n'est que retombant dans l'anonymat que Rodolphe pourra enfin choisir le violon qui lui convient, le dernier violon de Menuhin, violoniste qu'il admire profondément.
A l'introspection à laquelle se livre Rodolphe, se superpose l'intrigue liée à la présence de Victor, cet être que l'on peine à appréhender, qui suscite à la fois la compassion, voire la sympathie, et la peur (les villageois croyant fermement que celui qui entend son chant se verra ravir son âme par l'enfant sauvage), ce qui est pour le moins paradoxal.
En filigranes, le fantôme de l'Amour de Rodolphe revient le hanter, comme le hantent les fantômes de ses proches à présent disparus - Emilie, bien sûr, mais aussi ses parents et son frère.
Rodolphe ressemble à une figure venue de temps anciens, inadaptée au monde l'entourant, qu'il s'agisse de la ville qui l'a rejetée après son choix de se retirer de la scène, ou de la campagne, dont il voudrait partir lui-même, et où Victor semble le retenir contre son gré.
C'est bien entendu la dualité tissée entre Rodolphe et Victor qui retient le plus l'attention, et qui apporte au récit une profondeur en jouant sur la symbolique de l'homme civilisé et de l'enfant sauvage, allant jusqu'à les confronter l'un à l'autre.
L'écriture fluide et la structure alternant les temporalités maintiennent l'intérêt du lecteur, et la curiosité à l'égard de Rodolphe, que l'on sent torturé, et qui ne livre ses secrets qu'au fil des pages.
Une belle découverte !
Pour vous si...
- Vous êtes vous aussi un adorateur de Yehudi Menuhin.
- Sinon, vous aimez bien les légendes villageoises.
Morceaux choisis
"Dans ses moments d'oisiveté, il pouvait passer des heures à regarder les gens s'agiter sans logique apparente. En réalité, il les écoutait plus qu'il ne les observait. Chacun sa musique, chacun son accord: mineur ou majeur, cela dépendait d'une bouille, d'un double menton, d'une croupe bien balancée."
"Meyer avait tant de fois redouté de poser un baiser sur les joues creuses d'Emilie. Il s'était dit que le temps n'aurait pas dû vider un si beau visage de tout le gras qui le faisait magnifique. Embrasser la vieillesse, c'est comme goûter du bout des lèvres ce que la vie vous réserve. La mort."
"Mon père m'avait imposé le Milanello, une voix, une corde vocale en dehors de moi. Un violon n'est autre que votre voix, votre musique intime."
Note finale3/5(cool)