Old Man Logan certes, mais ici il est question de l'histoire liée à l'événement Secret Wars. Qui est aussi le prélude à la série régulière qui a suivi, écrite par Jeff Lemire. En tous les cas, du vieux Logan, ça ne se refuse pas, sur le principe. Avec son corollaire indispensable, à savoir une violence crue, un sentiment de fin du monde imminente, de désolation un peu partout. Sur la planète du Battleword, Brian Bendis renoue les fils de l'intrigue là où nous l'avions laissée, plus ou moins, avec Mark Millar. Cette version de Logan là, usé mais toujours tranchant, est d'une classe folle. A la croisée des chemins entre Clint Eastwood et Mad Max, on le voit traîner sa nonchalance meurtrière, qu'il s'agisse d'aller régler leur compte à des truands qui marchandent la vie humaine à coups de partie de poker, ou bien lorsqu'il rencontre une Emma Frost vieillissante et vulnérable, avec laquelle il a un dialogue et une scène qui résument la quintessence du style du scénariste, lorsqu'il est dans ses bons jours. Il ne se passe pourtant pas une multitude de choses dans ces numéros. Nous y trouvons de nombreux clins d'oeil à l'histoire cinquantenaire de Marvel, à la carrière même de Bendis (un des malfrats déguisé en Daredevil, dès le premier épisode, parce que ça fait cool), et nous y découvrons surtout un héros sombre et très bien caractérisé, qui en une vingtaine de pages assume une dimension presque mythologique tant il suinte le charisme et l'assurance. Une tête d'Ultron qui dégringole venue d'on ne sait où, un Logan qui fait le mur (littéralement) et décide d'aller voir de l'autre coté, dans des contrées qui lui sont interdites, et où une version alternative de Thor l'attend... le périple peut commencer.
Disons le clairement, une des raisons de se pencher sur cette parution est que le dessinateur (Andrea Sorrentino) est un artiste talentueux, qui se sublime pour sortir des planches à couper le souffle. On adore le découpage faramineux, la capacité d'isoler des détails pour magnifier la vue d'ensemble, le travail de dingue du coloriste (Marcelo Maiolo) qui a tout compris des intentions de Sorrentino, qui réalise ici son oeuvre la plus aboutie. On avait perçu une évolution décisive et intrigante sur les pages de Green Arrow, mais là, c'est une consécration, une intronisation! Ses détracteurs pointent du doigt l'usage exagéré de photos, qui servent de point de départ à une adaptation dessinée, mais il n'est pas le seul artisan à oeuvrer de la sorte, et ce qui est évident, c'est le produit fini, la manière d'instaurer une ambiance, de créer un univers visuel immédiatement identifiable.Ce Old Man Logan est donc sympathique à lire. Le héros est l'electron libre, celui qui ne se contente pas de vivre des aventures confinées dans un des territoires du Battleword, mais s'en va se balader là où il ne devrai pas, avec une mission finale à accomplir. Dificile dès lors pour Bendis d'écrire quelque chose de capital, sans à son tour empiéter sur le territoire des autres scénaristes, occupés avec leur propre portion de cet univers à ronger. Ce qui explique que les enjeux restent toujours modestes, de l'ordre de l'intime, de la blessure et de la souffrance personnelle, avec un héros rongé par la culpabilité, plongé dans une solitude inénarrable, qui va traverser ce monde dystopique comme le plus dangereux des outsiders. Vous savez quoi? On l'aime bien ce Vieux Logan, et jusque là l'ancien ne nous manque pas plus que cela.
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