Cet autre amour – Dominique Dyens

Par Mélanie @Lismoisituveux

Parmi les titres de cette rentrée littéraire, le nouveau roman de Dominique Dyens, Cet autre amour (Robert Laffont, 17 août 2017) a retenu toute mon attention. Je l’ai repéré et lu grâce à NetGalley, avec l’accord de l’éditeur.

Le résumé de ce livre promet une histoire d’amour toute sauf ordinaire, ce qui a principalement éveillé ma curiosité. 

Je peux déjà vous dire que ce livre a suscité en moi un profond intérêt. Bien plus que je ne l’aurais pensé en débutant ma lecture. 

Découvrons maintenant ce qu’en dit l’éditeur…


« L’histoire que je m’apprête à raconter est une histoire d’amour. Une vraie, une incroyable histoire d’amour, qui m’a saisie par surprise et à laquelle il m’a été impossible de résister. Pendant deux longues années, peut-être davantage, j’ai mené une double vie. Je parlerais plutôt d’une vie double, c’est-à-dire fragmentée, divisée entre une vie conjugale heureuse, ouverte au regard des autres, et une vie intime, secrète, qui a puisé son inspiration dans les profondeurs de mon inconscient. »

Quel est ce lien d’amour unique qui unit un(e) patient(e) à son (sa) psychanalyste ? C’est donc ça, le transfert? Telle est la question que tente de cerner la narratrice de Cet autre amour lorsque, amenée à entreprendre une thérapie à la suite d’un choc émotionnel violent, elle tombe amoureuse de son analyste. Ce récit à la fois pudique et cru d’un amour hors du commun rend un vibrant hommage à la fascinante aventure affective et intellectuelle qu’est la psychanalyse.

A la suite d’un choc émotionnel violent, la narratrice est victime d’un stress post-traumatique. Un mal-être s’installe au plus profond d’elle-même. Observant les effets bénéfiques d’une thérapie menée par son mari, elle décide de consulter un psychanalyste, après avoir un temps refusé l’idée. Tout commencera ici, dans un cabinet de consultations. La naissance d’un amour, interdit de surcroît, qui lui échappera complètement. Confusion des sentiments, élans incontrôlés, envers cet homme dont elle ne sait rien mais dont elle veut tout.

A première vue, c’est un roman qui sort des sentiers battus de ce que j’ai pour habitude de lire. Cependant, la curiosité l’a emportée. J’ai suivi avec appréhension la relation que la narratrice entretiendra avec son psychanalyste, tout au long de sa cure analytique.

En psychanalyse, on appelle « transfert » la relation spéciale qui unit un(e) analysant(e) à son thérapeute. L’analysant(e) reporte sur son psy des sentiments ressentis par le passé dans d’autres contextes mal vécus. Une situation peu banale et mal définie pour qui n’est pas du milieu de la psychanalyse. Le transfert que fait la narratrice envers son psychanalyste symbolise tout l’enjeu de ce roman

C’est l’histoire d’une expérience, d’une femme tombée dans ce qu’elle nomme elle-même une quatrième dimension affective, qui oscille sans cesse entre irrationalité et lucidité. Celle d’un amour impossible. Cet autre amour, comme elle aime à le répéter. Le lecteur est rapidement emporté au cœur de l’intime, dans une sorte de relation privilégiée entre la narratrice et lui.

Ce livre n’a pas vocation à être un documentaire sur la psychanalyse. Il ne détaille pas sous toutes ses coutures les tenants et les aboutissants de ce qu’est une cure analytique. Il aborde néanmoins avec justesse la complexité d’une relation amoureuse interdite et mal identifiée, et de ce qu’implique pour les deux parties un travail analytique.

L’histoire est finement menée, l’écriture est précise. L’amour est donc abordé sous sa forme la plus mystérieuse, à l’image de l’inconscient humain et de ce que recouvre précisément la notion de transfert amoureux. Dominique Dyens, via son personnage principal, ne manque jamais d’attiser l’intérêt du lecteur, qui ne décroît pas jusqu’aux dernières pages.

Toutefois, au-delà du sujet initial, on perçoit en filigrane tout un questionnement autour de l’écriture et du travail de romancier. C’est un thème qui revient fréquemment dans l’histoire, la narratrice étant elle-même écrivaine. Qui plus est, des références aux précédents romans de Dominique Dyens ponctuent la narration. On se demande alors inévitablement : quelle est la part d’autobiographie mise dans cette fiction ? Les motivations de la narratrice, qui ont permis d’aboutir à la création du roman, sont-elles les mêmes pour l’auteure ? Ces questions resteront en suspens.

En conclusion, un livre à ne pas rater, parmi toutes les nouveautés de la rentrée.