L’été infini de Madame Nielsen

Par Caroline @Lounapil
L'été infini de Madame Nielsen, Publié aux éditions Noir sur Blanc, 2017, 169 pages.

L'été infini est un roman sur le destin, la fatalité.
Un groupe d'adolescents dans le Danemark des années 1980 désirent devenir artistes, et sont persuadés de connaître bientôt une " destinée fulgurante ". Ensemble, ils vont vivre un " été infini ", à la ferme blanche d'une campagne danoise, où le temps est suspendu, rythmé par l'histoire d'amour tumultueuse et tragique qui se tisse entre la mère et un ami de sa fille.

Merci à Babelio et aux éditions Noir sur Blanc de m'avoir fait parvenir ce titre de leur très belle collection Nota/blia. Je salue d'abord le travail d'édition. Outre la magnifique couverture de ce roman, j'en ai apprécié la mise en page. Ce livre m'a aussi permis de découvrir l'auteure danoise Madame Nielsen, une auteure née homme. Prolifique et reconnue dans son pays, Madame Nielsen écrit des romans, des pièces de théâtre et fait régulièrement des performances. Une auteure à multiple visage donc, tout comme l'est son roman finalement.

L'été infini est un petit livre qui déroute dans un premier temps. En effet, il n'y a pas de chapitres. Tout au plus des sauts de ligne entre les paragraphes. Il y a surtout ces très longues phrases qui courent parfois sur plusieurs pages et qui m'ont évidemment fait penser à Proust ou à Joyce. L'auteur dresse le portrait d'une famille danoise qui vit dans une sorte de manoir assez reculé. Si le beau-père taciturne et inquiétant décampe rapidement, la petite famille se regroupe autour de la figure de la mère, plutôt étrange elle aussi. Cette dernière passe ses journées sur son grand étalon à parcourir la campagne tandis que les enfants vivent leur vie au gré des rencontres.

Il ne se passe donc pas énormément de choses dans ce roman. On suit la vie de cette famille à travers les amours des uns et des autres, à travers ce qu'ils appellent leur " été infini ", un temps de tous les possibles: le temps de la jeunesse, de la beauté, de l'insouciance, de l'amour. Si le début du livre m'a déroutée, je me suis fait assez rapidement à cette manière de raconter, de développer une idée en la laissant s'allonger, se tortiller, prendre des détours. Je ne pense pas me rappeler de l'histoire des personnages avec exactitude mais à l'issue de ma lecture, je garde le souvenir d'une écriture lumineuse faite d'images éclatantes et parfois à l'inverse très sombre, presque inquiétante.

L'été infini est un petit ouvrage qui vaut le détour pour sa langue et ses images très belles, une part d'onirisme teintée d'ombres...