Marlène
Philippe Djian
Gallimard
2 mars 2017
224 pages
Djian, très souvent j’aime, mais parfois, non. Alors aborder un nouveau roman de l’auteur, c’est toujours me demander si je vais être emportée ou pas, s’il va m’agacer ou au contraire me ravir.
Je n’ai pas aimé Chéri-Chéri, mais j’ai adoré Oh !, j’ai aimé Love song… sans parler des autres.
Dans ce roman qui pourrait se situer aux Etats-Unis, mais qui n’en dit rien, on suit le parcours de deux vétérans de l’Afghanistan, amis d’enfance, et de leurs femmes (enfin, pas tout à fait, la femme de l’un, la sœur de la femme de l’un et la fille de l’un et de sa femme… Z’avez compris ?). Ce sont évidemment des hommes blessés, cabossés, mal dans leur peau (comment pourrait-il en être autrement ?) mais les femmes ne vont pas mieux, elles se cherchent, elles ne se trouvent pas, elles divaguent et font des vagues.
Le roman est sombre, et plus on avance, plus il fait noir jusqu’à la fin qui est, à mon goût, parfaite.
Beaucoup d’ellipses, comme d’habitude avec Djian. Ca maintient le lecteur en éveil et ça aiguise sa curiosité. On suit des événements sans plus d’explications que ça, on passe d’une phrase à l’autre d’un lieu à un autre, d’un personnage à un autre, sans prévenir. Les dialogues ne sont pas ponctués, au lecteur, encore une fois, d’être attentif. Ce n’est pas pour me déplaire, bien au contraire. Avec Djian, on n’est pas dans l’explication, dans la démonstration, mais plutôt dans la suggestion, dans une ambiance.
Malgré cela, j’ai eu l’impression que tout était effleuré, je suis restée sur ma faim, avec une impression amère que ce survol ne m’avait pas apporté grand-chose. J’aurais aimé un peu plus de profondeur, un peu plus de densité, que les caractères soient un peu plus fouillés, que l’intrigue soit un peu plus développée. Je ressors de cette lecture avec un sentiment mi-figue, mi-raisin.
Je l’ai lu avec plaisir, rapidement (peut-être trop d’ailleurs), mais j’ai bien peur de l’oublier tout aussi rapidement.