Premier roman de la rentrée littéraire que je lis, premier roman de Katie Kitamura traduit en français.J’ai aimé sans aimer ce roman.
Tout d’abord l’absence de prénom de la narratrice, oui on pourrait s’identifier à elle puisqu’elle parle à la première du singulier, mais j’ai lu le roman comme la narratrice le fait en réfléchissant à son mariage, très extérieur.
Si vous aimez l’action, ce ne sera pas le roman qui vous conviendra. En effet, nous suivons la narratrice lors d’un voyage en Grèce, dans la région du sud du Péloponnèse, dans la Magne. Elle y va suite à un coup de téléphone de Isabelle, sa belle-mère, qui est sans nouvelle de son fils depuis 2 semaines. Comment expliquer à cette mère inquiète que Christopher et elle sont séparés depuis 6 mois, que Christopher, son époux, a tenu à garder cachée cette information. Elle ne se sent pas de le faire et se rend donc sur place là où son mari est censé être afin de lui dire de vive voix qu’il est temps de prononcer le divorce. Arrivée dans l’hôtel Christopher n’est pas là. Peu à peu en attendant Christopher, seule, dans un village qu’elle ne connaît pas elle va s’interroger sur son mariage. Ont-ils pris la bonne décision ? Que veut dire le mot : je le veux et jusqu’à ce que la mort nous sépare ?
« Lorsque nous sommes enfants, les mots sont plus légers que l’air : je crie je te déteste et ça ne veut rien dire, tout comme je t’aime. Mais à l’âge adulte, ces mots sont choisis avec le plus grand soin, ils ne glissent plus sur nos lèvres avec la même facilité. Je le veux en est un autre exemple (...) »« (...) je le veux resterait à jamais liées à une autre, archaïque tout autant qu’insensée, jusqu’à ce que la mort nous sépare (...) »
Elle s’interroge, et moi, femme et épouse, je n’ai pu m’empêcher de réfléchir aussi au sens de ces mots même si je suis heureuse, que nous venons de fêter nos 15 ans de mariage, je n’avais jamais réfléchi à ces mots qui, c’est vrai, nous les prononçons innocemment enfant, mais bien différemment adulte. Notre narratrice part sur les pas de Christopher, auteur d’essai, il est en train d’écrire un livre sur le deuil et ses différents rites, il était apparemment là-bas pour ces recherches sur « les pleureuses » une traduction ancestrale grecque que je ne connaissais pas du tout et qui m’a intéressée. La rencontre avec la grand-tante de Stephano, le conducteur de taxi, elle-même pleureuse m’a mis les frissons. La moitié du livre s’écoule doucement, nous suivons la narratrice, Maria la réceptionniste, Kostas le maître d’hôtel et Stephano. Ensuite, il y a un twist que je n’avais pas vu venir. Je m’attendais à toute autre chose.
L’écriture de l’auteure Katie Kitamura est imagée et poétique, parfois un brin cynique, mais toujours très terre à terre, la narratrice livre ses réflexions comme si elle vous parlait à vous lecteur. C’est ce que j’ai le plus aimé dans ce roman, l’écriture. Il m’a manqué d’attachement aux personnages, je suis restée en retrait, à aucun moment je ne me suis retrouvée dans cette région du Péloponnèse. Peu de descriptions des paysages empêchent d’imaginer les lieux.
À la fois roman avec un suspens qui est maintenu jusqu’au bout du roman (en grande partie) et à la fois essais sur l’amour, le mariage, la mort.
Je relirai un autre roman de l’auteure afin de voir si c’est son style ou s’il y’a plus d’actions dans les autres livres.
À lire si vous aimez les livres d’introspection et que l’absence de descriptions et d’actions ne vous dérange pas.
Les pleureuses de Katie Kitamura - roman contemporain - Littérature étrangère, auteure américaine - Édition Stock, collection La cosmopolite - 304 pages, 21.50€ - en librairie le 23 août 2017