LC avec La Labyrinthèque – « Khadija » de Marek Halter
LC avec La Labyrinthèque – « Khadija » de Marek Halter
Résumé :
Khadija, prospère femme d affaires, est veuve. Pour conserver sa place au sein de la communauté des riches marchands de La Mecque, elle doit se remarier. Contre toute attente, son choix se porte sur un homme pauvre, inconnu et illettré : Muhammad ibn Abdallah. En dix ans de bonheur, le couple s affirme dans la société mecquoise. Khadija s’impose comme une femme d exception, tandis que la modération et la sagesse de Muhammad conquièrent les puissants. Mais une série de tragédies s’abat sur le pays. Khadija fait preuve d’un courage et d’une force inouïs. La paix revenue, Muhammad s’isole dans le désert et entend un jour la parole divine. Il croit devenir fou, mais Khadija saura se dresser contre tous pour faire entendre la parole nouvelle de son époux, et poser les fondements de l’Islam.
Mon avis :
Ce livre me tenait à cœur depuis longtemps et c’est avec plaisir que j’ai partagé cette lecture avec La Labyrinthèque ! Que, malheureusement, j’ai fait attendre… Encore désolée !
En passionnée d’histoire, mes cours me font plus souvent voyager en Occident. Alors bien sûr, l’Orient m’attire. Qui dit Orient, dit polythéisme de l’Arabie mais ensuite début de l’Islam : de la réception du message d’Allah par Muhammad, à sa diffusion et à l’Hégire qui marque le début du calendrier musulman. Ce livre m’a donc attiré pour son aspect historique mais aussi pour l’angle qu’il met en lumière, à savoir comme le nom de la trilogie l’indique : « Les femmes de l’Islam ». Bien sûr, je suis une femme quoi de plus naturel qu’une pointe de féminisme mais aussi, car souvent « derrière chaque grand homme, il y a une grande femme » ou comme le dit le proverbe arabe du début du roman « Si l’homme était un fleuve, la femme en serait le pont ». Ce proverbe résume bien le lien homme/femme qui se déroule sous nos yeux dans cette histoire… Mais venons-en au livre …
Khadija est la veuve la plus puissante de Mekka, mais malgré cela sa voix ne compte pas. Evidemment, c’est une femme. La tradition veut que les hommes décident, en Orient comme en Occident. Après une razzia dont sa caravane fût la cible, elle remet en cause son veuvage pour plusieurs raisons :
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La vengeance. La razzia a été commandée par un puissant de Mekka, Abu Sofyan, qui au même moment la demande en mariage, en énième épouse, pour mettre la main sur sa fortune.
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Le pouvoir et la sauvegarde. Sa cousine, Muhavija, la sermonne en lui expliquant qu’un remariage serait la meilleure solution pour elle, pour sa fortune, sa descendance et pour la représenter auprès des grands de la cité.
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L’amour et la protection. Elle sait au fond d’elle-même qu’elle est tombée sous le charme de Muhammad ibn ‘Abdallâh. L’un de ceux qu’elle a choisi pour accompagner sa caravane et qui a gagné la bataille lors de la razzia. Celui qui se fera tuer si Abu Sofyan apprend qu’il a tué un des siens. Le sang vengé par le sang.
Elle se laisse donc convaincre, non sans crainte d’être rejetée pour son âge. En effet, elle a une dizaine d’années de plus que Muhammad. Mais celui-ci accepte. Le mariage est célébré et leur amour en ferait rêver plus d’une. Muhammad est un homme aimant, courageux et fidèle. Khadija est une femme forte, indépendante et pleine d’amour pour son mari. Ensuite, on suit la vie de Mekka et ses drames. La vie de Khadija et Muhammad, la naissance de leurs enfants, leurs drames, leurs joies jusqu’au message reçu par Muhammad. Jusqu’à ce que Muhammad devienne le Prophète de cette belle religion qu’est l’Islam.
J’ai aimé cette lecture qui permet d’en apprendre plus sur les mœurs de l’époque et de mettre en avant cette femme qui nous prouve que malgré tout les femmes avaient de l’importance et pouvaient contrer les hommes à leur manière. Je me suis passionnée pour les personnages de Khadija et Muhammad mais aussi les esclavages très présents dans leur vie, comme des membres de la famille. J’ai souvent ri, pleuré et souri. Les chapitres courts et la plume fluide de l’auteur donnent envie de ne jamais pauser le livre. En revanche, j’ai trouvé le début un peu trop long et il m’a manqué la poésie et la magie orientale dans ces lignes. C’est peut-être idiot mais lorsque j’ouvre un livre sur l’Orient, je m’attends à la magie des «Mille et une nuits » et ici, je ne l’ai pas retrouvé. C’est donc pour ces petits regrets que je ne peux pas mettre le livre en coup de cœur, bien que pourtant je me sois délectée de cette lecture. Je ne tarderai pas d’ailleurs à me lancer dans la lecture de la suite : « Fatima », dernière fille au corps de garçon de Khadija et du Prophète, Muhammad.
L’avis de La Labyrinthèque :
Marek Halter rend hommage à une femme de caractère, dont l’amour et la finesse d’esprit imprègneront Muhammad, le futur prophète de l’islam.
Le rythme est assez lent, et ce n’est qu’à la moitié du roman que Khadija, déjà veuve, se marie à Muhammad, de dix ans son cadet.
Commerçant et dirigeant des caravanes, leur existence prospère jusqu’à une série de catastrophes qui frappe la Mecque : peste, sécheresse, pluies diluviennes. Alors que les grands dignitaires s’enfuient en pensant que leur dieu Hobal les a abandonnés, Khadija décide de rester.
De plus en plus dubitatifs quant à la puissance d’Hobal, Khadija et Muhammad apprennent bientôt, grâce à d’anciens parchemins de savoir, l’existence d’un dieu de parole, un dieu qui n’aurait aucune représentation humaine ou animale, et qui purifie les siens par les eaux. Peu avant la mort de Khadija, Muhammad obtiendra la révélation, dans une grotte du désert.
Ce roman permet de comprendre les mœurs et mentalités de l’époque, ainsi que la place réservée aux femmes ; si elles sont certes à l’écart de certains savoirs sacrés ou des assemblées officielles, elles n’en ont pas moins leur mot à dire, comme le prouve Khadija en gérant elle-même ses finances et en s’adressant aux foules pour les convaincre de la félonie des hauts dignitaires ayant fui La Mecque aux heures les plus sombres.
Le roman reste au final assez succinct quant aux évènements historiques, accordant plus de place à des conversations ou des détails qui malheureusement peinent à nous passionner pleinement.
En revanche, l’analyse de la vieillesse chez la femme, entre amertume, révolte et angoisses, est extrêmement réaliste et a le mérite de mettre en valeur une femme « mûre ».