Un blog littéraire, c’est un budget considérable, surtout quand on veut « se tenir à la page » et lire les parutions les plus récentes aussitôt qu’elles paraissent. Alors depuis un certain temps, j’emprunte des livres à la médiathèque Hélène Berr, à Paris. Cela me fait de considérables économies et je suis toujours ému de ce nom, Hélène Berr, qui fut celui d’une écrivaine juive qui ne vécut que 24 ans (1921-1945), et fut battue à mort par un gardien à Auschwitz.
Surtout, les bandes dessinées sont généralement au-dessus de mes finances de doctorant, et j’ai découvert de vrais trésors en les empruntant là-bas. Aujourd’hui, évoquons simplement celle de Théa Rojzman, Mourir (ça n’existe pas). C’est l’histoire extrêmement touchante de la dépression d’un orphelin devenu peintre, et de sa difficile guérison. Dans ce parcours cathartique, le jeune homme est aidé par des créatures imaginaires qui surgissent des tâches d’acrylique répandues dans les cases…
Le procédé est outré dans les dernières pages, lorsque le héros revient d’entre les morts, et que l’autrice fait dialoguer entre elles, par ajouts de bulles émouvantes et amusantes, des taches qui semblent surgies du hasard de l’encre répandue sur la page. En somme, le livre nous apprend à remettre des mots sur ce qui a souillé la page blanche de notre enfance.
D’autres avis ailleurs : Chez Mo, BD Gest, La Cité de la BD. L’ouvrage a reçu la mention spéciale du prix Artemisia 2016, qui récompense chaque année une BD écrite par une femme.
Théa Rojzman, Mourir (ça n’existe pas), La Boîte à Bulles, 2015, 96 p., 18 €.
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