Si j’étais dans un conte, je serais…
(Durant la pause de midi, à la librairie)
Nadia (ouvrant un petit tupperware rempli de fruits): Une petite fille lors de l’heure du conte m’a dit qu’elle aurait voulu être la méchante reine dans Blanche-Neige
Catherine (prenant un fruit et me jetant un coup d’oeil): On a droit à une future Kloliane?
Moi (faussement choquée): Comment ça une « future Kloliane » ?
Catherine (avec amusement): Ce n’est pas toi qui aurait voulu être le chat du Cheshire ? Je t’avoue que ce personnage me file la pétoche.
Nadia (éclatant de rire): Cela ne m’étonne pas ! Pour la petite fille, elle veut être la méchante reine pour la rendre gentille et qu’elle prenne soin de Blanche-Neige.
Catherine et moi (ensemble et attendrie): Oh, c’est mignon !
AUTEUR: Aya Ling
TITRE: LA VILAINE BELLE-SOEUR (Les contes inachevés)
EDITEUR, ANNEE: MxM Bookmark – Imaginaire
NOMBRE DE PAGES: 361 pages.
Je pense que plusieurs d’entre nous à souhaiter être à la place d’un personnage de roman. Cela a pu être dans un conte, une romance, dans un monde SF ou de Fantasy, voire même dans un thriller… Bref ! Avoir tout simplement le pouvoir de devenir un personnage marquant d’une histoire. Imaginez maintenant que cela puisse se réaliser, mais à votre dépens:
– Au lieu de devenir l’héros/héroïne, vous deveniez l’un de ses antagonistes d’origine avec pour mission de lui amener votre aide ?
Une situation qui s’avéra pleine d’épreuve d’après « La vilaine belle-soeur » d’Aya Ling.
Résumé:
« En déchirant par mégarde un vieux livre d’images, Kat est téléportée dans le monde de Cendrillon, où elle incarne Katriona, l’une des hideuses belles-sœurs ! En tant que jeune fille de noble lignage, sa vie change du tout au tout et elle doit apprendre à survivre aux lois de ce nouvel environnement, à commencer l’épreuve de passer les portes avec une robe à arçeaux… Pour revenir chez elle, elle va devoir compléter l’histoire, jusqu’à ce qu’ils soient heureux et aient beaucoup d’enfants. Mais les obstacles sont de taille : l’autre belle soeur est belle à s’en damner, la marraine la bonne fée est aux abonnées absentes et le prince – carrément canon, soit dit en passant – déteste les bals.
Dans de telles conditions, arrivera-t-elle seulement à rentrer chez elle… ? »
Se réveiller dans une autre chambre que la sienne, cela a de quoi vous effrayer… Se voir infliger de porter un corset et à vous demander si vous avez remonté le temps, cela a de quoi vous faire poser des questions sur votre santé mentale… Mais d’apprendre que vous allez devoir finir le conte de Cendrillon par un « happy end » en jouant le rôle d’une des méchantes belles-soeurs pour enfin revenir chez soi, il y’a de quoi se dire que c’est une très mauvaise blague ! Pourtant c’est ce qui va arriver à notre héroïne.
En utilisant le procédé du personnage contemporain plongé dans un tout autre monde (ici celui des contes), l’autrice allait, à coup sûr, nous offrir beaucoup de quiproquos et de situations cocasses avec Kate.
Jeune demoiselle timide, maladroite et qui a du mal à être son aise dans son lycée, notre héroïne va devoir faire preuve d’audace et de courage pour arriver au fameux « Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». L’ayant trouvée un peu clichée dans les premières pages, je l’ai adoré lors de son arrivée dans le conte. Forte, confiante, sincère, un humour teinté d’ironie et quelques fois tête brûlée, Kate alias Katriona devient un véritable ouragan au sein du récit. Tout en menant sa quête, elle n’hésitera pas à s’impliquer personnellement pour le changement des conditions de vie de la population du royaume et de donner un coup de main à ses nouveaux amis.
D’ailleurs, c’est à travers ses différentes entraides que l’on découvre l’arrière du décor du conte. Alors que nous avons l’habitude de découvrir des royaumes enchanteurs où la magie est reine et que le bien triomphe toujours et pour tous, l’autrice décide de nous le présenter à travers un prisme plus sombre:
– Avec l’exploitation des enfants dans des usines de cotons, le manque de protection sociale pour les travailleurs, les quartiers défavorisés, le rôle des femmes attendu dans la société etc…
Le cadre de l’histoire n’est pas le seul à connaître quelques modifications. L’apparition de Kate a changé la trame habituelle du conte de Cendrillon. Le récit prend alors une nouvelle tournure sans pour autant évité quelques événements prévisibles.
Quant aux autres personnages, certains vous feront grincer des dents, d’autres rires, vous souffrirez pour quelques-uns et vous allez vous attendrir pour d’autres. C’est une jolie galerie de protagonistes, bien diversifiées qui apportent du dynamisme au récit.
Et le Prince ?
Ah oui, le Prince… Je dirais qu’une chose… Il a réussi à me filer des frissons… Et c’était loin d’être d’horreur.
Conclusion:
Cette réadaptation de « Cendrillon » fut une très agréable surprise. Bien que je ne sois pas trop friande de Yound Adult, j’ai vraiment apprécié ma lecture grâce à l’univers créé par l’autrice autour du conte et de son personnage principal Kate.
Le récit est bien rythmé, avec une bonne dose d’humour et d’une touche de romance qui pourra vous laisser rêveurs.
Le seul hic que j’aimerais souligner, c’est l’utilisation du langage courant par des gens du royaume. Certains personnages ont bien du mal à comprendre certains mots et expressions contemporaines utilisées par Kat, pourtant on peut souligner que des mots tel que « canon » sont employés par des personnages du conte. J’avoue que je fus assez perplexe et que le problème se pose peut-être sur la traduction
Il y’a de fortes chances lorsque vous aurez fini ce roman que vous ayez encore en tête tout ce petit monde et à ce royaume qui malgré ses défauts reste rempli de merveilles. Et puis, peut-être, vous vous souviendrez d’Anastasie dans la « Cendrillon » de Disney… Comme quoi, être la méchante belle-soeur n’est pas le pire des rôles qu’il soit !