Sa mère – Saphia Azzeddine

Par Mélanie @Lismoisituveux

La découverte de la rentrée littéraire 2017 se poursuit sur le blog, avec Sa mère, le nouveau roman de Saphia Azzeddine, paru aux éditions Stock (août 2017). Parmi les nouveautés publiées par cette maison d’édition, plusieurs livres me faisaient envie. Mais s’il y en a bien un que je voulais absolument lire après l’avoir repéré, c’est bien celui dont je vais vous parler maintenant.

C’est la première fois que je lis un roman de Saphia Azzeddine. J’avais beaucoup entendu parler de Bilqiss bien sûr, mais sans pour autant me saisir de ce roman au moment de sa sortie.

C’est donc sur la seule base du résumé de l’éditeur que j’ai sélectionné cette nouveauté.


Marie-Adélaïde, née sous X, a la rage au ventre ; elle a un destin, mais ne sait pas encore lequel. Pas celui de caissière à La Miche Dorée. Pas non plus celui de ses rares copines, certaines connues en prison, d’autres camarades de galère et d’errance. Serait-ce celui de nounou des enfants impeccables de la Sublime ? Ou celui de retrouver sa mère coûte que coûte ? Son destin, elle va le chercher avec les moyens dont elle dispose : le culot, la parole qui frappe, l’humour cinglant, l’insoumission à son milieu, la révolte contre toutes les conventions. C’est une héroïne de notre temps.

Marie-Adélaïde partage son temps entre plusieurs jobs alimentaires, sans réel avenir qui se dessine devant elle. C’est une jeune femme sans autres repères que ceux qu’elle s’est constitués pour avancer. Elle qui a grandi sans mère, ballotée de familles d’accueil en foyers, ne trouve pas sa place dans la société. Elle erre de galères en désillusions, avec un passage par la case prison. C’est ce séjour en prison qui symbolisera le départ d’une nouvelle quête pour Marie-Adélaïde. A partir d’une peluche, seule trace tangible de l’existence de sa génitrice, et d’une remarque d’une co-détenue, elle décide de se lancer. A la recherche de son identité personnelle. A la recherche de sa mère. 

On suit avec empressement le parcours de la jeune femme pour retrouver ses origines, et surtout celle qui l’a abandonnée à la naissance. Des doutes, des obstacles, mais jamais de désespoir, pas de mélodrame. Au contraire, du soutien. De ses collègues, Naji et Fatma. Mais aussi celui, inattendu, de Lauren, surnommée La Sublime, sa patronne, bourgeoise par excellence. La lecture est fluide. L’écriture est rythmée, de telle sorte à favoriser encore davantage l’empressement du lecteur dans sa découverte de l’histoire. Les quelques 240 pages défilent à une vitesse folle.

Sous couvert du personnage qu’elle a forgé, Saphia Azzeddine pose un regard acéré, cynique, sur la société contemporaine. Partage t-elle le point de vue de son personnage pour que l’histoire soit autant imprégnée de la colère sourde de Marie-Adélaïde ? Les mots percutent, les propos, incisifs, interpellent. Le contraste entre ce qu’elle appelle « les petites gens » et la bourgeoisie, les « gens d’la haute » est saisissant. Rien ni personne n’est épargné par ses paroles. On pouvait craindre un effet « too much », justement, mais il n’en a rien été.

Lorsque l’on se rapproche de la fin, l’intrigue prend une tout autre tournure, un peu plus douce. Une dimension à laquelle on ne songe pas forcément quand on commence la lecture. L’atmosphère se veut alors légèrement différente, moins rageuse, au contraire plus touchante. Impossible cependant pour moi de vous en dire plus. Ce serait prendre le risque de vous en dire trop.

En bref : cette première expérience de lecture en compagnie du nouveau roman de Saphia Azzeddine est une réussite. C’est une auteure dont je n’oublierais pas le nom. Son écriture sans concessions et l’histoire de Marie-Adélaïde ont indubitablement marqué mon esprit.

Merci aux éditions Stock et à NetGalley.