J'ai succombé moi aussi à l'appel du roman de Margaret Atwood dans ces temps troublés où la place de la femme est plus que jamais remise en question. Je ne résumerai pas ici le livre tant j'aimerais que chacun le découvre à sa façon. Je livrerai seulement mes sentiments sur cet ouvrage fort et poignant.
Margaret Atwood plonge son lecteur dans une dystopie où la femme n'a plus vraiment de place ou si elle en a une, elle est bien définie. A Gilead, ville du Maine des États-Unis, le lecteur fait la connaissance de Defred. C'est une servante écarlate, autrement dit, elle appartient à une famille, plus particulièrement au Commandant. En réalité, c'est son corps qui appartient au Commandant. Une terrible épidémie empêche la plupart des hommes et des femmes d'avoir des enfants. La société s'est donc réorganisée. Les servantes écarlates sont des utérus sur pattes, des femmes-réceptacles dont la vie entière est consacrée à avoir des enfants pour les autres.
Margaret Atwwod va au fond des choses. Si les femmes ne disposent plus de leur corps, leur corps est à la disposition des autres. Dans cette société patriarcale, les " tantes " soumettent, font respecter la loi et le règne de la terreur.
Dystopie qui fait malheureusement écho aux événements actuels, La servante écarlate propose une réflexion sur le pire; sur l'asservissement du sexe féminin sous couvert d'obéir aux règles et à la religion.
Le récit de Defred (son nouveau nom) est glaçant. Elle raconte sa nouvelle vie en temps que servante écarlate tout en tentant de se raccrocher à son ancienne où elle était mère, épouse, libre. Par des retours dans le passé, Defred nous fait vivre de l'intérieur la manière dont la société a basculé dans la terreur et la soumission. D'abord l'interdiction des femmes de travailler puis la soumission totale aux hommes, la fin du droit à l'avortement puis la marchandisation du corps pour les hommes, toujours les plus puissants bien sûr.
C'est un récit glaçant, effrayant qui fait ressentir à quel point la liberté d'une femme est fragile. Mon édition est dotée d'une postface dans laquelle Margaret Atwood explique la genèse et la construction de son roman. La dernière question qu'on lui pose est celle de la probabilité de cette société misogyne et terrifiante. Elle répond qu'il est possible que cette histoire devienne " vraie " mais qu'il existe deux avenirs à la fin du livre. Si le premier " devient vrai ", le second le pourrait aussi. Une sorte d'espoir ténu...
Lisez La servante écarlate!