La quatrième :
Souvent, il suffirait d'un signe pour que nous trouvions notre chemin : un regard, une main tendue, un sourire. Selma a réussi dans la vie mais elle n'est pas heureuse. Placer le faire avant l'être l'a perdue.
Un jour, elle rencontre un homme paisible dans un train, quelqu'un qui lit Christian Bobin et qui, comme elle, adore Jean-Jacques Goldman. Au fil du temps, il lui apprend que le bonheur est une valise légère et que la vie qu'on accueille apporte plus de joie que celle qu'on maîtrise.
Après avoir eu un énorme coup de cœur, il y a quelques mois, pour "Jolie libraire dans la lumière", je suis tombée, le jour de sa sortie, sur le nouveau roman de Frank Andriat. Curieuse, j'ai lu la quatrième de couverture et j'ai été charmée, même si je dois avouer pour être honnête que la mention de Jean-Jacques Goldman a eu son importance dans mon achat (je l'aime depuis que j'ai ... 8 ans ?).
Rentrée chez moi, j'ai entamé ma lecture ... et je l'ai lu d'une traite (ou quasi. En vrai, il y a eu une interruption obligée de gestion d'enfants). Au départ, j'ai eu un peu peur d'être tombée sur un énième roman de développement personnel (le livre est édité chez Marabout, mais se trouve bien dans la rentrée littéraire en librairie !), et je n'avais pas du tout accroché avec "Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une", le best-seller du genre.
A la deuxième partie du livre (après Pression vient Dépression - mais ne fuyez pas !), j'étais ferrée.
J'ai suivi Selma dans sa chute, bougonné contre son imbécile de patron, eu envie d'avoir Lauranne comme copine, et craqué sur le documentaliste aux boucles folles (ben oui).
Grégoire, l'homme paisible qui aidera Selma à sortir la tête de l'eau m'a troublée. J'étais partagé entre la sympathie et le réconfort que dégageait le personnage, et l'idée qu'il était trop sage pour être vrai (oui, je me suis même posé des questions sur sa réalité). Appréciant les conseils justes et doux qu'il prodigue à Selma, je l'ai trouvé tout de même un poil trop lisse ...
Si j'ai tant apprécié ce roman, c'est que je m'y suis un peu retrouvée. J'ai été entourée de quelques personnes qui ont su m'écouter réellement quand j'en ai eu besoin, et me donner une foule de conseils qui m'ont beaucoup aidé, qui, à la manière de Grégoire m'ont "montré le chemin, et donné un bâton de marche".
Selma s'aide des chansons de Jean-Jacques Goldman et Frank Andriat parsème son roman de quelques paroles de chansons, qui ont plus été pour moi un joli clin d'oeil qu'un réel apport à l'histoire. Mais, qui n'a pas déjà pleuré sur "Puisque tu pars" ? ... J'étais forcément touchée.
Ce roman se lit vite, se dévore, que dis-je, et la plume de Frank Andriat nous amène tout en douceur à réfléchir à la vie de fous que l'on mène, au boulot qui nous presse comme des citrons, au peu de temps que nous consacrons à juste rêver, regarder en l'air et apprécier la beauté du monde. Combien de personnes, la nuque baissée sur leur smartphone, loupent un vol d'oiseaux ou un coucher de soleil par la vitre du train ? A traiter leurs mails jusque 22 H au lieu de déconnecter, et de savourer l'instant présent ? C'est de cela dont il est question dans ce roman : du burn out qui nous guette, à vouloir en faire plus, toujours plus, et même trop ... De la beauté de la vie, des plaisirs simples et de l'importance d'être en accord avec soi-même, de se respecter, pour vivre heureux et apaisé ...
Une très très jolie lecture, merveilleusement écrite, que je vous recommande chaleureusement !
En bonus, Frank Andriat m'a fait l'honneur de bien vouloir répondre à une mini interview, à lire ci-dessous ! * Quel a été le point de départ pour l’écriture de ce roman ?
— C’est une belle histoire de collaboration et de confiance entre auteur et éditeur. Agnès,
l’éditrice de "Jolie libraire dans la lumière" en 2012, a continué de suivre mon travail quand elle
est passée chez Marabout. Cela a donné naissance à "Clés pour la paix intérieure" en 2014 et à ce
nouveau roman, réalisé cette fois avec une de ses collègues, Aline, qui désirait que j’écrive un
texte psychologique.
* Il paraît chez Marabout, en collection "Essai psychologie"... Était-ce une volonté d’écrire un
roman à tendance "développement personnel", un genre qui se répand aujourd'hui ?
— Oui, c’était le projet de mon éditrice, Aline. Et j’ai trouvé beaucoup de plaisir à écrire un
roman centré sur le développement intérieur de mon héroïne. Ceci dit, si Marabout s’est adressé à
moi pour écrire ce livre, c’est parce qu’il n’est en rien éloigné de mes autres textes : "La forêt
plénitude" raconte l’histoire d’une ado qui s’ouvre à sa vie intérieure, "Pont désert", celle d’un
homme qui dresse le bilan d’une existence perdue à chercher à l’extérieur le bonheur qu’il a au
fond de lui, "Jolie libraire dans la lumière", celle d’une jeune femme qui se reconstruit grâce à son
amour pour les livres. J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à inventer le parcours de Selma et sa
rencontre avec Grégoire.
* Ne trouvez-vous pas Grégoire TROP sage pour être crédible ? ;-)
— Grégoire est devenu sage. Il le dit dans le livre, il a connu des difficultés dont, effectivement,
je ne parle pas. C’est l’histoire de Selma, pas la sienne. Alors, promis, pour qu’il devienne
réellement crédible, pas trop parfait, j’écrirai un roman où je décris son parcours, sa galère.
J’aime bien ce personnage qui donne de l’espoir et qui apporte de l’apaisement à Selma
complètement déboussolée.
* Pourquoi Jean-Jacques Goldman ? Lui avez-vous envoyé votre livre ?
— Jean-Jacques Goldman est un chanteur que j’apprécie énormément. Son ouverture à l’autre, à
la différence et son sens du partage me touchent beaucoup. Mes élèves de l’athénée Fernand
Blum de Schaerbeek et moi avons écrit un livre à son propos en 1992. J’ai eu quelques échanges
épistolaires avec lui. Je ne possède pas sa nouvelle adresse, il vit à Londres désormais, mais si je
trouve un moyen de lui faire parvenir le roman, je le ferai.
* Quel est votre secret personnel pour rendre votre valise plus légère, au quotidien ?
— Les clés de Grégoire pour ouvrir la porte du bonheur sont un peu les miennes, mais je vous
avoue que, parfois, la porte reste coincée. Vivre dans la pleine conscience du moment présent,
être ici et maintenant, donner plutôt que de vouloir prendre, accueillir la vie comme elle vient et
rendre grâce pour toutes les petites joies. Comme votre intérêt pour mon livre, par exemple.
Retrouvez Frank Andriat sur son site !
- "Le bonheur est une valise légère", Frank Andriat, Marabout, 2017