S’il y a une chose que beaucoup de lecteurs attendent à chaque nouvelle rentrée littéraire, c’est bien le nouveau roman d’Amélie Nothomb ! On la retrouve cette année avec Frappe-toi le cœur, paru aux éditions Albin Michel (août 2017). Ma rencontre avec l’œuvre d’Amélie Nothomb, je la dois à deux professeurs de français. L’un, au collège, qui nous a fait lire Le Sabotage amoureux. L’autre, au lycée, avec Acide Sulfurique. J’ai été assez fascinée par ces histoires. L’année dernière, j’avais lu avec plaisir Riquet à la houppe (même si je n’ai pas pris le temps d’en parler ici).
Sans être une inconditionnelle de l’auteure, je dois bien avouer qu’une certaine impatience s’est emparée de moi cette année encore. C’est presque devenu une habitude…
La quatrième de couverture est assez énigmatique, et n’offre au lecteur que cette seule ligne…
Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. Alfred de Musset
L’histoire débute aux côtés de Marie, une toute jeune femme que tout le monde envie. Elle est ravie de susciter tant de jalousie autour d’elle. C’en est presque une addiction. Jusqu’au jour où elle se marie à Olivier, et tombe enceinte de lui peu après. Lorsque Diane naît, le sentiment de jalousie change alors de camp. Un sentiment désormais éprouvé par Marie envers la fillette, d’autant plus injuste que les cadets, le frère et la sœur de Diane, n’y seront jamais confrontés. Après en avoir longtemps et violemment souffert, Diane s’affranchit de ses parents, de sa mère, et grandit sous la bienveillance de ses grands-parents. Jusqu’au jour où elle rencontrera Olivia, maître de conférences à l’université…
Très vite, ce roman prend naturellement des allures de conte, mais bien loin de l’univers merveilleux. Il explore sous sa face la plus sombre et la plus cruelle la relation mère-fille. L’auteure rappelle à la perfection combien l’amour maternel ne va pas toujours de soi. Au contraire, le lien qui unit une mère à sa fille, plus largement à son enfant, peut s’avérer toxique, comme c’est le cas entre Marie et Diane, mais pas seulement. En effet, bien des années plus tard, la jalousie se mettra à nouveau sur le chemin de Diane, tant sur le plan professionnel que personnel.
Au départ, j’étais plutôt perplexe. Amélie Nothomb dote le personnage de Diane bébé d’une précocité et d’une maturité sans précédents. Certes, les réflexions qui en émanent sont fort intéressantes, mais pour un être de l’âge de Diane à ce moment-là, cela me semblait peu plausible. Mais bon, soit. J’ai poursuivi. Il ne faut jamais se fier à sa première impression. Heureusement pour moi, je me suis fiée au célèbre adage. Parce qu’on finit par s’attacher instinctivement à Diane, l’enfant puis la femme qui ne se plaint jamais. Elle n’est (presque) jamais déstabilisée par ses affects. C’en est troublant.
Par ailleurs, dans une deuxième partie, la relation qui se noue entre Diane et Olivia intrigue. L’intérêt est de plus en plus vif, et la tension s’accentue, jusqu’au dénouement.
Sobre, habile, concis et précis : tel est le nouveau roman d’Amélie Nothomb. Frappe-toi le cœur surprend le lecteur, interpelle. La notoriété de l’auteure en fait automatiquement un succès de librairie aujourd’hui. Mais quand le succès se mêle à la qualité, comme c’est le cas avec ce livre, c’est d’autant plus plaisant.
Vous aussi, laissez-vous tenter !