Le jour d’avant
Sorj Chalandon
Grasset
Aout 2017
325 pages
Je savais, comme tout le monde, que ce roman narrait l’histoire d’un homme dont le frère était mort dans l’accident de la mine de Saint-Amé de Liévin-Lens, le 27 décembre 1974. Ce personnage est la mémoire de cette terrible catastrophe minière.
Ce que je ne savais pas, c’est que ce roman n’était pas que cela, loin s’en faut. Mais je ne vais pas vous en parler parce que ça risquerait de gâcher votre future lecture, et ce serait dommage. L’auteur étonne, l’auteur renverse la situation, l’auteur joue avec le lecteur et avec ses personnages, un jeu dramatique, certes, mais un jeu habile. Je peux juste dire que le titre est parfait.
Mais au-delà de l’histoire, captivante, émouvante, puissante, dans laquelle la culpabilité joue un rôle important, il y a l’écriture. Des phrases efficaces, où tous les mots prennent leur sens, et, ce que je préfère avant tout, c’est, au détour d’un paragraphe lourd de sens, lire la petite phrase qui décolle, celle avec la métaphore parfaite, l’image qui transperce le cœur, celle que l’on relit pour le plaisir. Or, Sorj Chalandon en parsème tout son texte.
Et j’aime aussi ses énumérations qui enfoncent le clou, ses phrases nominales qui mettent un décor en place, ses mots justes.
Chez Chalandon, tout est bon ! (oui, je sais c’est facile, mais ça m’amuse…)
De cet auteur, j’ai tout aimé, de Retour à Killibegs en passant par Le quatrième mur ou Une promesse,… et là encore, il a réussi le tour de force de me toucher une nouvelle fois.
A tous ceux et toutes celles qui souhaitent lire ce roman : fuyez toutes les critiques qui dévoilent l’histoire ! J’ai aimé être surprise, j’ai aimé n’en rien savoir, j’ai aimé être retournée comme une crêpe, j’ai aimé m’interroger, j’ai aimé douter… J’ai aimé être étonnée par Sorj Chalandon qui n’a pas l’habitude d’écrire des textes à rebondissement.