Les auteurs de BD enfin correctement payés !

Les auteurs de BD enfin correctement payés !

Enfin. La réforme tant attendue est arrivée : les auteurs bénéficient d’un salaire minimum pour la réalisation de leurs albums.
Ce nouveau contrat est une sorte de CDD, renouvelable à souhait. Quand l’éditeur signe un projet, il échange avec les auteurs et fixe, avec eux, un délai de réalisation et un salaire qui ne pourra jamais être en-dessous du SMIC. Par exemple, pour un projet, l’éditeur a fixé la durée de réalisation d’un album comme suit : 4 mois de travail pour le scénariste, 12 mois pour le dessinateur et 5 mois pour le coloriste. Ensemble, ils coûtent donc, à l’éditeur, plus de 30 000€.
Les auteurs, chez cet éditeur, ne gagnent pas une fortune mais se trouvent dans une situation finalement moins précaire, comptant pour leur retraite, leur ouvrant des droits au chômage, à l’assurance maladie et, s’ils ne signent pas de nouveaux projets, toucher des indemnités de fin de contrat. Ils ont même le droit d’avoir d’autres contrats à côté.
Ce système n’oublie pas non plus les droits d’auteurs : c’est la fin des avances sur droits et les auteurs touchent donc des droits sur chaque exemplaire vendu, dès la première vente. De quoi mettre un peu de beurre dans les épinards !

Le seul hic, soulevé par les syndicats des éditeurs, c’est qu’ils auront finalement bien plus de frais pour sortir un bouquin et il est hors de question pour eux de revoir leur production !
Les gros éditeurs ont trouvé la solution : ils augmentent les prix des albums.
Les petits éditeurs en ont trouvé une aussi : ils se font bouffer par des gros.

Mais pour que les albums deviennent à nouveau rentables, l’augmentation du prix du bouquin est devenue incontournable… et exponentielle !
Les albums sont désormais livrés dans des fourgons blindés chez les libraires tandis que les diffuseurs revoient leurs tarifs à la hausse, incluant dedans une prime de risques.
Les libraires, de leur côté, optent pour l’embauche de vigiles et l’investissement dans un ensemble de sécurité.
Tout cela coûte cher et, forcément, le prix de l’album augmente d’autant plus.
Bien évidemment, l’Etat ne va pas être en reste : puisqu’un album de BD est devenu un produit de luxe, autant le taxer comme un produit de luxe ! Le salon de la BD et de l’andouillette est finalement remplacé par le salon de la BD et du caviar pour faire face au changement de clientèle.

La grosse surprise est surtout pour les collectionneurs. Leurs bibliothèques voient leurs valeurs monter en flèche, au grand plaisir du fisc qui intègre les BD dans le calcul de l’ISF.
Les bibliothèques municipales doivent également être sécurisées et les politiques publiques décident de réduire les achats de nouveautés (comment ça, pas de changement ?).

Et le consommateur lambda dans tout ça ? Il a du mal à suivre cette hausse des tarifs et réduit son achat d’albums, privilégiant son crédit immobilier ou son loyer et ses repas. Les albums se vendent beaucoup moins. Mince, flûte, zut. Mais il est hors de question de changer le système : la TVA doit rester, le libraire a besoin de vivre, le diffuseur tient à sa gratte, l’éditeur ne peut renoncer à ses marges. Il reste l’auteur… Finalement, l’auteur a toujours réussi à survivre avec l’ancienne rémunération, pourquoi vouloir modifier un système économique qui fonctionne ? Autant revenir aux rémunérations d’avant… De toute façon, il y a des tas de candidats qui rêvent de devenir auteur de BD. Il suffira juste de faire jouer la concurrence.

On ne change pas un système qui marche après tout.

Jonathan Rien

Note de la rédaction : article parodique