Voilà un nouveau zigzag pour éviter la rentrée littéraire, et cependant continuer de recenser des romans récents. Fairy Tale est paru en hiver 2017, en pleine tourmente des librairies, tandis que l’actualité présidentielle brûlante détournait le public de toute lecture plus dense qu’une feuille de papier journal. Pourtant il n’a pas manqué d’étonner la critique.
Il y avait de quoi. C’est un livre-scandale, vulgaire, violent et dégoûtant à maints endroits. On n’y voit pourtant rien que des « platitudes » (c’est le dernier mot du roman, p. 285) : famille nombreuse, précarisation, télévision, aliénation, consommation. Pourtant il faut bien admettre qu’à part chez Virginie Despentes, on n’a pas l’habitude de les retrouver dans un roman.
Les vies des personnages semblent se dérouler sans but, sans espoir. Néanmoins, l’étincelle d’un désir nouveau naît chez Coralie le jour où, devant la télévision, elle découvre l’émission de télé-réalité « Fairy Tale« . Le principe : une affable présentatrice retrouve un emploi à des chômeurs de longue durée. Véritable Bovary du XXIème siècle, Coralie (qui se montre toujours d’un réalisme résigné) décide soudainement de croire aux contes de fée. Elle inscrit à l’émission son mari Loïc, chômeur en fin de droits.
Hélène Zimmer monte alors plusieurs intrigues simultanées. L’émission de télé décide, contre toute attente, de venir chez cette famille médiocre, chamboule les équilibres et fait éclater les tensions. Parallèlement, au travail de Coralie, un pitoyable chefaillon décide de la surveiller par caméras cachés suite à ses piètres performances comme vendeuse et comme collègue. Ainsi toute la famille se retrouve, pour son plus grand malheur, sous les caméras, en liberté surveillée.
On découvre alors – c’est peut-être la plus triste des découvertes – qu’il n’y a rien à découvrir. À l’image, en effet, la famille apparaît parfaitement insignifiante, à moins (comme ne manque pas de faire la télé) d’y ajouter un sens mensonger. En somme, la seule qui détient la vérité sur cette famille, c’est la romancière elle-même, Hélène Zimmer, qui connaît bien la différence entre la plume et la caméra puisqu’elle est également actrice et réalisatrice de films. En cela, Fairy Tale me rappelle Ce qui nous sépare, d’Anne Collongues, cette photographe dont le roman tentait de dépasser les limites qu’elle avait rencontrées dans sa pratique de la photographie.
H. Zimmer lisant Fairy Tale pour Les InrocksD’autres avis : Libération qui se souvient aussi du premier film d’Hélène Zimmer en tant que réalisatrice, en 2015 ; pour les abonné-e-s, Le Monde ou Les Inrocks ; l’avis laconique de Toutelaculture ; les blogs Mon book club et Sérendipité.
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