Il est peu de bonheurs comparables à celui d'apprendre qu'un auteur aimé publie un nouvel opus, et que la couverture dudit-livre est somptueuse. Sofi Oksanen m'a procuré récemment l'un de ces petits plaisirs de la vie, avec Norma.
Libres pensées...
Il y a quelques années, Sofi Oksanen faisait une entrée fracassante dans ma vie avec son roman Purge. Depuis, nos routes s'étaient éloignées, et il ne m'avait pas été donné de croiser de nouveau le chemin de l'écrivaine finlandaise. Jusqu'à Norma.
Norma est l'histoire d'une jeune femme ainsi nommée, qui apprend le suicide de sa mère Anita et décide de reconstituer les derniers mois de sa vie pour comprendre ce qui s'est réellement passé. Elle se fait embaucher dans le salon de coiffure où Anita travaillait, géré par Marion, et appartenant à un ponte de la mafia locale, autrefois marié à Helena, une grande amie d'Anita devenue folle.
Mais l'entreprise de Norma est risquée, car elle cache un secret dangereux : ses cheveux sont magiques, et Anita organisait un trafic qui constituait une menace pour elle comme pour sa fille.
Le synopsis donne le ton, et tranche nettement avec l'intrigue de Purge, où le cadre (l'effondrement de l'Union soviétique) était particulièrement intéressant, et les personnages nuancés, pris dans la tourmente de l'Histoire.
L'intrigue de Norma s'inscrit dans une temporalité proche d'aujourd'hui, flirtant parfois avec le fantastique de par les caractéristiques des cheveux de la protagoniste, et pourtant fortement ancrée dans un style réaliste par ailleurs.
Les interactions entre les personnages et les rouages du trafic organisé sont au cœur de la lecture, qui comporte une tension évidente, et peut créer un sentiment de malaise chez le lecteur. En effet, le roman est hybride, ressemble à un thriller sans en être un, n'est pas du ressort de la science fiction et repose pourtant sur un élément peu rationnel (des cheveux magiques). Le rythme n'est pas effréné, et peut même sembler lent par moment, ce qui contribue également à dérouter le lecteur.
La plus grande difficulté a été pour moi de poursuivre la lecture alors que je ne ressentais guère de curiosité ou d'affection pour les personnages mis en scène. D'une certaine façon, Norma et Anita m'ont paru hermétiques, et c'est sans doute Marion, prise entre deux feux entre Norma et son père, qui m'a le plus interpellée, de par les questionnements qui la taraudent, et la solitude dans laquelle elle se trouve.
Loin de la révélation de la saison promise par Femina (à qui il ne faut donc pas se fier), Norma m'a fait l'effet d'un roman en demi-teinte, au style abordable, mais manquant de saveur et de profondeur. Une lecture pour se distraire gentiment, sans plus de prétentions, en ce qui me concerne.
Pour vous si...
Morceaux choisis
"Certaines clientes venaient chez la coiffeuse uniquement parce qu'elles voulaient qu'on les touche, qu'on leur masse le crâne. On observe parfois le même besoin de contact physique chez les enfants, et la fille avait justement eu l'air d'un tel enfant."
"Les Thaïlandais préfèrent utiliser des Vietnamiennes, des Birmanes ou des Taïwanaises. C'est moins une question de prix qu'e de différence culturelle. Les Thaïlandais respectent davantage leurs propres femmes. Il me semble que c'est un principe très général. Il est plus facile d'exploiter quelque chose qui n'est pas semblable à soi. Tu ferais bien de t'en souvenir."
"Eva attendait la rencontre avec impatience. Elles avaient tant de choses à se dire, et Helena lui raconterait tout, y compris comment se mettre sur la piste des descendants de la fille d'Eva. Ils manquaient à Eva, et Helena avait besoin de ses petites pipes." (le dernier paragraphe le plus WTF de toute l'histoire de la littérature)
Note finale2/5
Libres pensées...
Il y a quelques années, Sofi Oksanen faisait une entrée fracassante dans ma vie avec son roman Purge. Depuis, nos routes s'étaient éloignées, et il ne m'avait pas été donné de croiser de nouveau le chemin de l'écrivaine finlandaise. Jusqu'à Norma.
Norma est l'histoire d'une jeune femme ainsi nommée, qui apprend le suicide de sa mère Anita et décide de reconstituer les derniers mois de sa vie pour comprendre ce qui s'est réellement passé. Elle se fait embaucher dans le salon de coiffure où Anita travaillait, géré par Marion, et appartenant à un ponte de la mafia locale, autrefois marié à Helena, une grande amie d'Anita devenue folle.
Mais l'entreprise de Norma est risquée, car elle cache un secret dangereux : ses cheveux sont magiques, et Anita organisait un trafic qui constituait une menace pour elle comme pour sa fille.
Le synopsis donne le ton, et tranche nettement avec l'intrigue de Purge, où le cadre (l'effondrement de l'Union soviétique) était particulièrement intéressant, et les personnages nuancés, pris dans la tourmente de l'Histoire.
L'intrigue de Norma s'inscrit dans une temporalité proche d'aujourd'hui, flirtant parfois avec le fantastique de par les caractéristiques des cheveux de la protagoniste, et pourtant fortement ancrée dans un style réaliste par ailleurs.
Les interactions entre les personnages et les rouages du trafic organisé sont au cœur de la lecture, qui comporte une tension évidente, et peut créer un sentiment de malaise chez le lecteur. En effet, le roman est hybride, ressemble à un thriller sans en être un, n'est pas du ressort de la science fiction et repose pourtant sur un élément peu rationnel (des cheveux magiques). Le rythme n'est pas effréné, et peut même sembler lent par moment, ce qui contribue également à dérouter le lecteur.
La plus grande difficulté a été pour moi de poursuivre la lecture alors que je ne ressentais guère de curiosité ou d'affection pour les personnages mis en scène. D'une certaine façon, Norma et Anita m'ont paru hermétiques, et c'est sans doute Marion, prise entre deux feux entre Norma et son père, qui m'a le plus interpellée, de par les questionnements qui la taraudent, et la solitude dans laquelle elle se trouve.
Loin de la révélation de la saison promise par Femina (à qui il ne faut donc pas se fier), Norma m'a fait l'effet d'un roman en demi-teinte, au style abordable, mais manquant de saveur et de profondeur. Une lecture pour se distraire gentiment, sans plus de prétentions, en ce qui me concerne.
Pour vous si...
- Vous êtes fan de Raiponce, et seriez prêt à transposer l'affection que vous lui portez vers une coiffeuse scandinave ;
- Vous vous sentez à l'aise dans l'environnement des salons de coiffure, ou, à défaut, estimez que c'est là le lieu tout trouvé pour un crime crapuleux.
Morceaux choisis
"Certaines clientes venaient chez la coiffeuse uniquement parce qu'elles voulaient qu'on les touche, qu'on leur masse le crâne. On observe parfois le même besoin de contact physique chez les enfants, et la fille avait justement eu l'air d'un tel enfant."
"Les Thaïlandais préfèrent utiliser des Vietnamiennes, des Birmanes ou des Taïwanaises. C'est moins une question de prix qu'e de différence culturelle. Les Thaïlandais respectent davantage leurs propres femmes. Il me semble que c'est un principe très général. Il est plus facile d'exploiter quelque chose qui n'est pas semblable à soi. Tu ferais bien de t'en souvenir."
"Eva attendait la rencontre avec impatience. Elles avaient tant de choses à se dire, et Helena lui raconterait tout, y compris comment se mettre sur la piste des descendants de la fille d'Eva. Ils manquaient à Eva, et Helena avait besoin de ses petites pipes." (le dernier paragraphe le plus WTF de toute l'histoire de la littérature)
Note finale2/5