Septième volume des aventures du shérif Longmire, et certainement l’un des plus sombres. En tout cas, il tranche singulièrement avec le précédent. Je vous épargnerai le résumé, ce serait dommage, mais sachez que vous allez avoir très, très froid, et quand même un peu peur aussi. La faute à un psychopathe qui sème la terreur lors d’une mortelle randonnée en montagne. Le blanc de la neige, symbole de la pureté, opposé à la noirceur des âmes… Dès les premières pages, on sent que Walt Longmire va en baver. L’atmosphère étrange qui règne lors de ce transfert de prisonniers est promesse de lourdes menaces et de danger mortel. Et ce bon vieux Longmire (mais quelle mouche le pique ?) s’engage tête baissée dans cette course-poursuite éprouvante au cours de laquelle chacun fera face à ses démons; Walt bien sûr, le tueur mais aussi un allié inattendu en la personne du géant taciturne, déjà croisé dans une autre enquête : Virgil.
L’intrigue est donc recentrée sur très peu de personnages, et n’eût été le cadre sauvage et grandiose, on aurait presque pu parler de huis-clos ! Si j’ai regretté la quasi-absence de Henry et de Saizarbitoria, j’ai apprécié que Craig Johnson étoffe un personnage qui risque fort de faire partie de mes préférés à l’avenir, Omar Rhoades dont le bon sens et le sang-froid m’ont bien plu. Enfin, last but not least, j’aurais été débarrassée le temps d’une enquête de l’horripilante Vic, et c’est sans doute la raison pour laquelle Tous les démons sont ici a ma préférence !
Je ne cacherai donc pas un coup de coeur pour ce roman, pour de multiples raisons. D’abord, c’est une ode magnifique à la nature, intransigeante et cruelle dans son indifférence. La montagne, le puma croisé près des chalets, sont des composantes essentielles de cette traque qui s’apparente à une quête. La mythologie indienne (cheyenne et crow) presque trop rapidement évoquée à mon goût permet de saisir les enjeux de la tragédie, laquelle est habilement soulignée par la lecture de Longmire de la Divine comédie de Dante. Enfin, la dimension spirituelle, l’acceptation du surnaturel sont la petite touche mélancolique du roman. J’ai dit que vous alliez avoir froid et peur, et peut-être vous sentirez-vous tristes aussi. Un drôle de polar en somme.
PublicitésLa vie est comme ça. (Il passa quelques pages ramollies.) On collectionne des choses à mesure qu’on avance — des choses dont on pense qu’elles sont importantes —, et bientôt elles vous pèsent jusqu’à ce qu’on se rende compte que ces choses auxquelles on tenait ne signifient rien du tout. Notre nature est ainsi faite. (Il grogna.) Et c’est tout ce qui nous reste, finalement.