Un hiver à Paris - Jean-Philippe Blondel

Un hiver à Paris - Jean-Philippe Blondel

Présentation
Jeune provincial, le narrateur débarque à la capitale pour faire ses années de classe préparatoire. Il va découvrir une solitude nouvelle et un univers où la compétition est impitoyable. Un jour, un élève moins résistant que lui craque en plein cours, sort en insultant le prof et enjambe la balustrade.

On retrouve dans Un hiver à Paris tout ce qui fait le charme des romans de Jean-Philippe Blondel : la complexité des relations ; un effondrement, suivi d’une remontée mais à quel prix ; l’attirance pour la mort et pour la vie ; la confusion des sentiments ; le succès gagné sur un malentendu ; le plaisir derrière la douleur ; l’amertume derrière la joie.

Sont présents les trois lieux qui guident la vie de l’auteur : Troyes, Paris, les Landes. Dans la lignée de Et rester vivant, il y a chez le personnage-auteur-narrateur la même rage pure, la même sauvagerie - pour rester toujours debout sous des allures presque dilettantes.

Avis
Je découvre cet auteur avec ce roman dont le titre m'avait attiré dès sa sortie, la couverture aidant je m'étais attendu à lire quelque chose de romantique.
Le narrateur reçoit un courrier qui le replonge dans son passé, à l'adolescence pendant sa classe préparatoire à Paris, il a quitté sa famille et ses amis pour intégrer hypokhâgne. Les souvenirs affluent et les émotions prennent le dessus, l'expéditeur de cette lettre est Patrick Lestaing, le père d'un ancien camarade de prépa, Matthieu, qui s'est suicidé en sautant du haut de l'escalier de l'école.

Un drame que l'on revit à travers les sentiments du narrateur, de sa vie d'étudiant à Paris pas toujours facile et ayant la solitude pour seule amie, serrant sa bourse faute de véritable soutient financier face à tous ces bourgeois vivant ou presque dans l'opulence. Pas d'argent donc et quasiment pas de vie sociale non plus jusqu'à ce qu'il rencontre (et rencontre est un bien grand mot) Matthieu pendant sa deuxième année, jeune garçon qu'il retrouve à l'extérieur pour fumer une cigarette et s'échanger quelques paroles.

Matthieu est à l'image du narrateur, provincial pas vraiment riche se retrouvant comme le narrateur banni de toute vie sociale dans l'établissement. Le narrateur décide de l'inviter à fêter avec lui son anniversaire malheureusement il n'en aura pas le temps puisque Matthieu commet un geste irréparable. Émoi et effroi au sein de l'établissement où la tragédie a eu lieu et ce sentiment d'être arrivé trop tard pour le narrateur, la culpabilité s'invite à la fête.

Trouvé sa place dans un milieu qui n'est pas le notre n'est pas chose facile, et lorsque la compétition et la peur de l'échec font partie de l'équation il y a forcément de quoi craquer. Dans ce roman c'est dans un univers peu connu que le narrateur nous invite, un roman dans lequel il aborde les différences sociétales et leurs impacts sur la psychologie des personnages justement le rapport entre la compétition et la peur de l'échec ou bien encore la mort face à la culpabilité. La recherche de son identité fait également partie de ce roman d'apprentissage, recherche de son identité sexuelle ou sociale, un jeune garçon face aux préjugés et un père qui connaît finalement si peu son enfant.
Mais nous voyons aussi comment deux personnes qui ne se connaissent pas vont se rattacher l'une à l'autre pour "survivre" au drame. 

C'est un roman fort mais aussi tout en douceur, une lecture mettant en scène la recherche de l'excellence et une "amitié" qui dérange. Très émouvant.
 

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