Je sais pas si c'est d'avoir eu une année de plus hier, mais j'ai envie de m'atteler à des lectures plus ardues en ce moment (j'ai commencé comme ça à lire les 40 premières pages des Frères Karamazov de Dostoïevski, voyez). Enfin bref, Mimine, elle a décidé de renouer avec Cormac McCarthy qu'elle avait carrément adoré avec son La Route (j'allais vous mettre le lien de mon avis avant de me rappeler que je ne l'ai jamais écrit. #gourdasse). Mais voilà, Mimine, elle a été un peu " mwéé-eukay " devant No Country For Old Men (le titre en français Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, mais on est d'accord pour dire que c'est carrément moins classe ?).
On en parle...
(NB : Je n'ai pas vu l'adaptation ciné des frères Cohen, mais j'vais pas tarder à la regarder !)De ce que de quoi ça cause exactement.
Ça va être HYPER simple (pour le coup j'vais pas me casser la nénette à écrire un résumé-résumant-de-manière-subrogative l'histoire) :
- Texas, USA
- Un règlement de compte entre dealers qui a mal tourné
- Un gars trouve le fric du deal et l'emporte
- Un tueur à gage psychopathe et buveur de lait part à la chasse du gars (le chanceux)
- Un vieux shérif philosophe part sur les traces du gars ET du psychopathe
- Ça va saigner.
Ben alors ? Keskisépassé ?
Alors là ma courgette, si c'était si simple... J'vais essayer de dépiauter tout ça, parce que ça risque de pas être claire. Ou peut-être si.
Je vous avoue que je ne sais pas du tout où je vais avec ce billet.
*plongée dans les coulisses du blog*
Mais enchaînons.
Quand on entre dans le bouquin, on sent assez vite que l'expérience va être déroutante. Déjà au niveau de l'écriture.
Ça, faut avouer qu'il a eu un travail de recherche dans le style. C'est plutôt original rien que dans sa construction : les phrases sont rythmées par de nombreuses conjonctions de coordination. Et puis alors ça s'enchaînent !
Exemple : " Il se met les poignets sous l'eau froide jusqu'à ce que ça cesse de saigner et découpe à coups de dents des bandes de tissu dans un essuie-mains et se bande les poignets et retourne dans le bureau. "
On est d'accord qu'à lire c'est très bizarre. Le traducteur a du s'arracher les cheveux pour ne pas déformer le style de Cormac McCarthy (chapeau l'artiste). C'est pourquoi après moult tergiversations avec moi-même, je pense sincèrement que c'est un roman à lire dans sa langue originelle (là mon prof d'anglais dirait qu'il faut TOUJOURS lire en VO quand c'est possible). Du coup j'suis allée lire quelques passages en anglais, par curiosité et ça a confirmé mon sentiment. C'est plus fluide et ça correspond je pense mieux au vocabulaire et aux sons de la langue anglaise qu'avec la nôtre. Limite s'il faudrait pas que je le relise du coup en VO.
Outre ce détail grammatical, j'ai beaucoup aimé par contre l'écriture dans ce qu'elle raconte. Descriptive, factuelle, elle décrit des actions, des gestes. D'où un rythme saccadé " tac tac tac tac " (j'le fais bien hein ?). C'est froid, c'est chirurgical, c'est précis. Les émotions y sont complètement absentes comme si l'écriture voulait coller au manque total de sentiments des principaux protagonistes.
Car niveau personnage, pas facile de s'y attacher. On ne connaît rien de leur intériorité, la narration n'étant pas focalisé sur eux mais sur les actions. Excepté le shérif.
Et là ça devient vachement intéressant.
Voyez, les chapitres sont entrecoupés à chaque fois d'une page et demie consacrée aux pensées du shérif. L'écriture en est même complètement différente. Même la typographie est changée. Plus déliée, plus souple, l'écriture laisse s'épanouir les émotions et l'humanité qui transparaît dans le personnage du shérif (bougrement attachant).
Ce travail sur le style est franchement passionnant car on sent la volonté de l'auteur qu'il n'y ait pas que la narration pour " raconter ", le style aussi prend part au développement du récit et des personnages.
Et c'est à ce point de mon billet que je me demande pourquoi j'ai eu un " mwé-eukay " finalement. Oui à force de vous en parler là comme ça, je commence à me dire qu'en fait il est franchement fou ce bouquin.
Oh ce retournement de situation en direct live !
La confusion-conclusion
Pour être tout à fait honnête, sentimentalement parlant et en dehors de toute analyse littéraire, No Country For Old Men est un roman assez difficile. Je me souviens que dans La Route la recherche stylistique était là aussi. Or voilà, La Route m'avait énormément touchée dans ce qu'il racontait. Là, No Country for Old Men doit être mieux rendu au cinéma. Je comprends à présent pourquoi les frères Cohen ont voulu l'adapter. Le style d'écriture assez cinématographique en fait est absolument propice pour faire de magnifiques plans.