Ma dernière lecture en date : Les Mémoires d’Hadrien, chroniques de la vie d’un empereur romain du IIe siècle après Jésus-Christ.
Ce roman historique offre une vision globale de la vie de l’empereur et de l’homme Hadrien. J’en ai principalement apprécié le style, d’une grande élégance, avec des descriptions vraiment magnifiques. La finesse du portrait est aussi remarquable : elle mêle l’individu et l’homme d’État avec une immense lucidité, dépeignant un dirigeant doté d’une vraie vision, d’un amour des choses anciennes et de la grandeur de l’empire, fervent défenseur de la paix et politique intelligent, mais qui ne craint pas d’avouer ses propres failles. Hadrien est aussi tout entier modelé de poésie, de philosophie, d’art et d’amour ; il explore diverses pratiques spirituelles, s’interroge sur la mort, discute de son statut de presque-dieu, mais connaîtra également les affres de la maladie, ainsi que la passion et le deuil auprès du bel Antinoüs. Retraçant son existence pour le petit-fils qui doit lui succéder à la tête de Rome, il mêle une complète franchise à une très grande conscience de la complexité de l’existence, des êtres et de l’histoire.
En même temps, c’est un livre assez dense qui s’apprécie plus qu’il ne se dévore. Je ne dirais pas que je l’ai adoré, mais que je l’ai admiré : en tant que (toute toute petite) auteur, tout le travail, toute l’intelligence qui passent dans une telle œuvre me laissent pantoise. (J’ai d’ailleurs d’autant plus apprécié les notes de Marguerite Yourcenar contenues à la fin du livre, qui posaient un intéressant éclairage sur le processus d’écriture.) J’ai beaucoup aimé la beauté de la langue et la profondeur des messages, mais il n’y avait pas de fil narratif continu, d’intrigue qui tienne le lecteur en haleine. Une vie, même celle d’un grand homme, n’est rarement qu’une épopée ; elle peut garder une cohérence tout en suivant une trajectoire sinueuse, avec ses détours et ses imprévus. Ce n’est pas le plus passionnant, ça ne vous laisse pas captivé et mourant d’envie de connaître la suite, mais ça fait réfléchir de manière plus profonde. À lire pas pour la distraction en soi, mais pour entrer un peu dans un autre univers, avec une autre culture et un autre regard.
J’enchaîne sur du Stephen King : si j’avais voulu faire un plus grand contraste, je crois que je n’y serais pas arrivée 😉
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