Né dans le Michigan en 1984, Callan Wink vit aujourd’hui à Livingston, dans le Montana, où il est guide de pêche à la mouche. Il a fait sensation en 2011 en étant le plus jeune auteur à publier une nouvelle dans le New Yorker. Son premier livre, Courir au clair de lune avec un chien volé, vient de paraître. Il s’agit d’un recueil de neuf nouvelles.
Il est toujours difficile de chroniquer un recueil de nouvelles car je ne vais pas vous faire un topo sur chacune, ce serait trop long et ça vous gâcherait votre lecture. Tout ce que je peux vous dire de ces intrigues qui se déroulent dans le Montana, c’est qu’il y a un tueur de chats, une reconstitution de la dernière bataille de Custer, la mort de Mexicains sans papiers sur un chantier… mais tout cela n’est pas très important, d’ailleurs ce ne sont que des détails à l’intérieur des nouvelles elles-mêmes.
L’intérêt du bouquin réside dans son écriture et plus précisément, l’état dans lequel elle plonge le lecteur. L’écriture est « douce », les textes ne jouent pas sur un effet de chute finale, souvent le temps ultime reste comme en suspens ; ajoutant une note à une certaine mélancolie devant le monde alentour, comme si l’auteur s’interrogeait sur la vacuité de la vie, en proie à un tourment existentiel mal identifié.
Plusieurs fois il fait dire à ses personnages, « on ne peut s’empêcher d’imaginer combien les choses auraient pu être différentes » (Moïse au pays des indiens Crows) ou encore, « sa vie aurait pu prendre un autre tour » (Regarder en arrière), et c’est le point commun à toutes ces nouvelles, cette fatalité ou ce coup du sort qui fait que nos vies basculent d’un côté ou d’un autre, sur un détail ou sur un rien. En conséquence, les personnages de Callan Wink n’en sont que plus touchants.
Un premier ouvrage très intéressant qui peut laisser espérer mieux encore dans le futur.