Rivages /Noir 2013
Dans un appartement, gît le corps sans vie d'une femme, éviscérée. Dans ce même appartement , il y a un placard dont la porte est légèrement ouverte. Dans ce placard, un petit coussin, de l'eau. Dans ce placard, un cahier. Dans ce cahier, une écriture, celle d'un enfant.
Alice est une voisine, Alice est photographe. En descendant de chez elle, elle a trouvé la porte ouverte, elle est entrée, elle a vu, a pris des photos, comme ça par automatisme puis elle a vomi.
Ce n'est qu'après qu'elle a vu le placard, qu'elle s'est emparée du cahier, qu'elle a compris que l'enfant était parti, qu'elle devait le retrouver.
Alice en a fait son histoire personnelle et chaque fois qu'elle ouvre le cahier, elle retrouve son passé. A lice a son placard.
Dans cet appartement, la police découvre le corps sans vie d'une femme, éviscérée. Les intestins ont été scrupuleusement lavés dans l'évier de la cuisine.
Dans ce même appartement , il y a ce placard dont la porte est légèrement ouverte, où l'on découvre les traces d'une présence. Mais il n'y a plus personne. Samuel et Eustache, deux flics chargés de l'affaire découvrent la scène de crime et comprennent rapidement qu'un enfant occupait ce petit espace.
Pourquoi cette femme est-elle morte ? Pourquoi enfermait-elle son enfant ?
Eustache n'a pas envie d'être là., il a envie de rentrer chez lui, se caler devant son ordinateur et poursuivre son récit, son histoire. Eustache a son placard.
Samuel n 'a pas envie d'être là. Ce n'est pas l'image de la morte qui le hante mais celle du placard et du petit creux dans le coussin. " C'est trop la merde cette histoire. " . Samuel laisse tomber sa tête entre ses mains. Lui aussi a son placard...
Quatre personnages dont les chemins vont se croiser. Réunion de destins autour d'un meurtre.
Trois personnages au passé lourd et inacceptable ou à l'enfance brisée.
Et un enfant. L'enfant dans son présent, dont la vie tient grâce au fil de son cahier. Petite écriture naïve et maladroite, patte de mouche aimante et pleine d'amour pour son bourreau.
Ce n'est pas le roman d'un meurtre et pas uniquement celui de la recherche d'un meurtrier. C'est la combinaison de trois écritures, de trois typographies, de 4 personnages. Christian Roux a l'art et la manière de rendre ses personnages marquants, de ceux qu'on croise dans la rue, qu'on côtoie et qui traînent leur passé, leurs blessures dans la solitude et le silence des mots. Des personnages hantés par leurs placards très noirs au goût acide.
On a tous un placard légèrement ouvert.
Autre roman de christian Roux ICI