Il parcourt les États-Unis en auto-stop. Dans son sac à dos, du sable. Toutes les directions sont bonnes à prendre, le voyageur erre à la recherche du remède pouvant guérir son mal. Sa quête est la même depuis trois cents ans : il cherche à vaincre l’immortalité, cette malédiction qui lui fait traverser les siècles et constater à quel point la situation ne fait que se dégrader. Dans un futur proche, l’Amérique suffoque, les catastrophes naturelles s’enchaînent, une guerre a semé la désolation. La planète devient invivable et le voyageur continue à vivre malgré lui.
De la SF de haute voltige par un auteur israélo-américain dont l’univers graphique n’est pas sans rappeler celui de Frederik Peeters et de sa série aâma. La construction est imparable. Chaque chapitre, dessiné dans une gamme chromatique différente, peut se lire comme une histoire indépendante faisant partie d’un grand tout. Un grand tout qui se tient de bout en bout où l'on traverse différentes époques. Je craignais une fin sans réelle explication, un truc un peu mystérieux, hermétique et facile. J’avais tout faux. La dernière partie, explicitement intitulée « Où le voyage s’achève », donne les clés du cheminement du voyageur et offre une cohérence indiscutable à l’ensemble.
Excellent cet album, vraiment excellent. Tellement sombre, désespéré, cynique, lucide. Je n’ose pas dire visionnaire mais on ne doit malheureusement pas être loin du compte. J’ai adoré parce que c’est une réflexion sur la solitude, le temps qui passe, l’inexorable fin annoncée à laquelle personne n’échappera. C’est le portrait sans concession d’un pays, et plus largement d’une planète, qu’une espèce s’acharne à détruire avec une minutie et une volonté sans faille. C’est un regard porté sur l’humanité qui ne laisse place à aucune illusion. C’est d’un pessimisme absolu, un pavé dégoulinant de noirceur lancé dans l’océan de feelgood tellement à la mode en ce moment. Et bordel que ça fait du bien !
Le voyageur de Koren Shadmi (traduit de l’anglais par Bérengère Orieux). Ici même, 2017. 175 pages. 25,00 euros.
De la SF de haute voltige par un auteur israélo-américain dont l’univers graphique n’est pas sans rappeler celui de Frederik Peeters et de sa série aâma. La construction est imparable. Chaque chapitre, dessiné dans une gamme chromatique différente, peut se lire comme une histoire indépendante faisant partie d’un grand tout. Un grand tout qui se tient de bout en bout où l'on traverse différentes époques. Je craignais une fin sans réelle explication, un truc un peu mystérieux, hermétique et facile. J’avais tout faux. La dernière partie, explicitement intitulée « Où le voyage s’achève », donne les clés du cheminement du voyageur et offre une cohérence indiscutable à l’ensemble.
Excellent cet album, vraiment excellent. Tellement sombre, désespéré, cynique, lucide. Je n’ose pas dire visionnaire mais on ne doit malheureusement pas être loin du compte. J’ai adoré parce que c’est une réflexion sur la solitude, le temps qui passe, l’inexorable fin annoncée à laquelle personne n’échappera. C’est le portrait sans concession d’un pays, et plus largement d’une planète, qu’une espèce s’acharne à détruire avec une minutie et une volonté sans faille. C’est un regard porté sur l’humanité qui ne laisse place à aucune illusion. C’est d’un pessimisme absolu, un pavé dégoulinant de noirceur lancé dans l’océan de feelgood tellement à la mode en ce moment. Et bordel que ça fait du bien !
Le voyageur de Koren Shadmi (traduit de l’anglais par Bérengère Orieux). Ici même, 2017. 175 pages. 25,00 euros.