Ciné : extase et déchirements

Par Guillemette @Guillemette_AB

Mes films ces derniers temps ne manquaient pas d’émotion. On reste d’abord dans le cinéma américain avec Soudain l’été dernier, adaptation de la pièce de Tennessee Williams avec Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn et Montgomery Clift.

Le docteur Cukrowicz (Montgomery Clift), psychiatre et neurochirurgien spécialiste de la lobotomie, exerce dans une clinique où le financement manque cruellement. L’offre de soutien de la riche Violet Venable (Katharine Hepburn) est donc terriblement bienvenue. Celle-ci n’a qu’une demande : qu’il prenne en charge sa nièce Catherine (Elizabeth Taylor), amnésique et déséquilibrée. Le traumatisme de la jeune femme remonte au décès de Sebastian, le fils de Mme Venable, dont elle a été le seul témoin — et la mère éplorée n’en démord pas, l’opération est la seule solution à son cas…

J’avais déjà adoré La Chatte sur un toit brûlant, autre adaptation de Tennessee Williams avec Elizabeth Taylor. J’ai retrouvé ici la même ambiance sombre et passionnelle, les mêmes personnages tourmentés — mais dans une version encore plus angoissante, car on sortait d’un cadre familial assez traditionnel pour explorer des relations franchement dysfonctionnelles, ou bien plonger carrément dans le milieu psychiatrique. Les trois acteurs relevaient le défi avec brio : j’ai particulièrement découvert Katharine Hepburn, dont l’élégance très atypique m’a vraiment séduite. Je n’hésiterai pas à chercher d’autres films avec elle quand j’en aurai l’occasion !

SUDDENLY LAST SUMMER, Montgomery Clift, Katharine Hepburn, 1959

Je suis ensuite revenue à un cinéma plus moderne avec The Danish Girl, que je voulais voir depuis longtemps. C’est l’histoire de Lili Elbe (née Einar Wegener), la première personne à avoir subi une opération pour changer de sexe, dans le Danemark des années 20.

Le sujet est traité sous l’angle du mariage entre Einar (Eddie Redmayne) et Gerda (Alicia Vikander). Entre ces deux jeunes peintres vivant d’art et d’amour, la complicité est totale. Lorsque la sensibilité féminine d’Einar commence à se révéler, de manière d’abord fortuite, cette évolution devient un jeu amoureux entre eux… Mais Lili n’est pas un jeu : c’est une personne à part entière, trop longtemps refoulée. Une fois la porte entrouverte, elle s’installe comme une évidence. Traitée comme folle, confrontée au déchirement d’une épouse qui voit l’homme qu’elle aime disparaître sous ses yeux, elle n’a pourtant qu’une option : se libérer à tout prix d’un corps et d’une identité devenus une prison.

Ce film m’a absolument bouleversée. La métamorphose d’Einar en Lili est étonnante et magnifique, portée par un acteur extraordinaire d’émotion et de fragilité. Voir cette transformation à travers une histoire d’amour est également fascinant, car l’entente du couple, qui saute aux yeux dès le départ, souligne encore plus la tempête qui va suivre. Gerda aime son mari comme il est et accepte Lili en tant que part de leur intimité ; c’est quand celle-ci prend corps et chair, qu’elle est regardée en tant que femme par d’autres hommes, que l’épouse perd pied et se trouve dépassée. Et on ne peut que comprendre son refus, même s’il n’aura pour effet que de les déchirer tous deux encore plus. Le talent des deux acteurs rend cette histoire encore plus forte, permettant à l’intrigue amoureuse et à la transformation psychologique de coexister sans se retirer quoi que ce soit.

L’aspect artistique est aussi très développé — Gerda révèle Lili sous son pinceau, en faisant sa muse, mais ce faisant elle révèle aussi son propre talent. L’esthétique du film est très prononcée, pleine de délicatesse et de sensualité. Le tout porté par une magnifique bande-son d’Alexandre Desplat, que j’écoute en boucle depuis…

Je ne résiste pas à la tentation de vous coller la bande-annonce, qui résume tout ça bien mieux que moi :

Et après… Après, j’enchaîne sur Fatale avec Jeremy Irons et Juliette Binoche, pour continuer sur la même veine. Je vous en dirai des nouvelles 😉

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