Oui, il y a un problème. Celui qui a pour conséquence qu'on peut mourir pour rien, juste parce qu'on est à un endroit, et qu'un fou de Dieu se sent le droit de tout faire sauter. Comment vivre désormais avec les attentats, se demande-t-on. Oui, mais quand on en est soi-même victime? Comment réagir à cette injustice? Ne pas avoir la haine? Aller de l'avant quand tout semble perdu? C'est ce qu'explique l'auteur, Belge, dans ce livre, à la fois hommage poétique d'un veuf à son épouse et message humaniste d'un père appelant à l'amour et à la fraternité. Il a en effet perdu sa femme, mère de leurs trois enfants, dans l'attentat du métro de Bruxelles, à la station Maelbeek, le 22 mars 2016. Elle se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment.
Il dit combien cela lui fait mal, atrocement mal, de vivre sans elle, d'envisager l'avenir sans elle. Il dit que seul l'amour pourra lui venir en aide. Et sa religion sans doute. Son texte prend aux tripes, rappelle qu'il y a un an et demi, plus de trente personnes ont été tuées dans les attentats de Bruxelles, endeuillant et traumatisant encore davantage de familles, tétanisant la population.
Le pire lui est arrivé et il veut transformer son immense chagrin en message de paix et de tolérance. Des milliers de personnes l'ont entendu témoigner dans les médias et ont visionné son message diffusé à la veille de Noël. Aujourd'hui, il le reprend en livre et le complète de l'évocation de son enfance, de son amour pour Loubna, de sa vision de l'Islam toute en modernité. Il s'appelle Mohamed El Bachiri et mérite respect et admiration pour avoir publié "Un jihad de l'amour" (propos recueillis par David Van Reybrouck, version française établie par Philippe Noble, JC Lattès, 116 pages). C'est un grand, c'est un juste. Chapeau.
Pour feuilleter en ligne le début de "Un jihad de l'amour", c'est ici.