- Une histoire des abeilles -

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Éd. Les Presses de la Cité

J'ai une trouille bleue des abeilles. Voilà, c'est dit #instantconfession. Tout ce qui ressemble de près ou de très loin à un insecte jaune et noir, qui fait BZZZ et c'est la panique assurée pour Titine. Pour autant, je n'aime qu'on les tue, même si c'est pour me "sauver la vie" (contrairement à mon génocide de limaces), puisque que je sais qu'elles sont utiles et même indispensables à la biodiversité et notre survie (mais si elles pouvaient aller bzibziter ailleurs qu'autour de moi, qui ne possède pas une once de pollen sur elle, ce serait fort plaisant). Bref, je m'égare.

Lorsque j'ai vu passer ce roman, sur les différents blogs et sur , j'ai grandement hésité. L'écologie m'intéresse, certes, mais lire un roman à ce sujet a tendance à me déprimer plutôt qu'autre chose. N'écoutant que mon courage et faisant fi de mon aversion phobique, je me suis tout de même lancée à corps perdu dans le récit de Maja Lunde... Pour vous, public ! (ok, je sors)

- Une histoire des abeilles -

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Angleterre, 1851. Père dépassé et époux frustré, William a remisé ses rêves de carrière scientifique. Cependant, la découverte de l'apiculture réveille son orgueil déchu : pour impressionner son fils, il se jure de concevoir une ruche révolutionnaire.


Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils, converti au végétarisme, rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d'une exploitation menacée par l'inquiétante disparition des abeilles ?


Chine, 2098. Les insectes ont disparu. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser la nature à la main. Pour son petit garçon, elle rêve d'un avenir meilleur. Mais, lorsque ce dernier est victime d'un accident, Tao doit se plonger dans les origines du plus grand désastre de l'humanité.

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Comme vous pouvez le lire dans le résumé ci-dessus, nous allons suivre à la fois trois époques différentes et trois personnages bien distincts. Ces trois narrateurs, chacun avec leur voix propre, vous nous exposer chacun à leur tour, dans des chapitres courts, leur propre expérience avec les abeilles : William évoque les débuts d' un certain type de ruche, censé être le plus efficace possible, George, le plus proche de notre époque, nous présente le fonctionnement d' une grande exploitation apicultrice et Tao, dans une version "dystopique", expose les problèmes dus à la disparition des abeilles et les "astuces" qu'ont mis en place les humains pour palier à ce léger problème.

Ces changements d'époque peuvent sembler abrupts au tout début de la lecture, puis, assez rapidement, les événements se mettent en place et vous commencez à comprendre et à voir apparaître une grande et passionnante cohérence. Les personnages sont attachants, chacun à leur manière. George est bourru mais adore son métier, ses abeilles et sa famille, Tao déteste sa vie de pollinisatrice et rêve d'un monde meilleur pour son fils. Si ces deux-là m'ont plu, le troisième, William m'a rappelé un moment particulièrement désagréable de ma licence littéraire : la lecture des Souffrances du jeune Werther et l'étude du mouvement Sturm und Drang (précurseur allemand du romantisme, qui peut se traduire par " tempête et passion"), le gars, il a le spleen chevillé au corps. Il se plaint, végète au lit, rejette ceux qui l'aident et n'a d'yeux que pour son fils (pas franchement plus folichon que lui). Néanmoins, ces trois tempéraments bien différents sont un délice à suivre.

Le récit en lui-même montre une réalité connue, mais qu'il nous arrive d'oublier vite, une fois que le post facebook au titre racoleur a disparu de notre fil d'actualité : la disparition des abeilles. En nous parlant de la bestiole, en nous expliquant son fonctionnement, son but et sa manière de vivre, Maja Lunde nous captive. Un peu de science bien expliquée, voilà quelque chose qui fonctionne toujours avec moi. Lorsqu'on me raconte une "belle" histoire, centrée sur un sujet d'actualité dont on parle finalement peu, en éveillant peut-être, chez certains, une conscience écologique endormie et qu'en plus, j'apprends quelque chose, ma foi, c'est BANCO.

J'ai adoré ma lecture, tout simplement. Le récit est rythmé, on ne s'ennuie pas une seule seconde, le ton, dynamique et pressant, montre bien l'urgence de la situation pour la nature et notre survie, sans être moralisateur pour un sou. Pour couronner le tout, les liens entre passé/présent/futur et entre tous les protagonistes (regardez bien, la thématique de la filiation, de la descendance et de ce que nous laissons à nos enfants est très présente !) m'ont beaucoup touché.

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Dans mon C'est Lundi #59, je vous annonçais deux coups de cœur, le premier, vous l'avez vu, c'était La lune est à nous de Cindy Van Wilder. Le deuxième était beaucoup moins attendu et c'est celui-ci, Une histoire des abeilles. J'ai trouvé ce premier roman incroyablement bien maîtrisé et pertinent. En plus de vous faire passer un excellent moment de lecture, il vous poussera à réfléchir, à vous interroger et, peut-être, à regarder de travers ce pot de miel qui traîne sur une étagère de votre cuisine. Une histoire des abeilles est, pour l'instant, l'une de mes uniques lectures de la Rentrée Littéraire 2017, mais (attention, je vais présentement me jeter des fleurs) ce fut un excellent choix ! Merci encore à et aux Presses de la Cité !