Tout sur le zéro
Pierre Bordage
Au diable Vauvert
Septembre 2017
264 pages
Ce roman, c’est la folie du jeu, le casino, la roulette qui emporte tout sur son passage, les espoirs et les désespoirs, les gains et les pertes.
Je ne connaissais Pierre Bordage que de nom, un auteur de romans de science-fiction, un genre que je lis peu. Mais ici, il quitte son domaine de prédilection pour le roman plus social, plus ancré dans la réalité.
J’ai découvert un écrivain avec un style particulier, chaque chapitre est une longue phrase, ponctuée seulement de virgules (des points ne feraient pas le même effet), avec laquelle le lecteur voyage, navigue, au gré des mots et des idées, des jeux de mots et des énumérations. Cette logorrhée verbale (c’est l’effet que donne cette absence de points) m’a emportée dans son tourbillon de mots et du jeu, avec facilité, je n’ai opposé nulle résistance, je me suis laissé faire.
J’ai été moins emballée par les passages dialogués (toujours sans ponctuation), que j’ai trouvés souvent (pas toujours) factices, artificiels et même parfois peu crédibles.
Une histoire ? Non. Des histoires qui se croisent, des personnages qui se cherchent, fragiles, malheureux, qui souffrent et qui trouvent dans le jeu, une respiration, un bol d’air qui peut tout aussi bien les faire plonger. Un moment de leur vie où ils ressentent vraiment quelque chose, où le verbe vivre, est proche du verbe vibrer, loin des tracas, d’une vie morne et sans intérêt, loin du deuil.
On sent et ressent beaucoup de justesse dans ce que nous livre Pierre Bordage sur ces personnes addictes au jeu. Mais, on aurait aimé, ou plutôt j’aurais aimé, un peu plus de profondeur dans le propos, dans l’histoire, plus de réflexions, plus de corps. J’ai passé un bon moment de lecture, j’ai même vraiment apprécié certains passages, mais je reste aussi un peu sur ma faim.