La part des anges de Laurent Bénégui
Parution le 7 septembre 2017
À la mort de Muriel, sa mère, Maxime se rend au Pays basque pour les funérailles. Il assiste à la crémation en état de choc et, quand on lui donne les cendres, ne sait pas quoi en faire. Il dépose donc l'urne dans le panier à commissions de sa mère pour emmener celle-ci une dernière fois faire ses courses au marché. Une initiative en forme d'hommage épicurien qui devient embarrassante lorsque, entre les étals de fruits et de poissons, apparaît Maylis, la jolie infirmière qui s'est occupée de Muriel jusqu'à son dernier souffle... Comment lui avouer que celle-ci est au fond du cabas ?
Écrire sur le deuil avec humour et légèreté, sans pour autant négliger la profondeur des émotions, c'est le pari réussi de cette comédie qui encense la vie. Avec son esprit facétieux et son art de plonger ses protagonistes dans les situations les plus inextricables, Laurent Bénégui compose un émouvant éloge de la figure maternelle tout en célébrant les plaisirs de l'existence.
Vous ne le savais pas encore mais chez moi, nous sommes un petit peu La famille Adams. La mort n'est pas un sujet tabou ni ce qui y a trait. La preuve en est qu'au moment où je vous écris ces mots, je porte un petit haut très sympathique qui arbore des crânes souriants. Et puis ma carrière ( éclaire malheureusement ) dans les pompes funèbres vient égayer le tableau que je suis en train de vous dresser. Que penseriez-vous d'un fils qui promène les cendres de sa défunte mère dans un panier pour l'amener faire le marché une dernière fois ? La mort n'est pas que tristesse. Elle peut aussi nous faire sourire et même rire. C'est ce détachement qu'il faut avoir pour apprécier le roman de
Tout ça pour vous dire que je n'ai pas su résister au roman de
Personnellement, ce n'est pas dans un panier mais dans un siège auto que j'ai promené les cendres paternelles. Laurent Bénégui, La part des anges. D'angélique, il n'en a que le titre. Il aborde avec décontraction et parfois exagération mais toujours avec honnêteté le sujet de la mort et de son commerce. Humoristique par certains côtés, il fera frémir d'effroi beaucoup de lecteurs et en fera sourire d'autres. Seule votre sensibilité dira dans quelle catégorie vous intégrer. Laurent Bénégui sous peine d'être percuté à pleine vitesse par les vérités que nous ne devrions découvrir que le jour venu, voir jamais pour certaines.
Le personnage de Maxime n'est pas le seul narrateur de l'histoire. Bien que décédée, sa mère nous parle d'outre tombe et c'est savoureux. Tel un esprit n'ayant pas tout accompli, de son vivant elle va rester spectatrice des faits et gestes de son fils et les commenter telle une voix off. J'ai beaucoup apprécié cette petite touche surréaliste qui renforce le ton décalé du roman.
La part des anges est un livre qui peut heurter les âmes sensibles mais qui pris au troisième degré est à mourir de rire. Saugrenue, l'histoire n'en est pas moins dépourvue de finesse. La part des anges dédramatise ce passage si douloureux de la vie et accorde une petite touche romancée à son lectorat, ce qui va alléger les esprits. J'ai passé un bon moment avec cette histoire hors norme qui a eu le mérite de me faire rire noir.
Maxime quitte la région Parisienne pour retrouver le temps d'une journée le Pays Basque, terre adoptive de sa mère. Décédée d'une longue maladie, son fils va se retrouver confronté à l'organisation des obsèques et au dernier adieu. Avec des situations cocasses ou désarmantes selon le point de vue, La part des anges est un roman qui passera ou qui cassera.
" - Avez-vous apporté un CD, Monsieur ? Maxime reste un instant sans réagir, puis il comprit en interceptant le regard du type, en direction d'une enceinte montée sur trépied. - Ah non, je ne savais, je n'y ai pas pensé... -Dans ce cas, nous avons sélectionné un choix, ce sont les morceauxx les plus fréquemment demandés par les familles. Maxime hocha la tête et se saisit de la brochure, découvrant avec étonnement le hit-parade de la mort, en tête duquel trônaient Hallelujah dans la version de Jeff Buckley, What a Wonderful World, de Louis Amstrong, Puisque tu pars, de Jean-Jacques Goldman, et The End, des Doors."