Mirror Mirror

Mirror Mirror, de Cara Delevingne, aux éditions Hachette 

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Que de surprises en ce mercredi ordinaire ! Car non seulement, vous avez la chance (incommensurable, j’en suis sûre) de lire notre nouvelle chronique, mais en plus de cela, elle sera dédiée à un livre tout frais, installé il y a à peine quelques heures sur les rayonnages de toutes les librairies de France ! Si ça ce n’est pas de l’exclu, je mange mon chapeau !

Je vous rassure, je ne suis pas une femme bionique, capable de lire 100 pages à la seconde (comme cela serait pratique ceci dit), j’ai simplement eu la chance de pouvoir découvrir ce nouveau roman avant qu’il ne fasse un raz-de-marée dans les librairies. Comment ai-je pu réussir un tel exploit ? Ahahaha, un magicien ne dévoile jamais ses tours !

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Bref, après vous avoir parlé de « raz-de-marée », vous vous attendez sûrement à une pure merveille. Hé bien, navrée, je vous spoile un peu, mais je n’ai pas trouvé dans ces pages de quoi me transcender. Alors pourquoi ce livre va-t-il, selon moi, se hisser très vite dans le top des ventes ? Grâce à son auteur, pardi !

Si le nom de Cara Delevingne ne vous dit rien, je suis désolée de vous annoncer que c’est parce que vous êtes vieux. Ne me frappez pas, ce n’est pas moi qui le dit mais c’est l’Internet. Car en quelques années, Cara Delevingne s’est imposée comme l’idôle des « millenials », ces jeunes nés autour des années 2000. Mannequin (connue pour ses sourcils d’enfer), actrice, égérie, star d’instagram et chanteuse, la jeune femme a désormais décidé de rajouter une corde à son arc en devenant écrivain. Moi qui ai déjà du mal à assumer mes casquettes de responsable adjointe de librairie et de blog, je lui lève mon chapeau !

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Cara Delevingne, Messieurs, Dames

En tout cas, j’ai plongé dans son imaginaire sans a priori, puisque ma dernière lecture de « star » s’était plutôt bien passée (voir ici). Je ne m’attendais donc à rien : ni à du merveilleux, ni à du mauvais, et pourtant j’ai eu le droit aux deux.

Récemment unis par leur amour de la musique, Red, Leo, Naomi et Rose tentent de survivre ensemble dans la jungle impitoyable du lycée. Leur groupe, Mirror Mirror, connaît un petit succès auprès de leurs camarades, jusqu’à ce que la disparition de l’un des membres ne fasse tout voler en éclats. Rien ne laissait présager pourtant que Naomi recommencerait à fuguer. Au contraire, elle était heureuse, et n’avait plus rien à fuir. Enfin c’était ce que ses amis croyaient jusqu’à ce qu’on la retrouve à moitié morte dans la Tamise.
Bouleversés par la nouvelle, Red, Léo, et Rose vont partir en quête de vérité. Mais ce qu’ils ignorent alors c’est qu’elle a un prix terrible.

Je vais commencer par les bons côtés : l’écriture est vive, dynamique et le voyage à travers les vies des personnages est rapide et prenant. Le côté « enquête » qui s’entremêle au quotidien des héros est assez addictif dans le sens  où on a envie de connaître le fin mot de l’histoire.
Autre point fort : les thèmes abordés. Certains, comme la quête d’identité sexuelle, sont encore assez peu développés encore en littérature jeunesse. Cara Delevingne réalise également le tour de force de me surprendre avec un retournement de situation marquant. J’ai rarement été aussi surprise que dans ce livre. Mais malheureusement, tout ne fut pas que de bonnes surprises.

Si l’écriture est dynamique, on ne peut pas lui apprêter de profondeur. Tous les personnages, sans exception, sont un concentré de clichés sur les jeunes, mais également sur les adultes. De la jeune fille populaire et friquée qui a un problème de relation familiale depuis que son père s’est mis en couple avec une fille à peine plus âgée qu’elle, à l’ado de la Cité forcément impliqué dans des affaires louches, en passant par l’adolescent en pleine crise identitaire mais dont les parents sont soit trop bourrés, soit trop occupés à avoir des aventures extra-conjugales pour le voir, on n’a que l’embarras du choix niveau clichés. 

Mais le pire reste quand même « l’enquête » menée tambour battant par Red. Même si cette partie possède une aura addictive qui nous pousse à vouloir voir la fin, j’ai nettement préféré m’attarder sur la vie privée des héros. Car l’enquête va vite prendre la couleur très sombre d’un épisode d’Esprits Criminels, et cela ne sied absolument pas à l’univers du livre. J’aurais sûrement apprécié l’intrigue si elle se déroulait dans un polar (et encore que, je vais vous expliquer pourquoi après), mais là dans un roman pour ados qui parle de quête de soi, je la trouve assez déplacée.  

Je sens votre sourcil se lever de perplexité derrière votre écran (en vrai, vous avez dû lever les deux sourcils, puisque rares sont ceux qui arrivent à n’en bouger qu’un seul :p ). C’est vrai qu’il existe un tas de livres pour adolescents avec une intrigue un peu « polar », mais je ne pense pas qu’il en existe un avec autant d’exagération et d’incohérence que celui-ci. 

Par soucis de clarté, je vais vous raconter ce qui m’a fait pousser un gros soupir d’exaspération. Je fais donc appel au Dieu Spoiler ! Aussi, si vous préférez tout découvrir par vous même, je vous invite à sauter le gros blanc qui suit ; pour les curieux, il suffit de le surligner 🙂

Ce qui donc n’était au départ qu’une « simple » affaire de tentative de meurtre se révèle être beaucoup plus complexe que cela. Car Red découvre que son amie a été victime d’un réseau d’esclavagisme moderne. Elle a été kidnappée par un homme plus âgé qu’elle croyait aimer, puis enfermée dans le but de devenir son esclave sexuelle. 

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Yep, z’avez bien lu. Le pire étant que pas une seule fois, la police ne s’inquiète du sort de cette mineure à moitié morte et n’ouvre aucune enquête ! Seuls Red et la sœur de la victime cherchent la vérité. Et cela est très pratique puisque cette sœur est une hackeuse de génie mettant K.O tous les Experts Manhattan, Las Vegas et Miami réunis. Ceci dit, cela ne m’a pas fait autant « tiquer » que l’identité de l’esclavagiste. Je tairais son nom pour vous garder une part de mystère mais sachez que son profil ne colle pas du tout avec le genre de personne qu’il est censé incarner (non pas que je sois spécialiste, hein, mais j’ai vu beaucoup trop de séries policières pour me taire). Parce que ce type a l’air d’avoir le QI d’une moule, car non content de toujours piocher ses victimes au même endroit, il tente après avoir abandonné Naomi de séduire sa meilleure amie ! Je pensais que l’idée de ce genre de réseau était de ne pas attirer l’attention ? Alors bon, je sais que Londres est une capitale est que donc par conséquent tout y est possible, mais faudrait pas pousser le bouchon trop loin, Maurice ! 

En bref ultime, je dirais que ce livre a le potentiel de plaire à un grand public, de par la notoriété de son auteur mais aussi pour son côté quête identitaire. Certains même apprécieront son côté hybride : mi-livre sentimental, mi-polar. Cependant pour ma part, le côté surréaliste de la partie « enquête » m’a fait quelque peu perdre mon enthousiasme.

Maintenant à vous de nous le dire : conquis ou pas conquis par le premier roman de Cara Delevingne ? Donnez-nous vos ressentis en commentaires ou sur facebook ! 

En attendant, Bonne lecture les Cocos !