Moe est polynésienne, à vingt ans on ne réfléchit pas toujours, elle quitte son île pour suivre un homme à Paris. Quelques années après, son mec l’a larguée et fait d’elle une épave avec en plus un bébé sur les bras. Recueillie par les Services sociaux elle est envoyée, de force, dans un centre pour déshérités, surnommé la Casse. Une vraie casse-auto, où chaque voiture en ruine sert de logement à un être humain déclaré rebut de la société. Une zone clôturée et surveillée. Dans son malheur, Moe a la chance de se retrouver entourée de cinq femmes avec lesquelles elle va se lier…
Un roman avec un sujet assez original même s’il est très proche de nous car cette Casse, centre de regroupement pour tous les miséreux de la société, ressemble fort à un bidonville ou un camp de migrants ; sauf qu’ici, c’’est une prison qui ne dit pas son nom, on ne peut en sortir qu’en payant une somme exorbitante à l’administration. Alors Moe va se mettre en tête qu’elle peut le faire, économiser sou à sou sur le salaire maigrichon qu’on la paie à travailler aux champs. Des journées de travail épuisant, des rations de nourriture chiches et cette obsession insensée qui la taraude comment augmenter son pécule ?
En prison ou en camp, les hommes trouvent toujours le moyen de réaménager leur univers en une ville, une société avec ses propres lois, faite de combines et de ruses. La Casse n’y échappe pas avec ses huit mille habitants. Les six femmes se serrent les coudes, mettent en commun leurs maigres biens sous l’autorité d’Ada l’afghane, une vieille femme qui sert de médecin à la communauté avec ses herbes aux multiples vertus et ses conseils de sagesse. Pour Moe qui ne pense qu’à sauver son fils de cet enfer, les solutions sont peu nombreuses et aussi vieilles que le monde, monnayer son corps et tremper dans le trafic de drogue.
Un roman très dur car aux souffrances vécues dans la Casse, viennent s’ajouter celles pires encore ( ?) connues par ces femmes dans le passé, expliquant leur présence dans ce lieu punitif. Chacune, à un moment du roman, interviendra pour raconter sa vie d’avant – une technique de narration qui m’a semblé néanmoins un peu maladroite – et prétexte pour l’écrivain à passer en revue toutes les misères du monde : enfants battus et esclaves, la drogue et les trafics etc.
L’écriture en phrases très courtes, accentue l’angoisse du récit et dieux du ciel on aimerait tant que Moe et son mouflet s’en sortent… ?