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Neuvième édition de ce nouveau rendez-vous mensuel, qui rime avec " C'est lundi, que lisez-vous ? ", et peut se voir comme un complément ou un petit frère dérangé, comme il vous plaira. Je vous invite à l'adopter, il ne mord pas.
Le principe ? Quatre trucs à balancer !
- Le Top & Flop de ce que j'ai lu le mois dernier
- Au moins 1 chronique d'ailleurs lue le mois dernier
- Au moins 1 lien qui m'a fait " Wahou " le mois dernier (hors chronique littéraire)
- Et enfin : ce que j'ai fait de mieux le mois dernier
Comme le mois de septembre est le vainqueur incontestable et incontesté de la Champion's League des Mois qui passent le plus vite...
... j'ai le sentiment d'avoir tapé un sprint de quatre semaines, et quant à savoir où j'ai trouvé le temps de lire, c'est un mystère que je ne vais pas explorer, car je sors du train et j'ai sommeil.
Ce mois-ci, nous irons donc droit au but, et si vous me voyez dévier dans les hautes herbes, c'est tout à fait normal, je suis incapable de rouler bien droit sur les autoroutes, vous le savez, d'ailleurs si vous êtes là c'est que vous aimez partir dans le décor avec moi, bref comme je disais avant de faire preuve de prolixité poétisante et confuse, n'essayez pas de m'en empêcher, car ce mois-ci, j'irai droit au but :
Ce qui fait donc 1 recueil de poèmes, 8 romans, et 3 BD (j'ai ralenti) (mais entre-temps, côté BD, j'ai entamé un sacré morceau : Blankets, de Craig Thompson, que vous avez été nombreux(ses) à me recommander après ma critique de Habibi).
1) TOP & FLOPParmi ces 12 lectures, j'ai des Top et des Meh, mais pas de Flop ce mois-ci.
TOP (3)Les challengers :
Vous y êtes accoutumés maintenant : j'ai concocté des prix littéraires par catégorie. C'est parti !
Catégorie J'ai soupiré par le cœur, ça faisait un peu mal
(Aussi connue sous le nom Joli et badant, mais plus joli que badant)
Grand Prix
Challenger
Neverland est un caillou plat lancé sur la surface calme de la littérature : il ricoche à l'infini entre les eaux profondes du roman, où se cachent monstres et coffres à trésor, et le ciel clair des essais, où se découpent les grandes lignes d'horizon de l'univers observable. Donc, ce n'est ni un roman (pas du tout) ni un essai (pas tout à fait). C'est ce que pourrait donner ce long message envoyé à votre meilleur(e) ami(e) à l'issue d'une conversation de 5h pendant laquelle vous avez refait le monde et ressorti tous vos frissons d'enfance. Si vous écriviez avec beaucoup de poésie. Dans Neverland, l'auteur part à la recherche du territoire perdu de l'enfance. J'en ai eu la chair de poule tant c'était beau. Je visualisais la maison de mes propres vacances quand, petite, je combattais les monstres dans les champs et sautais par-dessus les ruisseaux, fouillais dans les tiroirs et tirais la couette par-dessus ma tête. Neverland n'est pas un texte très facile d'accès - extrêmement imagé, assez méta, il parle d'écriture créatrice en même temps qu'il parle de l'enfance - les deux ne sont pas dissociables. Mah, c'était beau... À qui recommandé-je Sirius ? Sirius est un roman post-apocalyptique littérature jeunesse. Ces trois éléments mis côte à côte suffisent à en faire un ovni. Je reviendrai vous en parler plus longuement car si je l'ai poétique, paru en aimé, je ne l'ai pas trouvé intellectuellement satisfaisant - et si je ne l'ai pas trouvé intellectuellement satisfaisant, c'est sans doute qu'il n'a pas réussi à me séduire et m'emporter dans le domaine de l'émotion, parce que comme toi, l'amour me rend aveugle et de mauvaise foi. Catégorie Cancre dans un habit d'intello, ou inversement(Aussi connue sous le nom de : Si Baudelaire avait de la street-cred) Pas étonnant que la lecture m'ait donné une irrépressible envie de goûter régressif, et surtout, m'ait fait recherché la sensation douillette d'un bonheur enveloppant - un plaid, des grosses chaussettes, un chocolat chaud. *Pour une meilleure expérience, lire la chronique qui suit en l'entrecoupant fréquemment de soupirs extatiques.* ALORS. Alerte subjectivité massive : l'auteur de ce livre est la personne qui s'assied sur le canapé pour écrire à côté de moi, parfois. Même qu'il nous arrive de partager nos tartines. Je l'ai plutôt à la bonne. Ce disclaimer étant fait, laissez-moi vous parler du Contredit. C'est un recueil sur la ville (ici, Paris), ses laideurs et violences insoutenables... et la beauté que l'on peut apprendre à y dénicher. À travers les poèmes, qui peuvent s'apprécier indépendamment, on suit le fil narratif, celui du héros dans son épopée urbaine. Le souci du mot juste est si aigu, on a la sensation que le texte a été cuisiné pour nous aux petits oignons. Il y a du lyrisme, de l'humour, de la délicatesse et, souvent, un contrepoint ironique léger, mignon, le genre à pas y toucher. Le texte est très moderne, mais aussi cousu de références qui feront sourire les avertis et passeront quatorze kilomètres au-dessus de la tête des néophytes (aka, souvent, moi) sans que ce soit gênant. C'est beau, drôle, et étonnant. {Le livre est disponible ici} Les Cancres de Rousseau est une comédie moderne et urbaine, le dernier-né de l'œuvre fourmillante d'Insa Sané, dont Sarcelles-Dakar est la pierre angulaire. Tous ses romans font vivre des personnages de ce premier volume, en les emmenant dans toutes les directions, de façon généreuse, brillante, dingue - et indépendante (il n'y a pas d'ordre de lecture, personnellement je les découvre en vrac et je m'en porte bien), c'est pour ça qu'on parle de comédie urbaine, en hommage à la comédie humaine. Si Balzac faisait du slam, il écrirait Sarcelles Dakar et Daddy est mort. À noter qu'une réédition collector magnifaïk de tous les romans est sortie pour accueillir Les Cancres, 100e roman de la collection Exprim', chez Sarbacane. {Je crois que c'est le moment où je rappelle que je travaille pour cette incroyable maison d'édition,
et que j'aime ce que je fais}
Les Cancres de Rousseau est l'histoire de l'année de terminale d'une bande de copains qui partent avec les mauvaises cartes (avec des familles boîteuses, souvent, et pas un rond dans les poches), et vivent en banlieue parisienne. Les caïds des banlieue, ceux du JT, c'est eux. Ce sont des mecs et des nanas qui combinent pour arnaquer la vie, histoire de lui soutirer tout ce qu'elle n'a pas prévu de leur donner - un peu de bonheur, de fun et de gloire. C'est l'histoire de Djiraël, le beau gosse, le champion de la vanne, qui apprend à se regarder un peu moins le nombril et penser collectif, grâce à sa relation singulière avec son prof de français, qui, à demi-mot, lui tend un miroir dans lequel se regarder. À qui recommandé-je Les Cancres de Rousseau ?
- À ceux qui ont lu et aimé La pyramide des besoins humains, de Caroline Solé
- À ceux qui ont lu et aimé Dans la forêt, de Jean Hegland
- À ceux qui ont aiment les mondes désolés de La Cinquième Vague et consorts, ont adoré Le Petit Prince de Saint-Exupéry, et rêvent sans le savoir d'une rencontre entre les deux.
Grand Prix
Challenger
- À ceux qui ont aimé Chagrin d'école ou Messieurs les enfants de Daniel Pennac
- À ceux qui ont trouvé un humour et une vérité simples dans Tout ce qui brille, vous savez, le film sur ces petites meufs de banlieue qui ne s'en laissent pas compter (mais restent des filles imparfaites et un poil égocentriques)
- À qui cherche une lecture qui donne le smile
(Aussi connue sous le nom de : L'abîme aussi regarde en toi)
CatégorieLe chaos est une échelle
(Aussi connue sous le nom de : Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir un monstre soi-même. Si tu regardes trop longtemps l'abîme, l'abîme aussi regarde en toi. (Nietzsche))
(Vous l'ignorez, mais vous venez de réchapper de justesse d'une customisation gothico-émo-skyblog
de cette citation, ça m'a chatouillé très fort les doigts.)
Je disais donc, avant de me laisser distraire fort impoliment par un philosophe à l'appendice pilo-facial obsédant :
Ex-æquo
Les optimistes meurent en premier est sympa, pétillant et touchant par de nombreux aspects, et m'a un peu agacée par d'autres... Mais je me dois de souligner que les aspects qui m'ont agacée tiennent principalement à ma pratique du genre (ici, le genre étant la romance américaine " sick-litt " moderne) (si l'expression sick-litt vous donne le cancer, désolée, moi aussi) : j'aurais beaucoup aimé il y a cinq ou six ans, mais à le lire cette année, j'ai vraiment eu l'impression qu'on me déclinait une formule. (Avec quelques facilités qui me hérissent le poil, par exemple : le malentendu dû à la non-communication entre les personnages, ou le force-fed drama). (oui, je viens de l'inventer) naît du constat selon lequel, dans la vraie vie, personne de raisonnable ne ferait tout un plat de ce qui est en train de se passer (qu'il s'agisse d'un mensonge anodin, d'une nano-trahison, d'une promesse non-tenue, etc.), à moins d'être un emmerdeur Boss Level, or il semblerait que dans le roman, TOUS LES PERSONNAGES soient des emmerdeurs Boss Level, à réagir au quart de tour à la moindre pétouille. Ce qui confronte le lecteur (aka moi) à des persos ingérables qui se crêpent le chignon comme au CE2, et se montent le bourrichon dans leur coin (comme toi à 3h du matin quand tu penses à ce truc que t'aurais surtout pas dû dire à ton crush, il y a neuf ans, en voyage scolaire). Cette surenchère de Boss de l'Emmerdement exige un niveau d'investissement émotionnel global éprouvant, et amène in fine le lecteur (aka toujours moi) à avoir envie de tout lâcher et plonger la tête dans un bocal à glaçons. (Chronique à venir de ce roman car elle me permettra d'évoquer des aspects de la littérature ado que je trouve intéressants à analyser.)Un roman court à mi-chemin entre le joli et le percutant, avec de vrais morceaux de bravoure, que j'aurais aimé davantage s'il avait eu la délicatesse de ne pas me réciter une leçon poussive à la fin : nous sommes en littérature, pas dans un manuel de bien-être pour ados à problèmes. Si l'histoire est bien racontée (et elle l'est), la leçon est superflue, car je comprends toute seule comme une grande, et, mieux encore, je tire mes propres conclusions. Si tu me tends une grande cuillérée de messages à retenir en me demandant d'ouvrir la bouche, j'ai l'impression d'avoir 3 ans - et je risque de faire un caca nerveux et de te remaquiller avec.
- La Cité des Trois Saints, de Stefan Nardella et Vincenzo Bizzarri (Sarbacane, 2017)
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MEH (2)
Deux lectures m'ont mi figue-mi ereintée :
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- J'ai aimé la chronique fascinée et émouvante du dernier album (posthume) de Jirô Taniguchi, La Forêt Millénaire, par La Luciole, sur le blog D'Encre Et De Rêve. Son texte est un bel hommage à l'auteur à mes yeux car je l'ai traversé comme une balade, le cœur léger et serré à la fois, jolie mise en abyme du propos de l'album.
- J'ai découvert le blog brillant, pointu, passionné et marrant de La Licorne à Lunettes, que je vous invite à découvrir à l'occasion de sa longue et géniale interview d'Émilie Chazerand, dont elle a aussi chroniqué le roman La Fourmi Rouge - dont je vous ai parlé une fois ou deux ou huit, je crois ?
- Enfin, j'ai trouvé très intéressant de me promener au gré des diverses réponses et réactions qu'a entraîné le projet de Pikobooks, " La rentrée littéraire du net ". Le but (je vous brosse les grandes lignes) : évoquer notre relation à la rentrée littéraire et, surtout, parler de petites perles moins évidentes, plus discrètes, que les 15 titres obvious dont les grands médias nous gavent inévitablement.
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Vous êtes au courant qu'un nouveau, grandiose, formidable, Prix de Littérature Jeunesse (avec des majuscules partout, oui), vient d'être lancé ? Il s'appelle le , et entend valoriser la littérature jeunesse en lui offrant une visibilité similaire à celle du Goncourt pour la littérature générale.
Si vous n'êtes pas au courant, c'est normal, aucun grand média n'en parle.
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4) HAPPY NOMBRIL
Expression volée à Lola de L'horizon des mots
Ce mois-ci, bien que cela ne se voie pas du tout, j'ai beaucoup travaillé pour le blog. MAH OUI MADAME. J'ai commencé à travaillé avec deux nouvelles chroniqueuses sur leurs premiers articles respectifs pour Allez Vous Faire Lire, et bien que ça me demande une gymnastique mentale de dingo, c'est un très excitant : on fait de multiples allers-retours sur le texte, le fond, la forme, le ton ; on sort le scalpel et on taille le diamant charbonneux pour en faire un beau bijou - afin d'en être toutes, lors de la publication, fières comme des papou.
Par ailleurs, j'ai beaucoup d'articles en cours, depuis août, qui s'augmentent et s'amputent tout seuls d'un jour sur l'autre tels de dangereux maniaques autophages.
- Le Prix Vendredi, le Goncourt de la jeunesse - et tout le monde s'en fout
- La rentrée littéraire du net (#RLN2017)
- Des livres gays plutôt gais, ou inversement
- La Voix des Blogueurs - La sélection jeunesse 2017 !
- Pourquoi la mode de la littérature érotique est toute pourrite
Qui sont tous entamés, mais sortiront quand ils sortiront. Je décède tranquillement de mon mois de septembre, et je vous redirai.
" Tu m'as oubliée ! "D'ici là, bonne lecture !
Les formidables, délicieux, éplapourdissants " C'est le 1er " d'octobre qui, eux, étaient à l'heure :
Comme d'hab, si je vous ai oublié(e), laissez-moi un petit cri plaintif dans les commentaires tel un animal mignon abandonné.